Il s'agit du premier séminaire sur la médiation organisé par un pays du sud de la Méditerranée, à savoir le Maroc. C'est à la fois une reconnaissance du rôle que le royaume joue dans la résolution des conflits en Afrique et dans la région et une consécration du partenariat Nord-Sud dans ce domaine. Hier donc à Rabat, le Maroc et l'Espagne, locomotives de cette dynamique, ont insisté sur l'importance de la médiation pacifique en cette période de multiplication des conflits dans la région. Un mémorandum d'entente a été ainsi signé entre le Centre d'études et de recherches en sciences sociales (CERSS) et le Centre international de la paix de Tolède (CIT-PAX). Interrogé par les ECO sur la pertinence d'une telle convention, Abdallah Saaf, directeur du CERSS a énuméré un certain nombre d'avantages dont la formation à la médiation, la mise en place d'une banque de données, et l'échange de chercheurs et de spécialistes. En tout cas, l'objectif de ce séminaire est de jeter les bases d'un réseau méditerranéen d'ONG voué à la médiation, avec dans chaque pays une structure dédiée. Le Maroc et l'Espagne joignent ainsi leurs efforts pour une bonne application de la résolution onusienne du 22 juin 2011, qui invite les Etats membres à optimiser le recours à la médiation, à «développer leurs capacités nationales de médiation» et à «élaborer des principes directeurs pour rendre la médiation plus efficace». Le ministre des Affaires étrangères, Saad-Eddine El Othmani, a insisté sur le renforcement de la coopération en matière de médiation entre les différentes instances concernées. Il a parlé également du rôle que les institutions éducatives et la société civile peuvent jouer dans l'ancrage de la culture de la médiation dans la région. Aujourd'hui, le besoin est de trouver une base stable pour le financement de la médiation. Dans cette perspective, il va falloir identifier les déficits en compétences dans ce domaine et y remédier. À New York, les Nations Unis offrent des cours de médiation spécialisés en faveur de cadres seniors. L'ONU a créé aussi un Conseil académique et universitaire orienté vers la médiation. Sans oublier le premier séminaire sur la médiation tenu en février dernier à Madrid, qui a appelé à la promotion d'une communauté de bonnes pratiques en médiation. Le séminaire de Rabat devrait aussi encourager les Etats membres à faciliter l'échange d'informations pour la mise en place d'une cartographie régionale et locale concernant les ressources en médiation. Parmi les questions auxquelles il faut apporter des réponses à l'avenir, figure celle concernant l'usage de la médiation, non seulement pour le règlement pacifique des conflits, mais en tant que moyen effectif de gouvernance. Il va falloir aussi connaître les facteurs qui entravent le développement de la médiation et déterminer la spécificité de la médiation en Méditerranée. Saad-Eddine El Othmani Ministre des Affaires étrangères et de la coopération Les ECO : Quels sont les principaux objectifs de ce séminaire ? Saad-Eddine El Othmani : C'est une initiative régionale entre le Maroc et l'Espagne pour une meilleure résolution pacifique des conflits. Elle permet de former les compétences capables d'intervenir en situation de conflits. Il s'agit de personnes de la société civile, des diplomates qui seront dotés des outils nécessaires pour être de bons médiateurs. Nous allons commencer par déterminer les besoins et ensuite les mécanismes de promotion de la médiation. Nous aurons un point d'appui dans chaque pays dans la perspective de la création d'un réseau d'ONG spécialisé dans la médiation. Il faut professionnaliser le rôle du médiateur car jusqu'à aujourd'hui les intervenants sont peu ou prou formés à cet exercice délicat. À quel niveau le Maroc est-il présent en matière de médiation pour la résolution des conflits dans la région et en Afrique ? Il y avait l'initiative de SM le roi Mohammed VI en faveur des pays du fleuve Mano (Côte d'Ivoire, Libéria, Sierra Leone et Guinée, ndlr), laquelle a pu résoudre les différends qui existaient entre ces pays qui ont signé un accord garantissant la paix dans la région. C'est un exemple d'intervention direct pour la médiation. Il y a aussi la participation du Maroc aux différentes forces de maintien de la paix dans plusieurs points chauds comme le Congo, la Côte d'Ivoire et le Kosovo. Le Maroc fait partie des pays les plus dynamiques dans ce domaine. Il faut aussi prévenir les conflits d'origine tribale dans certains pays.