Ghizlaine Taibi n'est pas qu'une brillante journaliste à 2M : elle est également artiste peintre, et pense de plus en plus à s'adonner à sa passion de façon plus professionnelle. Ghizlaine Taibi Journaliste-peintre Les ECO : Vous êtes plutôt connue comme journaliste. Depuis quand vous intéressez-vous à l'art ? Ghizlaine Taibi : Je me suis toujours intéressée à l'art pictural sur tous les subjectiles, et ce depuis sa genèse, de la peinture pariétale comme celle de la grotte de Chauvet à la peinture de la nouvelle figuration en passant par le maniérisme, le rococo et l'impressionisme. Il s'agit d'une connaissance livresque accumulée au fil de mes lectures et de mes visites dans les musées à travers le monde. Chez moi, j'ai des reproductions de plusieurs grands peintres comme Raphael, Murillo ou Rubens.Quand à mon «passage à l'acte», celui-ci s'est fait de manière soudaine. C'est au cours d'un voyage en Bosnie-Herzégovine que j'ai eu le déclic. Les roses de Sarajevo ont été mon fil d'Ariane. En marchant dans les rues de cette ville qui porte encore les stigmates de la guerre, on croise d'étranges tâches rouges et rose sur le bitume. Des artistes ont mis de la peinture sur les impacts des mortiers. Le résultat est époustouflant et très symbolique. J'ai compris qu'avec un simple geste artistique, par le biais de l'art conceptuel dans ce cas précis, on peut transformer les tristes réminiscences d'une guerre en un message d'espoir et de pardon. C'est à ce moment-là que je me suis dit que dès que j'allais rentrer au Maroc, j'allais me mettre à la peinture. Certes, je n'ai jamais reçu de formation académique dans cette discipline, mais je me disais que cela n'allait pas me décourager et que je pourrais moi aussi m'exprimer à travers la peinture. Qu'est-ce qui vous inspire,en dehors de vos voyages de par le monde ? En effet, mes voyages m'inspirent beaucoup. Je puise mon inspiration dans les toiles surréalistes de De Chirico, Magritte ou Dali, J'adore leurs univers oniriques et fantasques, cette suprématie du «ça», quand on libère ses élans artistiques sans se soucier d'un «surmoi» insidieux qui entrave la création. J'aime aussi utiliser les formes géométriques comme Malevitch ou Picasso. J'emprunte les pigments vifs et crus de Chagall et des fauvistes. D'ailleurs, mes parents, qui sont férus de décoration et de jardinage, m'aident dans le choix des couleurs ou attirent mon attention sur les incongruités chromatiques dans certaines toiles. En moins d'un mois, j'ai peint une dizaine de tableaux. C'était une belle catharsis. Dans quelques-unes, il y a une touche patente d'expressionisme abstrait.Dans d'autres, l'on peut lire des messages de paix et de tolérance. D'autres toiles encore expriment l'angoisse de l'homme contemporain et un désenchantement face a un monde en proie aux conflits sanglants et à l'intolérance. Comptez-vous entamer une carrière professionnelle d'artiste peintre ? Non, cela serait très prétentieux de ma part. La peinture restera pour moi un violon d'Ingres. Mon objectif est d'arriver un jour à faire de beaux clair-obscur comme le Caravage. Le ténébrisme dans les toiles d'El Greco, de Tintoret ou de Zurbaran me laisse sans voix. J'ai aussi très envie d'essayer reproduire des toiles des épisodes bibliques pour illustrer l'essai sur la théologie que je suis en train d'écrire. À quand votre première exposition ? C'est un peu prématuré d'en parler maintenant, mais j'y pense sérieusement. Je dois d'abord choisir un courant de peinture et améliorer mon coup de pinceau. Je suis en ce moment tiraillée entre plusieurs écoles picturales. Pour le choix du thème, c'est déjà fait : ce sera la tolérance.