Depuis quelques semaines, les ratings se multiplient pour les banques nationales et spécifiquement Capital Intelligence. Cette agence de notation internationale spécialiste des marchés émergents, aura attribué depuis le début de l'année une notation à chacune des principales banques commerciales de la place marocaine, à l'exception de CIH (voir encadré). Attijariwafa bank, Banque Centrale Populaire, BMCE, BMCI, Société Générale et Crédit du Maroc sont donc toutes passées sous le scan rating de l'agence. Il en ressort un bilan positif, à savoir que les notations sont homogènes et positives pour tous les établissements évalués. «Cela dénote de la stabilité du secteur bancaire marocain» qui en gagne d'autant plus de mérite «en contexte de resserrement des liquidités et de crise internationale», commentent les analystes de BMCE Capital Bourse. En détail, les banques sont notées sur trois volets. En premier, elles suscitent toutes le même degré de confiance de Capital Intelligence quant à leur capacité de faire face à leurs dettes en devises, et ce, qu'il s'agisse de court ou de long terme. Tous les établissements évalués bénéficient en fait du plafond de rating dont peut jouir un organisme privé, sachant qu'en règle générale aucune institution ne peut accéder à un rating supérieur à la notation souveraine. À ce titre, le Maroc a profité ces dernières semaines du relèvement de son rating pays par Standard & Poor's pour accéder à la catégorie Investment Grade. Et c'est en grande partie dans le sillage de cette amélioration de notation que les banques se voient à présent attribuer des bons ratings. AWB et BMCE dans le haut du panier Second volet, la solidité financière. Sur ce plan, les banques notées se distinguent avec une mention spéciale pour Attijariwafa bank et BMCE qui figurent dans le haut du panier. Néanmoins, toutes les banques pourraient ne pas être logées à la même enseigne dans les mois à venir. En effet, les perspectives en termes de rating de la solidité financière ressortent négatives pour BCP. Une situation que Capital Intelligence justifie par des crédits non performants dont disposerait la BCP en portefeuille. En revanche, Attijariwafa bank, BMCI, BMCE et Crédit du Maroc ont toutes les chances de conserver le précieux sésame, leurs perspectives étant stables. Encore mieux lotie, Société Générale pourrait bénéficier d'un relèvement de sa note de solidité financière pour les mois à venir. Vient enfin le volet du «support rating». Il évalue la qualité du support que pourrait offrir l'actionnariat de chaque banque quand il s'agit d'opérer des apports de fonds. Et force est de constater que les banques considérées bénéficient d'un back up solide. Selon les notes attribuées par Capital Intelligence, la probabilité que les banques soient suivies en cas de besoins est forte. De même, la capacité et la volonté des éventuels apporteurs de fonds suscitent la confiance de Capital Intelligence. Notons néanmoins que dans le lot, BMCE arrive un cran en dessous du reste de la place avec une évaluation qui demeure toutefois positive. Le plus épineux pour la fin ? Sur toutes les principales banques commerciales opérant sur la place, le Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) est le seul à ne pas avoir été encore noté par Capital Intelligence. L'agence aurait-elle choisi de garder le plus épineux pour la fin ? En effet, sur l'exercice 2009, le CIH tire la plus mauvaise pioche du secteur bancaire. Subissant les effets d'une conjoncture économique plutôt défavorable, la banque clôture l'exercice sur des résultats consolidés mitigés. L'encours des crédits octroyés à la clientèle limite sa progression à 0,6% totalisant 23,9 milliards de dirhams. Impactée par la constatation d'une charge de risque de 493,5 millions de dirhams (contre 0,2 million de dirhams en 2008), suite à l'alignement des provisions IFRS sur le social pour les activités historiques en contentieux, le résultat net part du groupe (RNPG) passe de 576,1 millions de dirhams en 2008 à 98,9 millions en 2009, soit une dégradation de 82,8%. Néanmoins, un mieux est attendu pour 2010. Selon les prévisions de BMCE Capital Bourse, le CIH devrait réaliser un produit net bancaire en recul de 3,6% à 1.431,5 millions de dirhams. Dans ces conditions, le RNPG devrait être multiplié par 4 à 297,1 millions de dirhams en 2010 compte tenu de la non-récurrence de l'opération d'alignement des provisions IFRS sur le social. BBB, BBB-, A3 ... quésaco ? En termes de dettes en devises, sur le volet long terme, «BBB», la note dominante pour les banques marocaines, reflète une bonne qualité de crédit et une capacité correcte de satisfaire aux obligations commerciales. Mais elle indique aussi que quelques vulnérabilités persistent en raison de possibles dégradations conjoncturelles en termes de business, d'économie et de finance. Signalons également au passage que l'ajout de « + » ou de « - » nuance respectivement vers le haut ou vers le bas la notation attribuée. Sur le volet court terme, le rating «A3» dénote une forte capacité de remboursement, mais qui pourrait être contrainte par des éléments imprévisibles.Pour ce qui est de la solidité financière, la note globale «BBB» traduit une situation saine, mais qui englobe tout de même de légères faiblesses. Les perspectives de la notation de la solidité financière selon les cas «positive», «stable» et «négative» reflètent les intentions de l'agence de notation d'améliorer, de maintenir ou de dégrader respectivement, sur les 12 mois suivant la publication de la notation, le rating attribué. S'agissant de «Support rating», les mentions 2 et 3 indiquent que la probabilité que la banque puisse bénéficier d'un support de la part de ses actionnaires est respectivement très élevée et élevée. Elles supposent aussi que la capacité et la volonté des éventuels apporteurs de fonds est dans l'ordre très forte et forte.