Albert Mallet, Co-fondateur au Maroc de la Fondation Alliances pour le développement durable Les ECO : Quel intérêt pourrait avoir un pays comme le Maroc à s'atteler à un chantier comme le développement durable ? Est-ce vraiment une priorité ? Albert Mallet : Nous nous trouvons actuellement à un carrefour de crises, et le Maroc a une vision à faire valoir. Le développement durable suppose que le développement économique et la croissance aillent de paire, avec la création d'emplois décents, la réduction des inégalités, l'amélioration du bien-être humain ainsi que la préservation du capital naturel dont nous dépendons tous. Le Maroc doit relever les défis posés par le réchauffement climatique, la protection de l'environnement et de la biodiversité. Le développement durable propose de nombreuses opportunités pour le Maroc. Pensez-vous que le Maroc est suffisamment mûr économiquement parlant pour réussir à se développer dans ce sens ? Le Maroc présente de nombreux atouts: un niveau de formation de très haut niveau, notamment sur les enjeux liés au développement durable, ainsi qu'une localisation stratégique et des conditions naturelles à faire valoir. La stabilité du pays est également un atout fort pour attirer les capitaux étrangers et favoriser l'investissement dans l'économie verte, en particulier dans les énergies nouvelles. Par ailleurs, comment pourrait-on mesurer concrètement l'impact économique du développement durable ? Dans la mesure où il concerne presque toutes les dimensions de la vie à l'échelle nationale et internationale et presque tous les aspects de la politique gouvernementale, le développement durable implique un vaste programme d'actions. Différentes approches de mesures existent aujourd'hui. Mesurer la création d'emplois nationaux liés au développement des activités des énergies renouvelables, de la mise en place de structures de transport, des constructions intégrant les critères de préservation de l'environnement ou encore des emplois liés au déploiement de techniques agricoles respectueuses de l'environnement peut être un des indicateurs simples et compréhensibles par une grande partie de la population. Les indicateurs de mesure économique doivent être conjugués aux indicateurs relevant des actifs environnementaux (biodiversité, ressources énergétiques, ressources en eau, taux de pollution) et du capital humain (éducation, santé, consommation, emploi) pour que l'ensemble des enjeux liés au développement durable (et à sa notion intrinsèque d'interactivité) puissent être évalués. Bien entendu, la balance commerciale est également un prisme intéressant pour la mesure des impacts économiques pour un pays, en particulier du point de vue de l'exportation de produits liés au développement durable et aux énergies renouvelables. Faudrait-il que le Maroc adopte son propre modèle de développement durable ou faut-il que notre pays s'inspire des best practices dans ce domaine ? Chaque pays a des caractéristiques propres à faire valoir du fait, notamment, de sa culture et de ses valeurs. Toutefois, les enjeux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui nous concernent tous, donc les efforts doivent être conjugués. Il est utile et important de faire valoir sa propre vision, mais il est tout aussi utile de regarder et incorporer ce qui se fait ailleurs. Le Maroc doit être un leader dans les énergies nouvelles au sein des pays émergents, et en particulier sur le continent africain. Quelle stratégie d'investissement doit-on adopter pour bien mener le chantier du développement durable ? Exprimer clairement les ambitions et les buts que ses stratégies doivent atteindre : réduction de la pollution atmosphérique, réduction de la pollution de l'eau, utilisation durable des ressources naturelles, gestion des déchets et amélioration des conditions de vie.