Ouverte à tous les secteurs d'activité, la BERD veut développer le créneau des entreprises industrielles à travers un programme dédié bénéficiant d'une expertise nationale et internationale de haut calibre. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ne ménage pas ses efforts pour proposer de nouveaux programmes au Maroc dédiés à l'appui aux petites et moyennes entreprises. En effet, plusieurs projets ambitieux sont en cours de lancement. Il s'agit notamment d'un projet spécifique pour le secteur de l'automobile. La BERD envisage également de lancer, dans un an au plus tard, un fonds d'investissement dédié à la phase de création d'entreprise. Des discussions sont aussi menées concernant la mise en place de programmes de financement islamique. Par ailleurs, la Banque européenne concentre sa mission dans l'assistance technique des PME en leur offrant des subventions relatives au consulting stratégique susceptible de développer les opportunités d'affaires en adoptant le mécanisme du coût partagé (cost-sharing). «Toutes les missions que nous menons sont spécifiques à chaque entreprise. Nous apportons des solutions sur mesure sous les standards de la BERD. Au-delà du conseil, nous nous déplaçons pratiquement tous les 3 ans pour vérifier l'impact de l'opération sur les résultats de l'entreprise partenaire», précise Rachid El Amrani, directeur du programme national et des services conseil de la BERD. Pour mener à bien sa mission, la banque européenne dispose de 150 cabinets de conseil et de 800 experts individuels. Et pour plus de performance, elle tient à renforcer la capacité des consultants locaux à travers des actions de formation animées par des experts internationaux. De ce fait, trois séminaires sont programmés tout au long de cette année, lesquels portent sur le consulting, le project management des cabinets de conseil ainsi que sur la manière de les marketer. Pour El Amrani, la finalité est de montrer aux PME marocaines que la bonne consultance représente un investissement qui rapporte. Ainsi, pour bénéficier de la subvention de la BERD en termes de consultance, la banque a établi une liste des critères d'éligibilité. En effet, toute PME intéressée doit disposer de 250 employés. L'entreprise doit également pouvoir justifier de deux exercices comptables. L'actionnariat devrait être majoritairement local. La PME devrait aussi disposer d'un potentiel de croissance avec un réel besoin en matière de conseil. Pour ce programme de consultance locale, la banque européenne peut supporter entre 25 et 75% du coût global de la mission. Ceci dit, malgré son ouverture à tous les domaines d'activités, la BERD reste sceptique et refuse des dossiers qui émanent de PME qui opèrent dans des secteurs tels que les boissons alcoolisées, le tabac. Elle refuse également de collaborer avec toute entreprise qui investit dans des produits importés susceptibles de concurrencer la production locale. Les entreprises gérées par des politiciens, des ministres ou des députés figurent également sur la liste noire de la BERD. En outre, la banque européenne accorde une réduction supplémentaire de la subvention allant de 5 à 10% pour les entreprises constituées par des femmes. Dans ce programme d'appui, les industries ne sont pas en reste. En effet, la BERD a concocté un programme dédié à l'expertise industrielle internationale. Cette assistance donne accès à des compétences de gestion adaptées à chaque activité grâce aux services de conseil de responsables d'entreprises expérimentés. D'ailleurs, la banque européenne est intransigeante sur l'expérience du consultant qui doit bénéficier d'un minimum de 15 ans d'expérience sectorielle. Ce programme coûte 60.000 euros et la subvention peut couvrir entre 80 et 90% du montant global. Autre particularité, l'industriel dispose du choix du consultant à condition qu'il réponde aux normes exigées. De même l'internationalisation des consultants est une option envisageable par la BERD, il suffit de se référencer auprès de la banque. À travers ces programmes, la banque européenne a constaté un impact satisfaisant sur la rentabilité des entreprises partenaires. En effet, les statistiques ont montré que la valeur des entreprises augmente en moyenne de 50,4%. En termes de réalisation, à fin 2014, la BERD a financé près de 17 projets d'investissements et 135 projets d'assistance technique jusqu'au 10 mars 2015, pour un financement global de 3.890 millions d'euros dans différents secteurs et c'est l'agroalimentaire qui s'accapare la part du lion avec 20% du budget alloué. Concernant les entreprises partenaires, 30% sont concentrées sur l'axe Casablanca/Rabat. De ce fait, la banque européenne a l'ambition de toucher toutes les régions. Ainsi, l'ouverture d'un bureau régional basé à Tanger est en cours de réflexion. Quant au financement de la subvention, elle s'effectue sur une durée de 3 semaines. Un travail rigoureux est mené dans le but de réduire la durée les délais de remboursement. Dans un autre registre, afin d'élargir son champ d'investigation en termes de secteur d'activité, la banque européenne envisage de lancer des fonds par secteur tel que le tourisme, qui est aujourd'hui le parent pauvre des subventions de la BERD.