La banque vient de lancer ses activités de conseil aux PME, avec pour objectif la valorisation des services de conseil. Le directeur de l'ANPME souligne les enjeux à développer pour mettre en place une industrie de consultance. Pour la BERD, les conseils en matière de conduite des affaires et les connaissances spécifiques aux industries participent à rendre les entreprises commercialement viables, prospères et résistantes. En activité au Maroc depuis deux années, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) vient de lancer officiellement ses activités de conseil aux petites et moyennes entreprises du Maroc. Lancée en 2014 dans 25 pays, la campagne de communication know-how «vise à transformer la façon dont les entreprises valorisent les services de conseil». Et le potentiel est bel et bien existant comme le souligne Larbi Ben Rezouk, directeur de l'ANPME ayant pris part à la cérémonie de lancement, puisque le budget alloué à la consultance a atteint 150 MDH pour 1.000 entreprises conseillées par 350 bureaux d'études qui constituent actuellement le réseau de l'ANMPE. Le haut responsable a relevé qu'avec le temps le comportement d'achat de services par les PME est devenu plus important témoignant du capital de confiance installé. «Cela tient à deux éléments : une meilleure visibilité du marché et une procédure plus adaptée pour la mobilisation de la consultance», soutient le directeur de l'ANPME qui estime qu'il existe deux enjeux majeurs qui influenceront le développement de la consultance. D'abord, une forte polarisation de la demande, plus spécialisée pour les entreprises et plutôt standard pour les PME ; puis quel businessmodèl à développer pour le conseil, notamment vers plus de spécialisation et de diversification de profils. Des enjeux qui détermineraient quel développement pour une industrie de consultance à part entière. Pour sa part, la présidente de la CGEM, Miriem Bensaleh, a salué les efforts de la Small business support, unité constituée d'experts de la BERD, pour ses efforts de soutien aux PME. Elle a rappelé par ailleurs que ces dernières représentaient 92% des membres de la confédération qu'elle préside. Elle a également pointé du doigt un réel problème que rencontrent les PME, à savoir une multitude d'outils de financement mais restent inaccessibles. Si la BERD constitue à ce jour l'assistance la plus importante apportée aux PME, de l'aveu de la CGEM, Miriem Bensaleh a appelé de ses voeux que les régions soient également prises en considération pour un service de proximité. La BERD rassure puisque 46% de ses projets sont dans les régions en dehors de l'axe Casablanca-Rabat et profitent d'une rallonge de 10 à 15%. La présidente de la CGEM, profitant de la présence de banquiers et autres partenaires, a également appelé à la facilitation financements innovants notamment le capital risque mais aussi à faire plus confiance aux jeunes porteurs d'idées. Il est d'ailleurs important de rappeler dans ce sens l'important apport de la BERD à la PME marocaine. En effet, par le biais des financements de l'Union européenne, du compte multidonateur de la BERD pour la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (région SEMED) et du compte du fonds de coopération pour la région SEMED, la BERD a aidé pas moins de 110 entreprises marocaines à accéder à des conseils sur la conduite des affaires depuis la fin de l'année 2012 grâce à son réseau de 150 cabinets de conseil. Un réseau qui a assuré du conseil dans différents domaines, notamment la gestion de l'environnement, la stratégie, l'organisation, le marketing et l'export. La banque a pu ainsi lever près de 2,1 millions d'euros en soutien des donateurs et 485.000 euros en contribution de ses clients pour atteindre cette performance. Vers une industrie de la consultance Si la PME occupe le coeur des priorités au sein de la CGEM, il en est de même pour l'UE et la BERD. En effet, Rupert Joy, l'Ambassadeur de l'Union européenne au Maroc, a rappelé que la PME occupait une place de choix dans l'agenda Maroc-UE ! «Créer de l'emploi et soutenir la compétitivité sont des piliers essentiels de l'ordre du jour de la coopération UE-Maroc. Les PME compétitives permettront au Maroc de profiter pleinement des possibilités offertes par l'Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA UE-Maroc), qui est en cours de négociation», déclare-t-il. Il rappelle d'ailleurs que l'UE a investi par moins de 20 millions d'euros pour faciliter l'installation de la BERD au Maroc et le démarrage de ses activités dans le Royaume. Ce type d'accord représente un vrai challenge pour les PME qui constituent plus de 90% du secteur privé, et qui «continuent de souffrir de leur accès insuffisant aux moyens de financement, de leurs compétences limitées dans le domaine de la gestion et de la faiblesse de leur productivité, qui entravent considérablement leur potentiel en matière de création d'emplois», estime-t-on. Dans ce sens, Laurent Chabrier, Directeur régional de la BERD au Maroc, a précisé que le développement du secteur privé grâce au soutien apporté aux PME est l'une des priorités de la BERD pour le Maroc. «Les PME constituent la colonne vertébrale d'une économie de marché dynamique, et améliorer l'accès au savoir-faire extérieur est important pour leur développement et leur croissance», explique-t-il. D'où le lancement de la campagne know-how qui accorde un intérêt bien particulier à l'activité de conseil apporté aux PME. La BERD soutient l'idée selon laquelle les conseils en matière de conduite des affaires et les connaissances spécifiques aux industries aident les entreprises à devenir commercialement viables, prospères et résistantes. «En travaillant avec des consultants locaux et des experts internationaux, la BERD rapproche les PME des compétences qui peuvent transformer leurs activités. Au Maroc, des experts internationaux et un groupe de 120 consultants locaux qualifiés respectant les normes industrielles les plus rigoureuses présentent des compétences et un savoir-faire qui aident les petites entreprises à innover, à attirer les investisseurs et à développer leurs connaissances», explique-t-on.