Tawfik Benjelloun Directeur général adjoint de Wafa Assurance Les ECO : Vous avez récemment publié vos résultats financiers. Qu'est-ce qui explique que les plus-values latentes ont été préservées mais aussi le fait que Wafa Assurance compte distribuer un dividende exceptionnel important (142 DH par action) ? Tawfik Benjelloun : Tout d'abord, si nous ne distribuons pas de dividendes, les fonds propres ainsi que la marge de solvabilité augmentent. Aujourd'hui, nous sommes à 3 ou 4 fois les niveaux réglementaires des fonds propres. Il y a donc une extrême capacité de la compagnie d'assurance à faire face à ses engagements. Le Conseil d'administration, en particulier l'actionnaire de référence a souhaité ajouter ce dividende exceptionnel parce qu'il s'agit d'une bonne année pour Wafa Assurance et les niveaux des fonds propres sont importants. Il n'y avait donc pas de raison de ne pas en faire profiter les actionnaires. S'agissant des plus values latentes, c'est une richesse qui est là et qu'il faut gérer dans le temps. Un niveau rendement d'actif de 5,6% est déjà très bon, seulement aujourd'hui, il y a une reprise de la croissance du marché actions. Il n'y a donc aucune raison d'aller chercher dans l'immédiat un supplément de rendement, surtout que nous avons des résultats qui se portent globalement bien. Nos préservons donc cette richesse pour l'avenir. C'est un arbitrage que nous avons fait. Nous vivons dans un environnement volatil au niveau mondial et cela demande de la prudence. Les marchés des capitaux ont connu, cette année, pas mal d'évolutions. Avez-vous opéré des ajustements au niveau de votre portefeuille pour accompagner ces changements et comment ce dernier est-il structuré ? S'agissant de l'activité de marchés, nous avons un portefeuille Vie à prédominance obligataire parce que nous garantissons un minimum de capital à nos assurés. Il ne faut pas que nous nous exposions outre mesure à des actifs qui peuvent être rentables, mais représentent un risque élevé. Cela fait que la structure du portefeuille ne bouge pas de manière importante, mais nous faisons quelques ajustements. Mécaniquement, la baisse des taux obligataires depuis 2014 a fait que notre portefeuille obligataire s'est valorisé. Donc, il y a eu des avantages du fait que cette structure qui est restée telle qu'elle est. Nous n'avons pas cherché à réduire l'exposition obligataire car le rendement est là. De son côté, le marché actions commence à prendre des couleurs. Si nous avions conservé nos positions quand les temps étaient durs, ce n'est pas pour les céder maintenant. Pour le Non Vie, l'exposition est plus forte en actions. Elle est restée également inchangée. Dans le détail, le portefeuille Vie est constitué à 80% par de l'obligataire. Quant au portefeuille Non Vie, il est investi à 50% dans le marché actions. Comment pensez-vous que le secteur a globalement clôturé l'année 2014 ? Nous avons une première indication qui est la publication des chiffres semestriels au 30 juin 2014, avec une croissance du marché de 6%. Je pense qu'on est parti pour enregistrer une bonne progression annuelle en 2014. En particulier, l'assurance Vie se présente sous de meilleurs auspices qu'en 2013. Il s'agira donc d'une bonne progression annuelle. Cela est bien évidemment à confirmer par les chiffres. Selon vous, le taux de pénétration a-t-il également progressé en 2014 ? Nous commençons à peine à avoir quelques indicateurs. Il est vrai que le PIB du Maroc devrait croître moins vite qu'en 2013, autour de 3,5%, en incluant la composante agricole, qui est en baisse. Si l'hypothèse d'une progression du secteur de l'assurance de 6% se confirme pour toute l'année 2014, on serait alors dans une situation ou le taux de pénétration se serait amélioré. On parle de relance économique en 2015. Comment cela devrait-il être impacté sur le marché de l'assurance ? Clairement pour l'activité entreprise, qui est très liée à l'activité économique, elle devrait être positivement impactée s'il y a une amélioration au niveau de l'activité économique. Je souligne que Wafa Assurance est leader sur le marché de l'entreprise. Nous sommes perçus comme tel par les entreprises et par le grand courtage. L'entreprise représente un tiers de l'activité de l'assurance sur le marché. C'est un gros morceau qui est équivalent à celui de l'automobile. Pour le reste à savoir l'assurance Vie, nous avons deux composantes. Tout d'abord, l'épargne est plutôt liée à la liquidité dans le système bancaire. Je pense que les niveaux de taux actuels indiquent un maintien d'une liquidité forte sur le marché, en tout cas meilleure qu'en 2013. L'épargne devrait donc tirer son épingle du jeu. Le décès est, pour sa part, lié en grande partie au développement des crédits. S'il y a un développement du crédit, on va donc aussi le ressentir sur l'assurance décès. l