Le projet de jumelage institutionnel entre l'Inspection générale des finances du Maroc et celle de la France et du Portugal vient d'arriver à son terme. Pendant deux années et sur financement de l'UE, l'IGF a vu ses capacités renforcées, ce qui a permis de la préparer à s'adapter aux nouvelles missions qui lui seront attribuées dans le cadre de la révision de la Loi organique des finances (LOF). L'Inspection générale des finances (IGF) est en train de faire sa mue. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Boussaïd (photo), mardi dernier à Rabat à l'occasion de la cérémonie de clôture du projet de jumelage institutionnel entre les IGF du Maroc, de la France et du Portugal. «Le cadre juridique et organisationnel des missions de l'IGF sera adapté au nouveau contexte afin de lui permettre de contribuer à la bonne gouvernance économique et financière de notre pays», a déclaré le ministre. Selon les premiers éléments dévoilés du processus qui s'inscrit dans le cadre du plan stratégique des réformes du département de l'Economie et des finances, la nature des missions de l'IGF évoluera davantage vers «les audits de performance et d'évaluation des résultats des politiques, programmes et projets publics». La mutation envisagée se fera en parallèle avec la consolidation du cœur de métier de l'IGF, qui est de veiller aux contrôles prévus pour la préservation des deniers publics et à l'amélioration de la gestion des finances publiques. De même, le ministre Boussaïd a indiqué que les moyens matériels et humains seront renforcés en conséquence pour prendre en charge les nécessités des nouvelles missions et les nouveaux chantiers qui découlent de la mise en œuvre de la future Loi organique des finances (LOF). Le ministre de l'Economie et des finances a tenu également à souligner que le système national de gestion des finances publiques sera profondément révisé via la réforme de la LOF en cours d'adoption, un chantier qui constitue l'une des priorités du programme gouvernemental et qui représente «l'un des principaux leviers d'une gestion publique moderne, ayant pour dessein de promouvoir une culture de résultats». Pour Mohamed Boussaïd, le projet de la nouvelle constitution financière fait apparaître deux concepts clés, performance et transparence, permettant ainsi de placer l'IGF au cœur du débat sur l'efficacité du contrôle de la dépense publique. Résultats satisfaisants C'est donc une nouvelle ère qui s'annonce pour l'IGF dont les capacités viennent d'être considérablement renforcées par le projet de jumelage. Le projet en question a été, pour rappel, financé par un don de l'Union européenne de 1,2 million d'euros et a été exécuté en deux années. Sa mise en œuvre a été axée autour de trois composantes principales dont la plus importante est l'élaboration d'une nouvelle stratégie pour l'IGF ainsi que la révision de son organisation et la mise en conformité de son cadre législatif et réglementaire. Dans le même temps, le projet a consisté en la confection d'outils informatiques, d'audit et de programmes de travail nécessaires au bon exercice des missions et des responsabilités de l'IGF. Selon le ministère de l'Economie et des finances, l'exécution du projet a été satisfaisante sur les plans de l'atteinte des objectifs dans les délais impartis et du respect du budget alloué avec des crédits consommés de 980.000 euros. Dans les détails, le projet a nécessité la mobilisation de 46 experts et de 66 inspecteurs des finances marocains. Au terme des deux années d'exécution du projet, il appartient donc à la partie marocaine de s'approprier les acquis enregistrés afin d'accompagner la transformation qu'est appelée à connaître l'IGF. Dans cette optique, l'Inspecteur général des finances, Benyoussef Saboni, a ajouté qu'une série de mesures s'inscrivant dans le prolongement des réalisations doivent être prises. Il s'agit notamment de la mise dans le circuit d'adoption de textes fondateurs de l'IGF pour adapter son cadre juridique à ses attributions actuelles, ses priorités et ses nouveaux modes d'intervention en raison des mutations qu'a connues son environnement et des réformes engagées. Parallèlement, il sera procédé à «la refonte de l'organisation de l'IGF afin de prendre en charge la spécialisation, la diversité et la complexité de ses interventions et une meilleure exploitation de ses outils de travail», a indiqué Saboni. Le ministère de l'Economie et des finances s'est engagé à élaborer dans les prochains jours un programme d'actions et de mesures «pour traduire dans la réalité les résultats du jumelage». Convergence avec l'UE Le projet de jumelage institutionnel de l'IGF du Maroc avec ses homologues de France et du Portugal entre dans le cadre de la coopération Maroc-UE, notamment pour le volet consacré à la convergence législative et réglementaire, conformément aux objectifs du statut avancé obtenu par le Maroc auprès de l'Union européenne depuis 2008. Les objectifs du projet consistaient à accompagner le Maroc dans le processus d'amélioration de ses capacités institutionnelles afin de mieux répondre aux exigences de la bonne gouvernance des finances publiques et de la transparence financière, de la moralisation de la gestion publique ainsi qu'à celles de la modernisation administrative et de la performance publique. Le projet visait également à renforcer, moderniser et professionnaliser les capacités d'audit, de contrôle, d'évaluation des politiques publiques exercées par l'IGF sur les entités relevant de son champ de compétence en tenant compte des évolutions récentes de la modernisation de la gestion des finances publiques.