À l'heure où les banques étrangères sont passées au crible par les agences de notation, celles du Maroc n'échappent pas non plus à cette vague. Quatre d'entre elles ont en effet été récemment décortiquées par l'agence de Rating Capital Intelligence. Cela tombe dans un contexte où le remue-ménage politique que s'apprête à vivre le Maroc, conjugué aux mouvements de soulèvements populaires qu'a connus la région, suscite des inquiétudes quant à la perception des étrangers de la santé de l'économie marocaine. À ce titre, le secteur bancaire s'avère sans conteste le baromètre idéal pour jauger cette appréhension du profil du Maroc. D'emblée, on peut dire que les principales banques privées notées par CI s'en sortent plutôt bien. Attijariwafa bank, Crédit du Maroc, BMCE et BMCI se sont toutes vues confirmer leurs notations antérieures. Le contexte politique que connaît le royaume n'a finalement eu aucun impact sur les profils des établissements bancaires nationaux, contrairement à d'autres pays tels que la Tunisie, l'Egypte ou encore la Libye, malgré les menaces de Standard & Poors de dégrader la note du pays dans la foulée. Même les banques européennes ont connu une moins bonne fortune, puisque plusieurs d'entre elles se retrouvent aujourd'hui, soit dans une situation de dégradation de leur notation, soit placées sous surveillance des agences de rating. Cela veut-il dire que le système bancaire national est mieux loti que celui de plusieurs pays développés ? En tout cas, ce qui est sûr, c'est que les verrous installés par les autorités bancaires donnent leurs fruits une nouvelle fois, après avoir permis au Maroc d'échapper à la crise financière internationale de 2008. Cela étant, une simple comparaison entre l'analyse des quatre banques permet de constater que toutes ne sont pas pour autant logées à la même enseigne. Certes, sur le premier critère retenu pour la notation des quatre banques, la note long terme en devises étrangères est confirmée à BBB- pour BMCE Bank, BMCI, Attijariwafa bank et CDM. Même constat relevé pour la note à court terme qui ressort à A3 pour les quatre banques, avec des perspectives jugées stables. Cependant, c'est au niveau de l'appréciation de la notation financière que la situation diffère. D'un côté Attijariwafa bank et BMCE confirment leurs statuts des deux premiers groupes bancaires privés du royaume avec une notation évaluée à BBB avec perspectives stables. Pour le cas de BMCI, cette note ressort non loin à BBB- avec, en prime, de meilleures perspectives. Ces dernières passent en effet de stables à positives, traduisant de ce fait une nette amélioration du profil financier de la filiale de BNP Paribas. En revanche, au Crédit du Maroc, la donne est moins reluisante, puisque malgré l'obtention de la même note que sa rivale BMCI, elle voit ses perspectives se dégrader de stables à négatives. Cette situation s'explique essentiellement par les «pressions ressenties sur la qualité des prêts accordés», explique l'agence de notation. En d'autres termes, des quatre banques analysées par CI, CDM est celle qui risque le plus de subir les aléas conjoncturels, ce qui pousse l'agence de rating à envisager une dégradation de sa notation financière si la détérioration de la qualité des portefeuilles n'est pas rétablie. Cela dit, si CDM est la seule banque de la place qui accuse cette dégradation au niveau de sa notation, il n'en demeure pas moins que les autres établissements se voient confrontés au défi de ne pas subir pareils effets surtout que, selon l'agence de notation, le contexte économique actuel s'avère moins prolifique que celui de 2010. Dans le même sens, une attention particulière devrait être accordée à l'assise financière des banques, puisqu'elles conditionnent leur développement à l'avenir, tout en leur assurant une solvabilité à même de rassurer quant à leur pérennité. En outre, cela risque de provoquer la perte de confiance des agences de notation qui, finalement, ne peuvent qu'influencer les investisseurs et partenaires du système bancaire national.