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Les coulisses de l'âge d'or avec Mahmoud El Idrissi
Publié dans Les ECO le 06 - 02 - 2015

S'asseoir une heure avec les anciens et se sentir grandi, c'est ce qui s'est passé une après-midi de février, quand Mahmoud El Idrissi revient sur la belle époque de la musique marocaine. L'éternel optimiste et auteur de «Sa3a sa3ida» se confie et se souvient avec nostalgie de ces années-là... Retour sur les coulisses de l'âge d'or de la musique marocaine et son déclin.
Telle une encyclopédie vivante, Mahmoud El Idrissi prend place avec la bonne humeur qu'on lui connaît et revient, avec humilité, sur cette époque où seul l'amour de la musique comptait avec des jolis mots, ceux qu'on utilisait avant, quand on savait dire les choses de la plus belle des façons. Le chanteur et compositeur faisait partie de cette «clique» des années 70 qui a fait la grandeur de la musique marocaine. En effet, inspiré du classique et de la musique orientale, influencée par Oum Kalthoum et Mohamed Abdelwahab, la musique moderne marocaine que l'on a vue naître dans les années 60 est un parfait mélange des mélodies arabes auxquelles on a su incorporer des sons marocains et des paroles en arabe dialectale. Une ère unique où on ne copiait pas mais bien au contraire, on en exportait pas mal et on était admiré par le monde.
Que s'est-il passé pour que les années glorieuses deviennent... laborieuses ?
Les 30 glorieuses
Epoque d'insouciance et d'ouverture malgré tout ce que l'on pourrait croire, les années 60 commencent par une vague musicale des plus agréables pour les Marocains. Belles mélodies, grands orchestres, grandes voix et beaux textes, les Marocains ont leur Abdelhalim Hafez, Oum Kalthoum et Farid Al Atrache. Ils ont même des Rolling Stones et des Beatles. «La période que l'on a vécue est unique et je doute que l'on revive cela un jour. Il n'y a pas de retour en arrière possible. À notre époque, il y avait l'Orchestre national de la RTM en pleine chaîne de télévision. Tous les groupes venaient enregistrer là-bas, c'était le fief de tous les musiciens. Nous avions donc à notre disposition un studio au niveau de la chaîne nationale», confie Mahmoud El Idrissi. «Chaque musicien venait proposer une chanson, il y avait une émulation entre nous; donc forcément on travaillait beaucoup pour proposer de l'excellence à chaque fois. Il n'y a pas de place pour l'improvisation ou le va-vite», continue le musicien qui se souvient d'une période où la qualité était une vertu et où l'on prenait le temps de bien faire les choses. À cette époque, les paroles des chansons étaient primordiales et avaient un poids et une importance capitale. Il fallait que ce soit plein de sens et avec un niveau poétique élevé. «Nous avions un jury d'ailleurs qui passait les paroles de chaque chanson au peigne fin. La chanson marocaine était contrôlée et encadrée». Un système de contrôle qui ne laissait aucune chance à la médiocrité ou à des paroles comme celles que l'on pourrait avoir aujourd'hui. Il évoque d'ailleurs l'industrie de la musique «châabi» d'aujourd'hui, tout l'argent qu'elle engendre mais à quel prix ? «Les années 70 étaient les années du renouveau. La RTM ouvrait ses portes aux jeunes artistes pour pouvoir s'exprimer. Toute une jeune génération pouvait se rassembler et échanger les idées pour créer chacun son style. De cette époque sont sortis les grands noms de notre pays : Abdelhadi Belkhayat, Naima Samih, feu Mohamed El Hayani, Aziza Jalal, Samira Bensaid, Toulati Amanna, Ghita Benabdeslam, etc... et une grande panoplie de compositeurs, comme Mohamed Ben Abdeslam, Oustad Rachidi, Hassan Kadmiri, qui ont honoré notre pays et au- delà de notre pays, la chanson marocaine classique», rappelle Sanaa Kadmiri, journaliste et chanteuse. Des gens imprégnés, passionnés qui donnaient tout mais recevaient-ils autant ? «Nous n'avions pas de moyens. Notre seule arme était l'amour de la musique. Nous ne voulions pas en vivre ou devenir riche mais nous faisions de la musique pour faire de la musique. J'ai vécu de la musique avec des rentrées d'argent très limitées. On allait jouer souvent gratuitement pour faire passer un message, le message de la musique. Aujourd'hui, nous sommes dans une ère capitaliste où tout se fait avec l'argent et pour l'argent», se souvient celui qui a été pris sous les ailes de Abdenbi Jirari. Il compare aujourd'hui à un passé plus romantique peut-être mais trop tôt freiné par des réalités économiques et capitalistes justement...
RIP la chanson marocaine
Le déclin de la chanson marocaine commence à se faire sentir à la fin des années 80. En effet, un paramètre important revient souvent dans les témoignages des concernés. La chanson marocaine aurait pris un sale coup lorsque la première chaîne nationale s'est transformée en entreprise. «Nous étions parrainés par la chaîne de télévision nationale. Nous enregistrions, répétions, nous nous regroupions là-bas pour faire de la musique. Du jour au lendemain, on change tout, on met dehors les orchestres de la chaîne, on commence à penser profit», se souvient Mahmoud El Idrissi. Une catastrophe pour tous ces musiciens qui se voient chassés de «leur maison du jour au lendemain. Dans les coulisses on nous révèle que c'était sous les ordres de Driss Bassri qui voyait que la culture prenait trop d'ampleur et que les musiciens étaient trop proches et trop aimés par le roi». Interprétations hâtives et naïves ou réalité, le fait est que le capitalisme a eu raison de la culture. Le chanteur se souvient que les acteurs culturels de l'époque avaient été reçus par le premier ministre de l'époque, Driss Jettou, qui promettait que les choses ne changeraient pas pour eux. «Nous
sentions que les choses ne redeviendraient plus comme avant. Je me souviens de la réaction spontanée et courageuse de l'actrice Amina Rachid qui a dit au premier ministre que tout ceci était du n'importe quoi et qu'une chaîne ne pouvait pas devenir une entreprise», se souvient celui qui a donné naissance à une des plus belles chansons marocaines.
À la bonne heure...
C'est dans un train en partance pour Saidia où le musicien était sollicité pour un festival, que la chanson «Sa3a sa3ida» est née. «J'étais avec l'auteur de la chanson, dans le train de nuit pour Oujda, le défunt et docteur, Mustapha Baghdad», se souvient avec nostalgie Mahmoud El Idrissi. «Nous étions heureux et excités à l'idée d'aller à Saidia et participer à ce festival. Mustapha me parlait de ô combien il était heureux et que c'était un moment «mabrouk» et il prononce le titre magique de cette chanson». C'est là que le musicien se sent inspiré par ces doux mots et décide d'en faire une chanson heureuse pour changer de ce qui s'écoute et des complaintes sociales. «Je propose donc à mon ami d'écrire des paroles autour de cette idée, ce que je ne savais pas c'est qu'elle allait s'écrire une demi-heure plus tard», sourit le chanteur qui crée une chanson éternelle le temps d'un trajet et d'un séjour à Saidia. En effet Mahmoud El Idrissi s'empare de son «oud» et commence à murmurer un air, ce sera l'air de «Sa3a sa3ida»... Aujourd'hui Mahmoud El Idrissi continue son combat pour la musique marocaine. Il est secrétaire général du Syndicat libre des musiciens marocains, fondé depuis 1965 par, entre autres, Mohammed Ben Abdeslam, Abdelouhab Doukkali, Abdelkader Wahbi, Hassan Moufti et Fatha Allah Lamghari. Le syndicat récidive avec le Festival de la musique marocaine et arabe pour lui rendre sa vraie valeur. «Ce n'est pas seulement le problème de la chanson marocaine. La chanson arabe n'existe plus». Sous les précieux conseils de Radouane Himdi, militant pour la culture et ami de Mahmoud EL Idrissi, le syndicat s'apprête à proposer un «Itunes» marocain pour exporter la chanson marocaine, qu'elle s'écoute dans le monde entier avec un système de traduction élaboré, le tout pour que l'artiste marocain vive de son art. «Il s'agit de rendre sa valeur à la musique marocaine, de lui donner tout le respect d'antan qu'elle mérite» explique Radouane Himdi. En attendant des jours plus heureux pour la chanson marocaine, place à la nostalgie d'antan et à l'espoir que la relève honore cet héritage et en fasse quelque chose...


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