Depuis que l'autorité délégante a refusé l'accord de cession par le groupe français Veolia Environnement de ses activités à Actis, la situation est au point mort. Dernièrement, Redal a appris que certaines communes sont en train de délibérer au sujet du transfert du contrat de gestion déléguée au groupement Al Assima. De quelle manière les services d'eau et d'électricité seront-ils gérés à Rabat-Salé ? Depuis que l'autorité délégante a refusé l'accord de cession par le groupe français Veolia Environnement de ses activités au fonds britannique Actis, la situation est au point mort. En effet, aucune avancée n'a été enregistrée, bien que les communes se soient prononcées, il y a près de trois mois, en faveur du rachat du contrat. D'ailleurs, cette option n'a pas été notifiée officiellement à la société délégataire, Redal, selon les dires de son management. «Les communes ont délibéré, optant pour le refus d'Actis. En revanche, le rachat du contrat ne nous a pas été notifié formellement», a précisé le PDG de Redal, Bruno Collard, à l'occasion du point presse organisé jeudi dernier à Témara. Aujourd'hui, Redal demande à agir rapidement, maintenant que la page Actis est tournée. «Il est nécessaire de se mettre à table avec l'autorité délégante et la tutelle pour pérenniser le contrat. Nous sommes prêts à accompagner de nouveaux modèles de développement». En attendant de voir le bout de tunnel, Redal a choisi de poursuivre les services d'eau et d'électricité. Cette activité pourrait, d'après le management, être mise en péril du fait du déséquilibre économique du contrat. «Nous sommes dans une période d'incertitudes par rapport aux décisions qui devraient être prises par les autorités, mais il est urgent de discuter du problème de déséquilibre économique», a alerté Bruno Collard. Pour l'appréciation de ce déficit, Veolia a fait appel au groupe CFG qui a évalué ce déséquilibre à plus de 3 MMDH sur la période 2002-2013. «Le Conseil d'administration de Redal a décidé de diffuser le rapport de CFG, car il nous conforte dans notre décision. On va attendre quelques semaines pour en discuter avec l'autorité délégante et la tutelle», poursuit-il. Impayés de 500 MDH Si les autorités locales et la Cour des comptes affirment que Veolia n'a pas rempli toutes ses obligations contractuelles et qu'elle n'a pas réalisé tous les investissements prévus, celle-ci avance une autre version des faits. Selon le management, les investissements ne sont pas correctement valorisés. Il se targue d'une enveloppe de 41 MMDH investis sur la période 2002-2013, dont 76% engagés par le délégataire. «Redal est au-dessus des 75% d'investissements fixés dans le contrat. Nous sommes à près de 80%, et ce depuis que nous avons commencé notre activité en 2002. Les taux de dessertes en eau et en électricité en témoignent», précise Bruno Collard qui déplore les factures impayées des communes et des administrations. Les impayés dépassant aujourd'hui les 500 MDH, d'après le PDG de Redal, dont le chiffre d'affaires se chiffre à 3 MMDH. «Le contrat stipule que les délais de paiement sont de 10 jours. Aujourd'hui, ce délai est de 250 jours. Les communes paient en 10 mois. Ainsi notre trésorerie ressort, tous les mois, négative», se désole t-il. Ce n'est pas tout. Le PDG de Redal regrette également la non révision quinquennale du contrat. Le processus a certes démarré en 2007, mais il n'a pas abouti. Un point qui a d'ailleurs été soulevé par la Cour des comptes dans son dernier rapport. «Les réajustements périodiques des contrats de distribution, devant survenir tous les cinq ans, se transforment dans la pratique en révisions décennales, voire en négociations infructueuses, compromettant l'équilibre financier et économique de la gestion déléguée». La société se dit dans une situation déficitaire. Son management affirme qu'en 12 ans (2002-2013), le résultat net cumulé aurait été de 200 MDH contre 1,4 MMDH prévu initialement dans le contrat. Aujourd'hui, le management attend la réaction de l'autorité délégante et de la tutelle (ministère de l'Intérieur) pour être fixé sur le sort du contrat. Dans ce sillage, il convient de signaler que la Cour des comptes préconise, pour la distribution, un modèle institutionnel projeté consistant en la constitution d'un groupement d'agglomérations en tant qu'autorité délégante, ainsi que la création d'une société de patrimoine sous forme de société de développement local (SDL) où seraient logés les fonds de travaux, les budgets des services communaux de contrôle, les avoirs de l'autorité délégante ainsi que les actifs et patrimoine du service délégué. Il semblerait que les prémices d'un nouveau modèle de gouvernance du contrat se profile à l'horizon. Redal a été étonné d'apprendre que des communes sont en train de délibérer au sujet du transfert du contrat de gestion déléguée au groupement Al Assima, créé initialement en 2011 pour le transport.