La tendance est nette : après des années de production en berne, le pétrole camerounais est en train de reprendre progressivement ses lettres de noblesse dans le bilan économique de ce pays d'Afrique Centrale. C'est en tout cas ce que constate la Banque mondiale dans ses derniers cahiers économiques consacrés au pays, confirmés par la récente publication des comptes nationaux de l'Institut national camerounais de la statistique. «La production pétrolière devrait avoir augmenté d'environ 9% en 2012. Cette progression est attribuée aux opérateurs privés, à la faveur d'importantes explorations menées ces dernières années et d'une exploitation accrue visant à tirer parti du niveau actuellement élevé des cours mondiaux du pétrole», relève-t-on auprès de la banque mondiale. Pour cette année, l'institution prédit que la production dans le secteur pétrolier devrait continuer à se redresser, quasiment sur le même rythme qu'en 2012 : 9%. Si l'or noir est en train de reprendre sa place dans la création de richesses pour le pays, la dynamique économique demeure toutefois principalement tirée par d'autres secteurs à plus forte valeur ajoutée. Les services performent Plus particulièrement, la croissance dans le secteur tertiaire aurait contribué le plus à l'expansion de l'activité économique camerounaise, en 2012. Selon les dernières actualisations de l'Institut national camerounais de la statistique, elle s'est établie à 1,7% au troisième trimestre 2012, contre 1% un trimestre auparavant. Ainsi, «sur un an, la croissance dans ce secteur a bondi de 6,3% par rapport à la période correspondante en 2011», indiquent les statistiques officielles. Cette dynamique est surtout soutenue par un fort accroissement des activités d'administration, de santé et d'éducation (+5,1% après +2,0%), en liaison avec la poursuite de la prise en solde des personnels recrutés dans le cadre d'un programme d'intégration massive de 25.000 jeunes diplômés dans la fonction publique. Cette activité est suivie par celle des transports, entrepôts et télécommunications (1,9% après 1,9%), du commerce, de la restauration et des services hôteliers (0,3% après 0,1%). Quant aux secteurs primaire et secondaire, ils ont également entretenu la dynamique, grâce aux efforts soutenus dans le secteur agricole, visant à accroître la productivité, et à la réalisation de nouveaux projets d'infrastructure. Risque Pays : incertitudes politiques Une économie vulnérable aux chocs externes : La reprise du secteur pétrolier et la modernisation des infrastructures de transports devrait renforcer le potentiel de croissance du pays, fortement contraint, jusqu'ici, par la faiblesse de l'investissement, l'environnement des affaires et la dépendance de l'économie aux conditions climatiques et à l'évolution des cours des produits de base exportés (pétrole, cacao, bois, etc...). Banques fragiles : le secteur est dominé par de grandes banques internationales. Cependant, le nombre croissant d'établissements en difficulté et le retard pris dans leur restructuration, les retombées de l'accumulation d'arriérés par le gouvernement et la concentration des crédits sur un faible nombre d'emprunteurs publics, le fragilise de plus en plus. Une situation politique incertaine : Le chef de l'Etat, réélu en octobre 2011, devrait se maintenir au pouvoir jusqu'en 2018, si sa santé le lui permet. L'âge du président Biya (79 ans) soulève cependant de nombreuses questions sur sa capacité à assurer sa propre succession et à remplir un nouveau mandat. Son départ pourrait déboucher sur une lutte interne pour le pouvoir et remettre en cause les équilibres inter-ethniques et entre communautés linguistiques.