Candidate aux côtés de quatre autres concurrents, la société spécialisée dans les métiers portuaires ne figure pas sur la liste des trois derniers candidats appelés et retenus. Marsa Maroc n'exploitera pas le terminal polyvalent du port en eaux profondes de Kribi sur le littoral atlantique camerounais. En effet, l'entreprise marocaine ne figure pas sur la liste des trois candidats préqualifiés, dont la liste a été publiée le 5 novembre dernier par le premier ministre Philémon Yang. Cette liste compte trois noms classés par ordre de mérite, à savoir APM Terminals BV (Pays- Bas), International container Terminal Services INC (Philippines) et le groupement Necotrans/KPMO (Cameroun). Ainsi, parmi les cinq candidats qui avaient été retenus à l'issue de l'appel à manifestation d'intérêt, deux ont été recalés. Outre Marsa Maroc, il y a le groupement Sea Invest/CLGG (France). Phase 2 L'information lue sur les antennes de la radio publique camerounaise ne fournit aucune précision sur la manière dont la sélection s'est effectuée, mais l'on se souvient qu'au moment du lancement de l'appel d'offres au mois de mai 2014, le Comité de pilotage et de suivi de la réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi (COPIL-CIPK) précisait que le processus de sélection du partenaire privé devait se dérouler en deux étapes. La première était l'évaluation des dossiers d'appel d'offres par une Commission spéciale constituée par le premier ministre. Au terme de cette évaluation, trois entreprises au maximum devaient être retenues. C'est cette première étape qui vient d'être bouclée et les trois entreprises retenues vont à présent participer à la deuxième et dernière phase. Laquelle consiste en un dialogue de pré-qualification qui fournira à chaque candidat retenu davantage d'éléments pour consolider son offre finale. «Sur la base des offres finales, indique l'avis d'appel d'offres, la commission spéciale établira le classement permettant de désigner l'adjudicataire provisoire qui sera appelé à négocier avec le partenaire public les termes du contrat de partenariat». Préférence nationale ? Depuis le lancement de l'appel d'offres en question, une organisation de la société civile, en l'occurrence l'ADISI (Association pour le développement intégré et la solidarité internationale), avait fait un plaidoyer pour que la gestion de ce terminal soit confiée à une société camerounaise. «Le Cameroun dispose de l'expertise avérée avec des entreprises qui exercent au port de Douala depuis une trentaine d'années pour certaines. Ces entreprises camerounaises ne demandent qu'à bénéficier de la même attention et confiance que les multinationales», soutenait l'association. Ces arguments ont-ils influencé le choix de la commission spéciale ? Toujours est-il que parmi les trois pré-qualifiés figure bien KPMO (associé à Nécotrans), une association de neuf sociétés camerounaises de manutention qui revendiquent jusqu'à 75% du traitement des marchandises au port fluvial de Douala qui, en attendant l'entrée en vigueur du port en eaux profondes de Kribi, demeure de très loin la principale porte d'entrée et de sortie du Cameroun. Suppléer Douala Les choses bougent aussi du côté du terminal à conteneurs du port en eaux profondes de Kribi. Ici, le premier ministre camerounais a publié le 31 octobre dernier la liste des trois entreprises pré-qualifiées. Il s'agit notamment de China Harbour Engineering Company (CHEC), l'entreprise chinoise qui a construit le terminal en question : APM Terminals BV, en lice aussi pour le terminal polyvalent et d'un consortium conduit par le Français Bolloré Africa Logistics, déjà concessionnaire du terminal à conteneurs du port autonome de Douala. À présent, il ne reste plus qu'à attendre pour savoir quelles sociétés seront finalement retenues pour exploiter ces deux terminaux du futur plus important port du Cameroun. Annoncé pour entrer en service en juin 2014, le port en eaux profondes de Kribi n'est toujours pas opérationnel. Une fois qu'il le sera, il suppléera, avec ses 16 à 17 mètres de profondeur, le port fluvial de Douala construit sur le fleuve Wouri dont l'ensablement permanent limite la profondeur maximale à 7 ou 8 mètres et empêche l'accès des bateaux à fort tirant d'eau. Billet Etonnante communication Est-il rationnel de se réjouir d'avoir fait des économies sur un budget alors que les projets retenus pour être financés par ce budget ne sont pas réalisés ? C'est la question que suscite une récente sortie du ministre camerounais des marchés publics. Abba Sadou, puisqu'il faut l'appeler par son nom, a publié le 27 octobre un communiqué dans lequel il se réjouit des économies budgétaires réalisées par son département ministériel sur le budget d'investissement public pour le compte de l'année 2014. On y apprend que jusqu'à fin septembre, ces économies se chiffraient à 6 milliards de FCFA, soit 12 millions de dollars. Il semble pourtant qu'il n'y ait pas lieu de célébrer cette nouvelle. Tout simplement parce que le budget d'investissement public est voté par le Parlement pour être utilisé dans la construction d'écoles ou d'hôpitaux, la réfection de routes, l'adduction d'eau dans certaines localités ou encore l'électrification de certains villages. Or, le communiqué indique qu'au 30 septembre 2014, le taux de réalisation des projets est à peine de 36% en moyenne. Avec seulement deux provinces sur 10 qui ont pu atteindre 50% de taux de réalisation. Cette communication du ministre des Marchés publics est d'autant plus étonnante qu'il ne fait aucun doute que le plus important est de réaliser les chantiers prévus et non de faire des économies sur le montant alloué. Thierry Ekouti, Dir. pub - Le Quotidien de l'Economie (Cameroun)