Le SNPM et la FMEJ ont annoncé la mise en place d'une commission conjointe pour poursuivre les efforts visant à amender le Code de la presse et consacrer les règles de déontologie dans l'exercice de la profession. La liberté de la presse est à nouveau sur le devant de la scène. La Journée nationale de l'information célébrée le dimanche 15 novembre rappelle le climat tendu entre l'Etat et la presse. 2009 est une année très difficile pour la presse marocaine. Suite aux développements négatifs qui caractérisent le paysage médiatique actuel, la FMEJ et le SNPM ont constitué une commission conjointe qui sera chargée de mettre en oeuvre un plan d'action que les deux entités ont élaboré afin de parvenir, entre autres, à la rédaction d'une charte déontologique. La poursuite de la réforme du Code de la presse en se basant sur les principes de la liberté d'expression et les règles de la démocratie figure parmi les principaux objectifs de ce plan d'action. La commission visera ainsi à «évaluer l'action qui a été menée, en ce qui concerne l'élaboration de chartes de déontologie ou des mécanismes d'autorégulation qui ont été institués pour le respect des règles déontologiques, et procéder à l'actualisation des textes, des mécanismes et des visions» peut- on lire dans un communiqué conjoint de la FMEJ et du SNPM daté du jeudi 12 novembre. Il sera aussi question de «réviser la convention collective à la lumière des développements que connaît le secteur de la presse dans la perspective d'y intégrer le respect de la déontologie et de la charte éditoriale» et «engager un débat sur les propositions visant au développement des entreprises de presse et la modernisation de la gestion et de l'action de celles-ci». La création de cette commission est l'aboutissement d'un processus de réflexion qui a débuté depuis quelques mois avec le déclenchement de plusieurs affaires de presse. Les procès se multiplient et les amendes exorbitantes infligées aux journaux menacent de disparition des entreprises de presse. Une situation que condamne fermement la FMEJ qui a qualifié les verdicts prononcés récemment, dans un communiqué daté du 6 juillet, d'«escalade judiciaire qui ne sert pas l'Etat de droit». Le communiqué avait également souligné qu'il existe «une vraie radicalisation de la politique judiciaire, se traduisant chaque fois par une augmentation des amendes, qui ne vise pas une réparation morale, mais la fermeture de journaux». Si la FMEJ et le SNPM restent solidaires avec la presse, ces derniers appellent toutefois à un respect strict de la charte de déontologie. «Tous les éditeurs de journaux et les professionnels de l'information doivent se conformer au strict respect de la charte de déontologie de notre fédération qui rejette, formellement et solennellement, toutes les dérives éthiques dans l'exercice de la profession pouvant porter atteinte aux fondements de notre pays dont notamment le respect dû à SM le Roi et à la famille Royale», souligne un communiqué de la FMEJ diffusé le 4 octobre dernier. La fédération réclame le «respect scrupuleux des procédures judiciaires, de la présomption d'innocence et des garanties des droits de la défense». La création de la commission FMEJ-SNPM constitue donc un tournant pour la profession. Cette structure se réunira dans les plus brefs délais pour entamer la mise en exécution de ce programme d'action. ------------------------------------------------------------------------ Quand les politiques s'en mêlent Une journée d'étude sur la presse nationale, avec la participation de plusieurs groupes parlementaires de l'opposition et de la majorité, sera bientôt programmée sur initiative du groupe parlementaire du Parti Authenticité et Modernité (PAM). Plusieurs acteurs et potentialités du secteur participeront également à cette rencontre, a précisé Hakim Benchemass, secrétaire général-adjoint du PAM. «En perspective de clarifier la relation entre liberté et responsabilité dans la pratique de la profession. Cette rencontre qui associe des groupes parlementaires sera focalisée sur le débat en cours au niveau de la presse nationale dans ses multiples dimensions et problématiques», a précisé M.Benchemass dans une déclaration diffusée par la deuxième chaîne de télévision 2M mardi soir. A ce propos, le PAM a adressé des invitations à tous les groupes parlementaires à la Chambre des représentants pour participer à cette manifestation. Les groupes du parti de l'Istiqlal et de l'Union socialiste des forces populaires on fait part de leur accord de principe, selon M. Benchemas. «Le champ médiatique au Maroc appelle aujourd'hui à un débat large et approfondi. Il y a un besoin pressant d'un tel débat pour dégager des voies de solution», a souligné pour sa part Ahmed Zaïdi, président du groupe parlementaire de l'USFP à la Chambre des représentants. Par ailleurs, l'on s'attend à ce que les parlementaires déclinent des propositions d'amendement pour développer le dispositif législatif régissant le domaine de la presse dans le sens du renforcement des libertés et la garantie d'un climat serein pour une pratique journalistique respectueuse de la déontologie de la profession. Les jugements prononcés en 2009 à l'encontre de certains organes de presse - Le directeur de la publication du quotidien Akhbar Al Youm, Taoufik Bouachrine et le caricaturiste Khalid Gueddar ont été jugés le 30 octobre 2009, pour outrage au drapeau national dans la caricature en relation avec le mariage de SA le Prince Moulay Ismail publiée dans le journal. La sanction prononcée à leur encontre a été de quatre ans de prison avec sursis, 10.000 DH d'amende, 3 millions DH de dommages et intérêts. Ainsi que la fermeture définitive des locaux du journal. - Pour l'affaire Hafsa Amehzoun, Driss Chahtane, le directeur de la publication de l'hebdomadaire Al Michaal, a été jugé le 27 octobre 2009. La sanction a été de 500 DH d'amende, 500.000 DH de dommages et intérêts, et 3 mois de prison avec sursis. - Ali Anouzla, le directeur de la publication du quotidien Al Jarida Al Oula, a été condamné le 26 octobre 2009, pour l'affaire Rotavirus, à un an de prison avec sursis et 10.000 DH d'amende. Quant à la journaliste Bouchera Eddou, elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 5000 DH d'amende. - Le directeur de la publication de l'hebdomadaire Al Michaal, Driss Chahtane a été condamné le 15 octobre 2009, pour l'affaire Rotavirus, à un an de prison ferme et 10.000 DH d'amende. - Le directeur de la publication de l'hebdomadaire Economies et Entreprises, Hassan Alaoui, a été condamné en appel le 30 juin 2009, à verser 5,9 millions DH pour diffamation à l'encontre de l'entreprise Primarios (siger). En première instance, il devait payer 1,8 million DH. - Les directeurs de la publication d'Al Jarida Al Oula, Al Ahdath Al Maghribia et Al Massae, ont été condamnés le 29 juin 2009, pour l'affaire Mouammar Kadhafi, à verser 1 million DH de dommages et intérêts chacun, au président libyen.