Les principales destinations estivales du pays ont atteint de bons taux de remplissage. Mais très peu d'hôtels ont affiché complet. Les nuitées des touristes nationaux et MRE rattrapent un peu les pertes enregistrées sur les marchés émetteurs. Après la forte versatilité enregistrée ces derniers mois, la saison estivale était particulièrement attendue par les professionnels du tourisme. Alors qu'elle arrive à son terme, les premières tendances se dessinent et laissent présager des résultats mitigés pour l'ensemble des destinations. «Les Marocains de l'intérieur et de l'extérieur ont été les plus présents, et ce, même si certains marchés émetteurs, comme l'Espagne, reprennent timidement. Globalement, les taux d'occupation moyens devraient être satisfaisants mais les prix ont été inférieurs de 10 à 20% en moyenne par rapport à ceux pratiqués l'année dernière», résume d'emblée Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH). A Marrakech comme à Agadir ou Tanger, la même tendance prévaut. Dans la ville ocre d'abord, la saison semble d'ores et déjà avoir été dominée par la présence des touristes nationaux et MRE. «L'activité générée par la campagne MRE rattrapera en partie le retard accumulé depuis l'attentat du musée du Bardo à Tunis et la vague d'annulations et le net recul des réservations qui s'en sont suivis», estime ainsi Abdelali Chaoui, PDG de l'Eden Andalou, dont la clientèle étrangère ne représente plus que 30% contre 60% auparavant malgré les efforts consentis en termes de prix. «Vu le contexte, même la clientèle étrangère se met à réserver au maximum une semaine à l'avance, selon l'évolution du contexte géopolitique», remarque M. Chaoui. Ce dernier ne regrette donc pas d'avoir choisi de prioriser le marché local. «Nous avons une chance inouïe. En privilégiant le marché local, cela nous sauve aujourd'hui. Nous travaillons déjà pour Aïd Al Adha et sommes presque complets», admet le PDG. A Agadir, le prix d'une chambre pouvait fluctuer au cours de la journée A Agadir, le ressenti est le même. En juillet déjà, les établissements classés d'Agadir ont enregistré un taux d'occupation moyen de 46,84%, en légère baisse par rapport à juillet 2014 (46,86%). Le Conseil provincial du tourisme (CRT) de la ville précise par ailleurs que «seulement 12 établissements hôteliers (5*, 4*, villages de vacances de 1ère et 2e catégories, résidences de 3e catégorie), soit une capacité de 8 023 lits, ont enregistré un taux de remplissage moyen de 72,91%». Pour le mois d'août, le taux de remplissage moyen devrait s'établir entre 80 et 90%. «Si la saison est bonne, ce sera grâce aux nationaux et aux MRE. Probablement moins présents en août qu'en juillet, les touristes étrangers, à savoir notamment des Allemands, des Britanniques et quelques Français, ne représenteront qu'une faible partie de l'activité globale de cet été», estime avec prudence Youssef Maoun, directeur du CRT d'Agadir, préférant attendre les chiffres officiels avant de se prononcer de façon catégorique. Néanmoins, le constat est identique chez les professionnels de la ville. «En front de mer, rares sont les hôtels qui ont été complets. Contrairement à l'été 2014, il y avait des chambres disponibles à la dernière minute. Résultat, il y a eu énormément d'ajustements des prix au cours d'une même journée. Beaucoup de nos clients en ont d'ailleurs profité pour prolonger leur séjour», précise Chafik Mahfoud Filali, directeur du Kenzi Europa et président de l'Association régionale de l'industrie hôtelière (ARIH). Même les résidences touristiques de la ville n'ont pas affiché complet mais des taux de remplissage de 40 à 60%, à l'exception de la station Biladi d'Imi Ouaddar, Lunja Village, qui semble avoir affiché complet dès fin Ramadan. Inquiétudes pour septembre Au Nord enfin, «les établissements classés étaient quasiment complets. Si les arrivées de touristes internationaux sont restées très timides cet été, malgré une légère reprise du marché espagnol, la saison devrait être intéressante grâce aux arrivées des touristes nationaux et MRE», indique Abdelghani Ragala, directeur du CRT de Tanger, qui relève toutefois la concurrence de plus en plus rude du logement informel. La destination souffre encore du manque d'offres dédiées aux touristes nationaux et du retard pris dans le développement des projets en cours, dont les deux hôtels Hilton en cours de construction au complexe Tanger City Center. A Saïdia, l'Iberostar et le Be Live ont affiché entre 80 et 90% d'occupation en juillet et 100% en août, avec, comme depuis l'ouverture de la station, une prédominance des touristes nationaux par rapport aux touristes étrangers, essentiellement portugais, tchèques ou espagnols. «En août, il était difficile de trouver une chambre d'autant que les prix étaient relativement élevés», a pu constater Youssef Zaki, président de l'ARIH de l'Oriental. En cette fin de mois d'août, après avoir passé l'été chacun de son côté, les professionnels s'inquiètent d'ores et déjà pour le mois de septembre. «Notre manque de visibilité laisse craindre le pire», s'alarme M. Zelmat. La toute récente affaire du Thalys ne présage d'ailleurs rien de bon.