L'année 2010 est à marquer d'une pierre blanche pour la Fifage (Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l'emballage). Avec la nouvelle stratégie gouvernementale pour l'environnement, la fédération est à même de gagner en visibilité et d'instaurer un véritable dialogue avec le ministère de tutelle. Sous la houlette de son président, Mounir El Bari, la fédération a concocté une feuille de route faisant état des problèmes plombant le secteur. Multiples doléances Certains de ces problèmes sont d'ordre structurel, tel le coût de la facture énergétique considéré comme trop onéreux. «Celui-ci s'élève à 20% du coût de revient du papier», commente El Bari. Autre problème épineux : celui des ressources humaines. En effet, le secteur de production de papier souffre de l'absence de formation au Maroc, d'où une carence de personnel qualifié dans les différents métiers du secteur, puisque, selon le président de la Fifage, le pays ne compte en tout et pour tout que dix ingénieurs spécialisés. Et la liste s'allonge : logistique coûteuse, insuffisante et non spécialisée, absence totale de protection tarifaire entre les matières premières et les produits finis... Sans oublier que «les équipements s'avèrent très onéreux, et impossibles à rentabiliser dans les délais légaux», critique-t-on au sein de la fédération, puisque les différentes installations ne sont rentables qu'au bout de 15 à 20 ans. À ces différentes doléances s'ajoutent les coûts de financement, considérés comme les plus élevés au Maroc, comparativement aux pays concurrents. Un taux de collecte insuffisant Outre les problèmes structurels, certaines filières du secteur souffrent également d'insuffisances spécifiques. Ainsi, concernant la production de la pâte à papier, la capacité installée est considérée comme très faible, et ne permettant pas d'atteindre le seuil de rentabilité. A noter que près de 140.000 tonnes sont produites par Cellulose du Maroc. Mais au vu de l'insuffisance des ressources naturelles locales (bois et forêts), les producteurs sont astreints à l'importation de la matière première. «Certains pays comme le Gabon sont parvenus à un certain équilibre, en ayant des zones forestières spécialement dédiées au papier, ainsi que d'autres consacrées uniquement au replantage des arbres», souligne El Bari. Mais là où le bât blesse, c'est l'absence d'une politique de collecte des déchets ainsi que d'un système structuré de collecte. Celle-ci est effectuée principalement en informel par des chineurs. Résultat des courses : un taux de recyclage insignifiant, qui s'élève à 28% contre 60 à 70% dans les pays européens. «Nous stagnons à 28% depuis 5 ans, car il n'y a pas de tri à la source, ni de sensibilisation importante au recyclage», s'indigne El Bari. L'industrie demeure fragile car fondée sur la collecte effectuée par les chineurs. A cet égard, il a été proposé de les intégrer et de leur donner une étiquette officielle.