Dans l'ensemble, la couverture des médias nationaux de l'attentat d'Argana n'a pas été professionnelle. C'est, en substance, la mise en garde du CNDH qui a stigmatisé l'attitude des professionnels de la presse écrite et le faible degré de respect des règles déontologiques du métier dans leur traitement de cette affaire. Si le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) préfère jusqu'à présent garder le silence, les professionnels regroupés au sein de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) croient qu'il est de leur devoir de réagir à l'invective lancée par le jeune organisme présidé par Driss El Yazami. «Autant nous sommes attachés à la présomption d'innocence d'un terroriste, autant nous souhaitons que cette présomption s'applique également à un journaliste», souligne-t-on au sein de la Fédération. Et de préciser : «parmi les conditions nécessaires à un traitement professionnel d'une affaire de cette nature, il y a notamment le droit à l'accès à l'information, sur un même pied d'égalité, de tous les médias», La Fédération estime qu'«il est aussi crucial que les services de sécurité aient au préalable une stratégie de communication susceptible de se déployer en cas de situation de crise». «L'existence d'un porte-parole sécuritaire habilité qui puisse répondre aux questions des journalistes est également nécessaire, tout comme la loi qui encadre les informations classées confidentielles ou secrètes», est-il ajouté. La réponse de la Fédération revendique l'accès à l'information pour tous comme un préalable. Le CNDH, faut-il le rappeler, a visé dans sa lettre deux départements ministériels que sont la Justice et la Communication, ainsi que la HACA, le SNPM et la FMEJ. La démarche du conseil est tout à fait fondée du point de vue de ses attributions qui figurent dans son texte de base. Sans aller jusqu'à relever des cas passibles de poursuites, le conseil se contente jusqu'à présent d'exhorter le ministère de tutelle et la HACA à jouer leur rôle de relais. «Certains médias ont publié les photos, les noms complets des personnes poursuivies dans cette affaire et des membres de leurs familles, ainsi que des informations détaillées et précises à leur sujet, sans prendre en considération les critères, les règles juridiques et déontologiques à respecter en vue de garantir un procès équitable». Ce qui a été à l'origine de la sortie du CNDH de sa discrétion. La mise en garde de conseil tend à garder intacte la présomption d'innocence durant la phase de l'instruction judiciaire de l'affaire dont le parquet s'est saisie après l'aveu des trois principaux accusés.