Mehdi Tazi Président-directeur général de Saham Assurance Les ECO : Quels sont les défis auxquels doit aujourd'hui faire face le secteur des assurances au Maroc ? Mehdi Tazi : Les défis du secteur sont nombreux, notamment au niveau de la croissance du marché. Il y a également des défis qui se présentent, du côté de la rentabilisation de nos circuits de distribution. Nous avons des défis qui concernent l'amélioration de la qualité de nos portefeuilles financiers. Des défis sont également à relever au niveau de l'amélioration de la qualité de notre portefeuille technique. Les défis sont certes nombreux, mais ils restent maîtrisables. Qu'en est-il du contrat-programme du secteur des assurances ? Concernant le contrat-programme, il y a des choses qui ont avancé et d'autres qui, je dirai, ont moins avancé que prévu. Nous avons eu une certaine amélioration au niveau des canaux de distribution. Des assurances notamment sur l'immobilier sont devenues, pour certains, obligatoires. Il s'agit là aussi d'un sujet qui a avancé. D'autres projets enregistrent un certain retard au niveau de leur adoption, comme par exemple celui de rendre les assurances multirisques habitations obligatoires. Nous pensons, en effet, qu'elles devraient être obligatoires, ce qui n'est toujours pas le cas. Quelles sont, selon vous, les perspectives du secteur ? Sur le plan assuranciel, nous voyons des débuts de relance de l'économie, et nous pensons que l'assurance va croître à un rythme supérieur à celui du PIB. Et quand l'assurance croît plus vite que le PIB, le taux de pénétration de l'assurance dans le PIB augmente. Le taux de pénétration était de 3,14% du PIB auparavant. Il devrait logiquement augmenter vu que le secteur l'assurance croît de 5% quand le PIB croît d'un peu moins de 3%. Sur le plan de la qualité des contrats d'assurance, le marché réalise un bel assainissement depuis maintenant 2 ans. Nous avons désormais une qualité de portefeuille pour la globalité des compagnies d'assurances qui continue de s'améliorer. De ce fait, nous pensons que le résultat technique des compagnies a été bon en 2014 et qu'il sera meilleur en 2015. S'agissant de la partie financière, je considère que nous avons aujourd'hui une certaine aisance, en termes de liquidités, sur les marchés. Bank Al-Maghrib a baissé le taux directeur à 2,5%. À ce niveau de taux, les opportunités d'investissement sur les marchés obligataires sont assez faibles, ce qui va engendrer une problématique pour les compagnies d'assurances, notamment pour celles qui sont bien positionnées sur l'assurance-vie. Il est donc possible que cette surliquidité ainsi que le manque d'opportunité sur le marché obligataire boostent les marchés actions. Toujours est-il que nous pensons que le marché financier sera raisonnablement bon cette année. Concrètement, comment les compagnies d'assurances peuvent-elles assurer leur pérennité ? Pour assurer leur pérennité, les compagnies d'assurances doivent simplement faire leur travail en commençant par nettoyer leurs portefeuilles. Il faut qu'elles aient des portefeuilles clients qui soient sains. Aussi, il faut que leurs tarifs soient bien étudiés. Il est très important de déterminer le bon niveau de tarifs, surtout que cette notion de «tarif» est primordiale pour les Marocains. De même, les assurances doivent travailler sur le recouvrement de leurs primes pour avoir des portefeuilles d'investissements sages. Je pense que le marché assuranciel travaille déjà sur ces points-là. Comment le marché est-il réparti entre les différentes compagnies ? Sur la partie non-vie, sur laquelle Saham Assurance est notamment positionnée, nous sommes les leaders avec une part de marché se situant au-dessus de 20%. Wafa Assurance nous talonne, et est suivie par Atlanta et Sanad. Grosso modo, il existe 6 grandes compagnies qui sont importantes avec un niveau de primes autour de 3 MMDH, à savoir Axa Assurance, Wafa Assurance, RMA, Saham, Sanad et Atlanta. Je précise que ce sont les produits d'assurance liés à l'automobile et, de plus en plus, ceux liés à la santé qui attirent la plus grande part de la clientèle, plus précisément des particuliers.