Je suis sonné. Klaxonné, devrais-je dire, tellement les embouteillages sont à tous les croisements et à tous les virages. C'est vrai, nous sommes à un tournant décisif, et tout coup de frein spontané ou ordonné, ou toute accélération maladroite, vers la gauche ou vers la droite, peuvent nous envoyer dans le fossé, ou pire, chez les faussaires. Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un long discours. On vous en fait déjà assez depuis quelques jours, et vous en avez encore pour, au moins, une bonne semaine. Parce que, tel qu'ils sont partis, je ne crois pas qu'ils s'arrêteront de sitôt. Je ne sais pas pour vous, mais, moi, ils m'assomment. Pourtant, la politique, j'aime bien, la vraie, bien sûr, et même celle-là, je ne la supporte qu'à doses dosées. Je veux bien qu'on veuille nous expliquer tous les pourquoi des comment de tout ce qu'on veut, mais, là, vraiment, trop c'est trop. Ils ne se rendent pas compte que trop parler, et surtout pour dire, tous, plus ou moins la même chose, ça finit à la fin par fatiguer les plus infatigables, dont je me réclame en toute immodestie. Depuis que tout ça a démarré, on ne parle plus que de ça. D'accord, il s'agit de nouvelles grandes réformes, d'une nouvelle Constitution, et, on l'espère tous, d'une «nouvelle ère». Mais, honnêtement, quand vous voyez toutes ces mêmes têtes qui nous prennent la tête déjà depuis bien longtemps, qui passent, du matin au soir, nous répéter, dans une belle cacophonie unanimiste, que nous devons tous, sans exception, dire oui, sans nous poser trop de questions, on n'a plus qu'une seule envie, c'est de dire non, du moins à tous ces mauvais choristes. Attention, je ne suis pas en train de vous donner sournoisement une quelconque consigne de vote. Chacun fait ce qu'il veut, et je ne suis pas, ou, plutôt, je ne suis plus ce trouble-fête, râleur et railleur, qui était contre tout et avec rien, et qui se fâchait avec tout le monde pour un oui ou pour un non. Oui, j'ai changé... enfin... j'essaye, mais, on ne m'aide pas beaucoup. Croyez-moi, chaque matin, quand je me réveille, je me promets de tout faire pour y croire, moi aussi. Mais, rien à faire ! Dès que j'allume la radio ou la télé, ou bien, mieux encore, que je me connecte sur Internet, j'en apprends des pas vertes et des trop mûres. En vérité, je n'apprends rien de nouveau, mais, à force de vouloir croire que c'est en train de changer, je finis par ne plus croire à rien du tout. En effet, ceux qui nous parlent constamment de changement sont ceux-là mêmes qui ne changent pas. Ils veulent nous convaincre que le Maroc change ? Alors, qu'ils commencent d'abord par changer leurs méthodes! Je vais donner deux exemples, pas plus. Premier exemple : une vidéo que j'ai reçue par Internet (Ah Internet ! Il balance tout !). Qu'y voit-on ? Une sortie «spontanée» de groupes en délire, portant des tee-shirts et des casquettes de circonstance, et scandant des slogans enflammés en faveur de la nouvelle Constitution. Et alors, me diriez-vous, où est le problème ? «Le» grand problème, c'est que cela s'est passé avant même la présentation officielle et intégrale des 180 articles du texte du projet par la Commission chargée de la révision de la Constitution. Deuxième exemple : et cela, je l'avais déjà signalé lors des dernières élections, mais comme «ils» ont récidivé, je récidive à mon tour. «Ils» ont,de nouveau, ramené à ma fille sa carte d'électrice jusqu'à la maison. Qu'est-ce qu' «ils» sont gentils ! La meilleure, c'est qu'elle ne s'est jamais inscrite sur les listes électorales. Oui, d'accord, en bonne citoyenne qu'elle n'est pas, elle aurait dû le faire, mais, pour en avoir discuté un peu avec elle, ce n'est sûrement pas comme ça qu' «ils» vont la convaincre de devenir une bonne citoyenne. Quant à moi, je ne voudrais pas vous influencer, mais je ne sais pas encore ce que je vais faire. En tout cas, comme, à moi, «ils» ne m'ont pas ramené ma carte, j'ai bien peur qu'ils m'aient facilité le boulot. Tant pis pour eux ! En attendant qu'ils changent vraiment, je vous souhaite un très bon week-end et vous dis, comme dab, vivement le changement et vivement vendredi prochain.