* Le faible ratio de collecte des vieux papiers et cartons empêche les producteurs de papier et carton de faire des économies déchelle, ce qui les rend très vulnérables face à la concurrence. * La filière papier et carton affiche lobjectif datteindre un ratio de 50 % de collecte de vieux papiers et cartons à lhorizon 2012. * Un objectif qui ne semble pas hors d'atteinte puisque l'Europe, qui dépasse actuellement 60 %, franchissait à peine le seuil de 25 % au début des années 1990. La Fédération des Industries Forestières des Arts Graphiques et de l'Emballage (FIFAGE) a rendu publique une étude réalisée avec l'appui technique et financier du Programme d'Appui aux Entreprises (cofinancé par l'UE) en partenariat avec l'ANPME. Cette étude réalisée pour le compte des entreprises membres de la FIFAGE a pour finalité de tracer les grandes lignes de la stratégie de développement de la filière vieux papiers (VP) et cartons, pour améliorer la collecte et le recyclage du VP. En effet, le contexte actuel, comme expliqué par Jean-Pierre Delande et André Herman, les deux consultants du Cabinet TRANSTEC chargé de l'étude, est loin d'être rose. Les besoins des producteurs et transformateurs nationaux de papier et carton excèdent largement les volumes collectés par les récupérateurs. De même que le niveau de technicité de la filière récupération est assez faible. Le volume de vieux papiers actuellement collecté au Maroc est estimé entre 100 et 120.000 tonnes par an, hors déchets des caisseries réutilisés au sein des divers groupes, soit un ratio de 28 à 30 %. L'objectif que s'assigne le secteur est d'atteindre un ratio de 50% à l'horizon 2010. Un objectif qui ne semble pas hors d'atteinte puisque l'Europe, qui dépasse actuellement 60 %, franchissait à peine le seuil de 25 % au début des années 1990. Certes, l'Europe dispose d'un cadre législatif très clair auquel il faut se conformer, et de financement également, mais les professionnels marocains, eux, sont tout de même déterminés à faire aboutir ce projet. Si le Maroc avait un ratio de collecte de 250.000 tonnes, soit largement supérieur aux besoins de l'industrie nationale, cela permettrait d'éviter les importations et le handicap associé de coût, mais cela permettrait aussi d'exporter plus de 10.000 tonnes par an vers des marchés voisins comme l'Espagne. L'objectif d'augmenter la collecte est donc d'abord économique, mais aussi environnemental (recyclage de déchets) et social (création d'emplois ne nécessitant pas de qualifications pointues). «La survie du secteur dépend de la capacité de gérer les déchets», assure Aziz Qadiri, le Président de la FIFAGE. Les professionnels veulent en définitive avoir une vision claire qui émanera de cette étude qui, à leur sens, vise trois objectifs majeurs : le diagnostic du contexte actuel, le chiffrage du gisement existant et la proposition de recommandations pour améliorer le taux de collecte, donc le recyclage, comme les a énumérés Mounir El Bari, le Président de l'Association des fabricants de papier au Maroc. Il explique par ailleurs que la matière première représente 40 % des coûts de production, ce qui reste très coûteux par rapport aux pays concurrents. «Pour devenir compétitif, il faut faire des économies d'échelle, chose très difficile sans l'implication des autorités compétentes», explique-t-il. Les professionnels tablent donc sur la collaboration de toutes les parties pour mener à bien cette stratégie. «Avec le démantèlement tarifaire, l'industrie papetière va être asphyxiée par la cherté de la matière première», martèle-t-il. Une stratégie en 5 axes majeurs Les 5 axs de développement préconisés par Delande et Herman passent d'abord par la stabilisation et la rationalisation de la filière informelle. Cette restructuration de la situation existante vise à pérenniser l'organisation sommaire actuelle en intégrant davantage les acteurs de la filière. Le deuxième axe est celui de l'expérimentation, notamment avec le lancement d'un projet pilote de collecte sélective dans la ville d'Agadir, suivi d'autres projets dans de grands centres urbains dans une seconde phase. Il faudra par la suite mettre en place une politique de communication au niveau national impliquant les industriels du secteur et les pouvoirs publics afin de sensibiliser le grand public à l'adoption de collectes sélectives. Cette stratégie implique également les industriels des segments production, transformation et récupération de papier à travers un organe représentatif comme interlocuteur et acteur avec les pouvoirs publics dans le développement législatif. Enfin, il faudrait mettre en place un organe sectoriel de régulation et de coordination du recyclage du papier et carton. Mais la réussite d'une telle stratégie reste tributaire de la collaboration étroite des pouvoirs publics, et également des financements !