Amine Mounir Alaoui, Président de l'(APEBI) Les ECO : Vous avez été élu à la tête de l'APEBI le 8 janvier dernier. Quel est votre plan d'action pour la fédération ? Amine Mounir Alaoui : Il faut savoir que les programmes des bureaux qui dirigent l'APEBI sont très similaires car les objectifs sont les mêmes. Nous cherchons tous à développer le secteur. Il y a un consensus absolu à propos de la vision et des objectifs à atteindre. Nous sommes tous d'accord sur le fond. C'est d'ailleurs ce qui a été souligné le jour de l'Assemblée générale élective. À mon sens, la différence se situe au niveau de la méthodologie à adopter. Justement, quelle méthode comptez-vous adopter ? Nous allons essayer d'ajuster notre méthodologie d'action en étant «plus modestes» si je me puis me permettre l'expression. Personnellement, je suis partisan des petits pas qui permettent d'aller de l'avant. Autrement dit, je préfère multiplier le nombre des petits projets et objectifs qui sont plus facilement réalisables. Cette accumulation permet d'arriver à un résultat global concret, satisfaisant et cohérent avec nos grands objectifs. Quelle évaluation faites-vous de votre secteur ? Notre secteur pourrait être un acteur majeur au niveau de l'économie et un gisement d'emplois important pour les jeunes diplômés. Malheureusement, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Cette situation découle d'un certain nombre de raisons. D'abord, nos entreprises sont éparpillées et n'ont pas toutes atteint une taille qui leur assure une certaine stabilité. Ainsi, un des axes majeurs sur lesquels nous allons nous concentrer est le marché local qui, ne l'oublions pas, est un marché ouvert. De ce fait, nos entreprises sont concurrencées par des entreprises du monde entier, voire même par des non professionnels qui importent des solutions, des services et des équipements qui ne sont pas professionnels. Le marché local marocain est assez bouillonnant et n'a pas encore atteint la maturité qui permette aux entreprises marocaines d'asseoir leur activité. Beaucoup d'entreprises de l'APEBI sont exportatrices, ce qui est une bonne chose, mais il faut leur assurer un marché local qui puisse les conforter dans leur conquête des marchés à l'export. Qu'est-ce qui fait que vous n'êtes pas aujourd'hui un gisement d'emploi pour les jeunes diplômés, comme vous le dites ? C'est là un autre problème que nous devons prendre en main. La formation est effectivement une problématique récurrente. Notre secteur est à la recherche de cadres supérieurs et de techniciens compétents. Le souci de l'inadéquation de l'offre avec la demande est toujours présent. D'un côté, nous avons des diplômés chômeurs, et d'un autre côté nous avons des entreprises qui ont des besoins en recrutement qu'elles n'arrivent pas à combler. Pour remédier à cette situation, c'est un travail de longue haleine qu'il nous faut mener, qui a d'ailleurs été déjà initié par mes prédécesseurs. Cependant, il faut prendre conscience du fait que ce n'est pas un problème qui se résout pas en deux ou trois ans, mais bien plus. Concrètement, quelles sont les premières actions que vous comptez déployer ? Le projet e-madina, commencé par le bureau précédent, est un chantier sur lequel nous continuerons à travailler car il est d'une grande importance. Nos villes souffrent de beaucoup de problèmes de gestion comme cela a été souligné par les évènements de l'actualité récente. Nous pensons sincèrement que les technologies de l'information peuvent apporter des solutions concrètes à un certain nombre de problématiques. Les villes où la circulation est la mieux gérée sont celles dotées d'un système d'information complet qui intègre l'ensemble des variables avec les capteurs nécessaires,etc., ce qui permet de gérer en temps réel ou quasi-réel la circulation dans une ville. En voilà, un exemple simple et compréhensible par tout le monde. Malheureusement, très peu de villes marocaines sont équipées de capteurs, et encore moins de systèmes d'information. Il s'agit là d'un des projets majeurs sur lequel nous allons nous concentrer tout en menant des actions simples. Peut-on avoir une idée sur ces actions ? Pendant plusieurs années, nous avons énormément parlé d'e-gov et de la facilitation de la relation entre le citoyen et l'administration grâce aux nouvelles technologies. Nous nous rendons compte du fait que nous n'avons pas énormément avancé. Il y a beaucoup de généralités dans le discours. Nous proposons donc de revenir aux choses qui marchent. Partant de là, nous envisageons aujourd'hui de mettre en avant les expériences qui ont réussi avec la contribution de nos membres pour inciter le marché à s'en inspirer, et pourquoi pas les dupliquer. Sur un autre registre, nous comptons entamer la réflexion et le débat avec d'autres départements ministériels car nous sommes convaincus du fait que nous avons beaucoup d'actions à mener ensemble. Notre secteur est transversal. Il touche à la fois le tourisme, le commerce ou encore l'éducation. Nous voulons donc multiplier le contact avec tous les secteurs qui peuvent passer à côté de grandes opportunités car ils n'ont pas intégré la donne des nouvelles technologies au moment de la réflexion.