Absence de formation dans le domaine des matériaux papier et carton, aucune étude sectorielle sur l'imprimerie ou sur le recyclage des rejets de la presse écrite,… Mounir El Bari, président de la Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l'emballage (FIFAGE), jette la lumière sur un certain nombre de points noirs qui caractérisent l'un des plus importants secteurs de l'industrie nationale. Absence de formation dans le domaine des matériaux papier et carton, aucune étude sectorielle sur l'imprimerie ou sur le recyclage des rejets de la presse écrite,… Mounir El Bari, président de la Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l'emballage (FIFAGE), jette la lumière sur un certain nombre de points noirs qui caractérisent l'un des plus importants secteurs de l'industrie nationale. Le secteur de l'emballage connaît un certain nombre de dysfonctionnements structurels. Pouvez-vous nous en parler plus ? Le secteur connaît pas mal de problèmes d'ordre structurel, notamment la carence en formation dans ce domaine. Pour les matériaux papier et carton, par exemple, aucune formation n'est dispensée dans les écoles d'ingénieurs ou les universitaires du pays. Toujours pour le secteur papier-carton, les coûts de production sont très élevés : l'énergie, entre autres, correspond par exemple, pour le papier, à plus de 17 % du coût de revient. Plus encore, pour le secteur imprimerie, c'est l'anarchie : beaucoup d'imprimeries TPE sont le plus souvent installées dans des ruelles en plein centre-ville. C'est dire que la restructuration de ce secteur est à la fois urgente et obligatoire. Ces petites imprimeries ont des outils de production vétustes et ne peuvent investir puisque l'investissement est très capitalistique et les banques marocaines n'arrivent pas à accompagner ce secteur. C'est pour cela qu'une étude sectorielle pour l'imprimerie s'impose et nous avons déjà contacté l'ANPME dans ce sens. À tout cela, il faut ajouter qu'en amont, pour la pâte à papier, il y a un manque de matières premières : le bois d'eucalyptus oblige le seul fabricant de pâte à importer le bois à des prix exorbitants et handicape sa compétitivité à l'échelle internationale puisque cet opérateur exporte plus de 80 % de pâte à papier. Le taux de récupération des déchets, qui se chiffre à 25 %, reste très faible par rapport à d'autres pays concurrents. Qu'elle en est la raison, selon vous ? C'est un autre handicap structurel, puisque le Maroc consomme plus de 450 000 tonnes de papier mais ne collecte que 30 % au plus de ce qui est consommé. Aujourd'hui, le ramassage au Maroc est géré seulement par la loi de l'offre et la demande et l'administration marocaine ne s'est pas encore impliquée dans ce domaine pour améliorer ce taux. L'Europe a connu cette situation dans les années 80 et a pu passer le taux de ramassage à plus de 60 %, grâce à l'implication des communes et des administrations étatiques : tri à la source, campagnes de communication, etc. D'ailleurs, notre fédération a organisé dans ce sens, au mois de juin 2010 à Rabat, une journée nationale de collecte des vieux papiers et cartons. A combien est estimé le chiffre d'affaires global du secteur, selon vous ? Le chiffre d'affaires du secteur dépasse aujourd'hui les 11 milliards de DH. Le Maroc reste un pays faiblement utilisateur d'emballage avec une consommation estimée à moins de 20 kg par an et par habitant… Effectivement, le Maroc consomme très peu de papier et de carton : 15 kg par an et par habitant pour le papier. L'Espgane, par exemple, en consomme 150 Kg par an et par habitant, alors que le volume de consommation pour la Tunisie est de 35 Kg par an et par habitant. Pour le carton ondulé, notre consommation est de quelque 7 Kg par an et par habitant. Ce chiffre reste aussi très faible par rapport aux pays émergents et industrialisés. Les rejets de la presse écrite vont croissant. Quelle est leur part dans le volume total du papier recyclé ? Le Maroc consomme quelque 30 000 tonnes de papier-journal. Ce papier est retrouvé malheureusement dans l'emballage au lieu du recyclage et c'est là ou le bât blesse : un manque à gagner pour l'économie nationale, l'emballage de produits alimentaires dans du papier-journal dans le circuit commercial traditionnel, notamment chez les épiceries. Ceci peut être nocif pour la santé, si l'emballage est primaire et que la durée de contact est trop prolongée. Pour les revues, dont la plupart sont imprimées à l'étranger, elles sont recyclées soit en tant que déchets vieux papier de magasins, soit en tant que matière pour le papier-impression- écriture quand les usines ont du désencrage installé. Enfin, le secteur connaît actuellement quelques mutations, avec l'arrivée de Saudia Paper Manufacturing Company qui a désormais le contrôle de Cellulose du Maroc et l'investissement d'envergure qu'a lancé un fabricant de couches pour bébés (marque Dalaa, ndlr) en investissant sur une unité de fabrication de papier tissus (mouchoirs et hygiénique, ndlr), une unité clé en main par le constructeur international Metso. Qu'est-ce qui caractérise la 7e édition du Salon international du numérique, arts graphiques et emballage, qui se tient du 31 mai au 4 juin prochains à Casablanca ? La nouveauté de cette 7e édition du Salon international des arts graphiques et de l'emballage (SIAGRA 2011, ndlr), organisée par Viaexpo et parrainée par la FIFAGE, ce sont les « Assises de l'Imprimerie et de l'Emballage », une initiative de notre fédération visant à promouvoir d'abord ce salon et lancer une réflexion assez sérieuse sur le devenir de notre secteur. Lors des assises, nous allons traiter, pendant les deux premiers jours, des sujets intéressants sur les nouveautés technologiques dans l'industrie papetière : ce seront les journées techniques papetières du Maroc (4e édition). Ces journées finiront par une table ronde sur le devenir de l'industrie papetière Marocaine à l'horizon 2020. La troisième journée sera dédiée essentiellement au secteur de l'imprimerie qui englobe beaucoup de PME et là, l' ANPME présentera ses programmes, Moussanada, Imtiaz et Inmaa. Cette journée verra également l'organisation d'une table ronde sur l'imprimerie et l'emballage au cœur de l'émergence industrielle, puis un face-à-face, Offset vs impression digital. Quel bilan faites-vous pour l'édition précédente ? La dernière édition a été une réussite, puisqu'elle a connue plus 5 000 visiteurs professionnels et l'organisation de la 3e édition des journées techniques papetières du Maroc. Il est aussi à noter que c'est la seule manifestation africaine dans ce domaine d'activité. u