Casablanca bientôt ville sans bidonvilles ? C'est ce que laisse sous-entendre l'Agence urbaine de Casablanca (AUC). La lutte contre le logement insalubre au niveau de la métropole s'est avérée être un véritable parcours du combattant. Il faut dire qu'il s'agit d'un phénomène bien ancré et difficile à résorber, malgré les efforts incessants des autorités. Néanmoins des programmes ont été menés réduisant ce fléau, sans arriver à l'éradiquer. C'est ainsi qu'en 2011 un nouveau programme ambitieux a été présenté devant sa majesté le roi : le programme de résorption des bidonvilles au titre de la période 2011-2013, qui a pour objectif majeur le relogement de 45.920 ménages, dont 25.710 à la préfecture de Casablanca, 15.449 à Mohammédia, 2.331 à Médiouna et 2.430 à Nouaceur. Deux modes opératoires ont été adoptés, à savoir le relogement et le recasement. «L'adoption du mode de recasement par lots de terrains bifamiliaux répond à la préférence de la majorité des ménages, au moment où une population minime sera programmée dans des opérations de relogement, à raison d'un appartement par ménage», explique-t-on auprès de l'Agence urbaine de Casablanca. Ainsi, le programme arrêté permettra la réalisation de 13 opérations de recasement au bénéfice de 43.756 ménages sur des terrains d'une superficie totale de 630 Ha et d'une opération de relogement, au profit de 2.164 ménages, s'étalant sur des terrains d'une superficie totale de 15 Ha. Le foncier en question a été mobilisé bien évidemment dans la proche périphérie, en raison de «l'indisponibilité du foncier domanial, susceptible de répondre aux objectifs de ce programme à l'intérieur de l'agglomération urbaine, en plus du renchérissement des terrains privés». Deux ans après, où en est ce grand chantier qui a été confié à plusieurs opérateurs, en plus de l'AUC (Agence urbaine de Casablanca), pour activer sa mise en œuvre (Al Omrane, Idmaj Sakan et Dyar al mansour) ? «Au 23 août 2013, six opérations sur 14 ont été achevées, quatre sont en cours d'achèvement et quatre ont été lancées au cours de cette année», avancent les responsables de l'Agence urbaine de Casablanca. Dans le détail, les opérations achevées concernent 5.706 lots, soit 11.412 ménages recasés. Ces opérations ont été portées par Idmaj Sakan et Al Omrane. D'ailleurs, l'entreprise publique a déjà mis en chantier quatre autres opérations, trois à Médiouna et une à Mohammédia, représentant 4.507 lots, soit 9.014 ménages à recaser. «Ces chantiers seront achevés fin août 2013», promettent les responsables de l'Agence urbaine. Malgré ces avancées considérables, près de la moitié du travail reste à faire. En effet, les opérations qui attendent d'être mises en chantier concernent 10.693 lots, soit 21.386 ménages à recaser. Concentrées à Médiouna et Nouaceur, les trois opérations restantes pour achever ce programme de recasement sont en cours. «Le lot Allaymoun porté par Al Omrane à Médiouna a obtenu toutes les autorisations. Le foncier a été assaini», avance-t-on auprès de l'AUC. L'autre grande opération sur la province de Médiouna porte sur la mise à disposition de 5.148 lots. Les trois promoteurs immobiliers se sont joints pour finaliser ce chantier. Le projet est en cours d'autorisation. La dernière opération de recasement est réalisée par l'Agence urbaine, elle-même. En ce qui concerne l'opération de relogement réalisée à la préfecture de Casablanca, le lancement est tributaire des autorisations qui sont en cours. La mobilisation autour de cette problématique nécessite un investissement global de 4,85 MMDH. La majeure partie de ce montant est réservé aux études et travaux à hauteur de 3,46 MMDH. L'acquisition du foncier, quant à elle, a mobilisé la somme de 620 MDH. Le reliquat, 762 MDH, est réservé à la réalisation des équipements publics. En effet, 150 équipements sont prévus dans ce programme : 39 institutions d'enseignement, entre écoles, collèges et lycées, 8 maisons de jeunes, 18 terrains de sport, 13 centres de santé, 19 mosquées, 28 équipements administratifs. Le système de la péréquation a assuré le plus gros du financement, à savoir 1,8 MMDH. Les autres sources de financement sont le «Fonds solidarité habitat» qui débourse 1,1 MMDH, suivi des recettes des bénéficiaires qui assureront 1,09 MMDH. Enfin, le budget général de l'Etat a également été mis à contribution en assurant 762 MDH. Ce n'est pas trop cher payé pour que Casablanca devienne une ville sans bidonvilles ! Carrières centrales, Sidi Moumen... ont la vie dure En parallèle au programme à proprement parler de résorption des bidonvilles lancé en 2011, des opérations prioritaires ont été lancées. Celles-ci concernent trois zones «noires» : Bachkou, Carrières Centrales et Sidi Moumen. Un recensement réalisé en 2007 a recensé près de 1.825 baraques au niveau de Bachkou accueillant 1.942 ménages, en plus de 89 commerces. «Le bidonville Bachkou est résorbé intégralement», précise l'Agence urbaine de Casablanca. Et d'ajouter : «deux douars Doukali et Dawi (80 ménages) situés sur des terrains privés limitrophes au bidonville Bachkou seront traités dans le cadre du programme régional de résorption des bidonvilles de la région du Grand Casablanca». Si l'opération Bachkou est une réussite, l'agence urbaine n'a pas encore atteints les mêmes niveaux de réussite dans les deux autres zones. Des 4.640 baraques recensées à Carrières Centrales, 87,15% ont été démolies, et plus de 590 baraques restent encore à démolir. 83,72% des ménages ont été transférés, soit 5.779 des 6.902 habitants recensés. En ce qui concerne les commerces, au nombre de 741, 56,45% seulement ont été transférés. Ces chiffres reflètent quelques problèmes rencontrés sur le terrain. «Plusieurs ménages réclament la démolition partielle de leurs baraques (207 cas) ou revendiquent l'attribution, en plus d'un demi-lot, d'un local à usage commercial (109 cas)», explique-t-on auprès de l'Agence urbaine de Casablanca. 387 autres cas, des ménages réclament l'extension des critères d'éligibilité à des catégories qui n'ont pas de lien avec le bidonville. Certains revendiquent l'extension des critères d'attribution à des catégories non éligibles. Le plus important problème reste cependant le manque en lots (estim à 447) de terrains pour achever l'opération. Le même problème est rencontré à Sidi Moumen, mais à plus grande échelle. «Un déficit en lots estimé à 2.378 lots a été enregistré, ce qui nécessite la prospection d'un terrain de 79 ha pour le lancement d'une opération complémentaire», explique l'agence urbaine. Seulement, un des 4 bidonvilles que compte Sidi Moumen a été intégralement résorbé, Sekouila. Les autres ont des taux de démolition allant de 74,68% pour le bidonville Tomas à 3,04% pour le bidonville de Rhamna. Zaraba, quant à lui, a été résorbé à hauteur de 44,78%. Pour information, la région de Sidi Moumen compte pas moins de 13.675 baraques.