La Fédération des Industries forestières, des Arts graphiques et de l'Emballage (FIFAGE) vient d'adopter sa feuille de route pour la période 2009-2012. La FIFAGE y met l'accent sur les faiblesses du secteur et propose des pistes de travail pour améliorer la situation des professionnels de cette branche d'activité. Ainsi, le premier point relevé concerne la réduction des coûts, principalement, de l'énergie. Des industries budgétivores En effet, le prix du fuel est, par exemple, trois fois plus cher qu'en Egypte. L'électricité, même si elle est plus compétitive que le fuel, reste deux à trois fois plus chère que dans les pays Européens qui utilisent le nucléaire ou la cogénération. En outre, les usines installées dans les villes payent plus de taxes de location de comptage, d'entretien du comptage et les cautions d'installation des KVA, que les usines situées dans les zones industrielles et le monde rural. La raison de cet écart est que les prix pratiqués par l'ONE dans les villes sont moins chers que ceux des régies autonomes opérant ailleurs. La FIFAGE soulève également le manque de protection tarifaire entre les matières premières et les produits finis. Et les normes? En 2008, la fédération a adressé une proposition au ministère du Commerce et de l'industrie, après concertation avec les différentes associations du secteur, pour différencier le taux de douane du papier en bobine de celui du papier transformé. Quant au financement, la FIFAGE le juge très coûteux puisque le taux d'intérêt est, généralement, situé entre 5 et 7%. Mounir El Bari, président de la FIFAGE, souligne que «l'industrie de la pâte à papier, du carton et les grandes imprimeries est très capitalistique et le financement par les banques est quasi obligatoire». Il n'hésite, d'ailleurs pas, à pointer également du doigt l'absence de normes marocaines dans le domaine. S'il est vrai que des normes ISO et AFNOR (France) existent, le président de la FIFAGE souhaite que des normes locales voient le jour. «Nous invitons à l'occasion tous les acteurs de notre secteur à exprimer leurs besoins en normes afin que nous puissions demander leurs mises en places au SNIMA», annonce El Bari. S'agissant des accords de libre-échange, la FIFAGE affirme que le Maroc subit des répercussions douloureuses causées par son respect de ces accords. Selon la fédération «La Tunisie bloque nos exports en utilisant des barrières non tarifaires (normes)». El Bari n'hésite pas à préciser que «la Tunisie et l'Egypte exportent au Maroc des produits non fabriqués dans leurs pays et ne représentant pas une valeur ajoutée de 40 %. Ils réussissent à le faire en utilisant des certificats d'origine de complaisance». Un grand gisement inexploité :Mounir El Bari,président de la FIFAGE Vous préconisez l'amélioration du ramassage des vieux papiers, pourquoi ? Actuellement, le Maroc consomme quelque 400.000 tonnes de papier par an et en collecte 28% pour le recyclage. Ce taux de collecte est très faible comparativement aux pays européens (60% en France et 80% en Allemagne). Aujourd'hui, nous importons du vieux papier alors que nous avons un gisement énorme qui part aux décharges publiques. Rappelons que, quand il est incinéré, le papier/carton dégage du méthane, un gaz à effet de serre. Un ramassage organisé permettrait le recyclage d'une plus grande quantité de papier. Que proposez-vous d'autre ? Un plan gazier serait bénéfique pour notre secteur puisque l'approvisionnement serait assuré et maîtrisé à travers des pipelines. Ce n'est pas le cas avec le fuel car nous sommes confrontés au problème de la qualité et de la régularité étant donné que nous n'avons qu'un seul fournisseur. En juin 2009, beaucoup de nos usines ont dû arrêter leur activité par manque de fuel. Qu'en est-il de la formation ? A part une école qui forme des techniciens en imprimerie, il n'existe sur le sol national aucune école d'ingénieurs, EST, ou université pour le secteur. En France, l'Ecole française de papeterie et des industries graphiques de Grenoble forme des ingénieurs en papier/carton et en imprimerie. En Espagne, il y a trois grandes universités qui forment des ingénieurs papetiers. Les ingénieurs travaillant dans ce secteur au Maroc sont issus des écoles d'ingénieurs marocaines et ont appris le métier sur le tas.