C'est en parcourant les journaux de ce matin, que j'ai appris que «Rabat a abrité les 42e assises de la presse francophone», événement organisé par l'UPF (l'Union internationale de la presse francophone»). Ça alors ! Et, on ne m'a même pas invité, MOI ?, Comment ? Je suis qui ? Eh ben, moi... je suis... en vérité, je ne sais pas qui je suis au juste. Ça me rappelle une réplique historique d'un très grand homme fort au pouvoir incommensurable, et à qui un journaliste avait posé un jour cette question : «Si jamais l'opposition exige votre départ comme préalable à la participation au gouvernement, allez-vous démissionner ?». Et Superman de lui répondre sans hésitation aucune : «Moi, démissionner ? Mais qui suis-je pour le faire ?». Au fait, où est-il aujourd'hui ? Bien loin et oublié. Que Dieu ait pitié de son âme ! Cette anecdote fait partie désormais de l'histoire, et elle a n'a rien à voir ni avec la presse francophone ni avec la presse tout court, mais ça m'était revenu à l'esprit, et j'ai voulu vous la raconter. Au fond, si on réfléchit bien, il y a quand même un rapport, mais, passons. Revenons à nos francophones. Invité ou pas, j'ai dit ça, juste pour m'amuser. D'ailleurs, ça n'a rien d'amusant, je vous l'accorde. Mais, puisque j'y suis, et ça fait longtemps que je voulais le dire, je trouve que la presse chez nous, en général, qu'elle soit arabophone, francophone, hispanophone (si, si, ça existe, en tout cas, ça a existé) ou autre (vous pouvez ajouter ce que vous voulez), elle n'est pas rigolo du tout. On a l'impression que pour ces gens-là, l'information rime avec affliction et informer avec démoraliser. Oui, je sais bien que ce n'est pas toujours gai, mais quand même ! On peut parfaitement rapporter une mauvaise nouvelle, sans nous pousser à l'émeute ou au suicide. Je crois vraiment que c'est plus marrant d'annoncer, tenez, par exemple, ce gros nuage de cendre volcanique qui a mis à genoux toutes les flottes aériennes du monde, et en profiter pour sortir une bonne vanne du genre : «Alors, Mon commandant, qu'est-ce que vous attendez pour décoller ? Vous êtes dans les nuages ou quoi ?». Ce n'est pas très rigolo, non plus, mais c'était juste un exemple. Je disais donc que les journaux arabophones, francophones et compagnie, pas tous, je reprécise, en général, souffrent, à mon avis, de sinistrose aiguë. Je crois même que certains croient que s'ils n'annoncent pas tous les jours que la fin du monde, c'est pour demain, ils ne vont pas pouvoir vendre un exemplaire. Mais, en vérité, ce n'est pas du tout ça que j'avais envie de vous dire aujourd'hui. En fait, je voulais vous parler plutôt de ce que je pourrais appeler «Le complexe de l'identité paroxysmique exclusive» que certains journalistes arabophones ont à l'égard de leurs confrères et néanmoins ennemis francophones. Mais, hélas, je n'ai plus de place, et je vais laisser ça pour un autre jour. À demain.