Les commandes des touristes français pour la destination Maroc ont chuté de 12% à fin mai. Tanger et Marrakech s'attendent à une belle saison grâce aux rencontres internationales et aux MRE. Agadir attend les touristes nationaux avec impatience. De Tanger à Agadir, en passant par Marrakech, les hôteliers marocains s'apprêtent de nouveau à vivre une saison estivale compliquée. A lire la presse spécialisée française, ce n'est pas cet été que les touristes français, traditionnellement le premier marché émetteur pour le Royaume, feront leur grand retour au Maroc. Ainsi, d'après le baromètre des Entreprises du voyage/Atout France à fin mai dernier, les prises de commandes pour la destination Maroc ont chuté de 12%. A l'inverse, à cette même époque, l'augmentation des prises de commandes pour l'Espagne (+11%) et le Portugal (+21%) montre l'intérêt croissant des touristes français pour ces destinations d'Europe du Sud qui présentent les mêmes caractéristiques (balnéaire et soleil) que le Maroc. Du coup, de ce côté de la Méditerranée, les hôteliers naviguent entre optimisme et abattement. A Tanger, c'est le premier sentiment qui prévaut. «Nous avons fait un très bon mois de mai grâce à la tenue d'événements MICE. Après un Ramadan relativement calme, malgré l'organisation, par les hôteliers, de f'tours à thèmes, nous nous apprêtons à vivre une bonne saison estivale», annonce pour sa part le directeur du CRT Tanger-Tétouan, Abdelghani Ragala. Il faut dire qu'entre la Med-COP22, qui se tiendra les 18 et 19 juillet dans la ville du détroit et pour laquelle jusqu'à 2 500 participants sont attendus, et l'arrivée annoncée du Roi d'Arabie Saoudite, Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, les professionnels du tourisme à Tanger auront de quoi remplir leurs chambres. «C'est archi-plein», se félicite Nabil Benjelloun, directeur des hôtels Mogador, qui compte le Grand Mogador Sea View de Tanger. «Tanger est la destination préférée des MRE. Nous observons également une vague d'arrivée de familles algériennes qui se rteportent sur Tanger parce qu'elles ne vont plus en Tunisie ou en Egypte», poursuit le directeur. Il en est de même pour le Tamuday Bay pour qui la saison s'annonce prometteuse. Les complexes hôteliers de Marrakech sont optimistes A Marrakech, les complexes hôteliers préfèrent également rester optimistes. «La saison estivale s'annonce excellente. Nous allons certainement être complets même s'il reste, pour l'instant, quelques dates disponibles entre juillet et août. Cela présage donc d'un excellent été», confie Abdellali Chaoui, propriétaire de l'Eden Andalou. Les autorités gadiries ont lancé une campagne de communication En affectant des ressources humaines à la gestion de l'outil internet, l'établissement a réussi à diversifier sa clientèle et à se faire référencer à l'international. «Environ 80% des réservations pour cet été viennent de touristes étrangers, notamment des Scandinaves et des Britanniques. Avec internet, nous avons même des touristes sud-coréens, thaïlandais, boliviens, etc. Pour le marché français, la situation reste très difficile, notamment pour les voyagistes spécialisés. Malgré la crise, nous restons optimistes», poursuit Abdellali Chaoui qui reconnaît que son établissement s'adapte aux crises. Autre établissement bien établi à Marrakech, le groupe Palmeraie Resorts a quant à lui conçu une offre «all-inclusive» qui, dès son lancement, a reçu un accueil largement positif et a permis d'augmenter le nombre de commandes quotidiennes. «Pour l'instant, nous n'observons pas de retard sur nos réservations. Nous sommes en phase avec nos objectifs. Il faut toutefois avouer que les touristes ne se bousculent pas», explique Patrick Lebufnoir, DG du pôle Hôtellerie et loisirs du groupe. A Agadir, autre destination traditionnellement appréciée par les touristes étrangers et nationaux, les hôteliers sont, à l'inverse, beaucoup plus nuancés. «La saison ne s'annonce pas très bien. Les tour-opérateurs sont absents à l'appel ; le marché français ne bouge pas ; même les marchés britanniques et allemands sont en baisse. Nous n'attendons plus que les nationaux», désespère Mohammed Chafik Mahfoud, directeur du Kenzi Europa. Du côté du CRT de la région, c'est un tout autre son de cloche. «Nous sommes très optimistes. Jusqu'au 10 septembre, il sera difficile de trouver une chambre. Certains hôteliers commencent même à paniquer et redoutent le surbooking. Avec cela, nous espérons terminer l'année avec +2%», annonce Fouad Hajoui, directeur du CRT. Une large campagne de communication à destination des touristes nationaux a par ailleurs été lancée sur les chaînes nationales. «La clientèle nationale est la première à Agadir. Nous voulons consolider le produit auprès de cette base qui représente entre 30 et 35% de nos arrivées», poursuit-on du côté du CRT.