Aucune destination n'échappe au contexte difficile. Les arrivées de touristes français décrochent. Les réservations sont faites à la dernière minute. Compte tenu du contexte, ce n'est guère une surprise mais, jusqu'au bout, les professionnels auront espéré clôturer une année bien entamée sur une note tout aussi positive. Avec +2,9% d'arrivées et +3,8% de nuitées cumulées à fin novembre, l'année 2014 du tourisme était sur le point de s'achever dans le vert. Mais les mois de novembre et décembre, très mitigés, pourraient saper les mois précédents. Malgré les efforts de communication fournis juste après l'assassinat du randonneur français en Algérie, les vacances de fin d'année, période traditionnellement qualifiée de haute saison pour le marché français notamment, n'ont pas connu l'affluence habituelle. A Tanger, après un mois de novembre catastrophique, la fin d'année n'a guère été différente. Faute de communication et d'animation, la ville n'a pas attiré les foules. «Il y a également un problème de prix puisque nos hôtels sont parfois plus chers que ceux de nos voisins de la Costa del Sol. Il nous faudra une stratégie plus accrocheuse pour les prochaines années», nous indique-t-on du côté du CRT de la ville. Le phénomène de la réservation à la dernière minute n'a pas non plus aidé les professionnels alors même que l'hiver dernier, les réservations s'étaient faites plus tôt dans le mois de décembre. «Cette année, la majorité des touristes a réservé à la dernière minute. Résultat : les hôtels ne se sont remplis que 3 jours avant le jour de l'An, compliquant l'organisation de l'événement. Au final, le taux d'occupation moyen de la fin de l'année devrait être compris entre 45 et 55%», poursuit-on au sein du CRT. Plus au Sud, la situation n'est pas moins compliquée. A Agadir par exemple, les résultats diffèrent selon les hôtels. Certains ont pu réaliser des taux d'occupation de 90% et d'autres de 18%, sans que la différenciation se fasse selon la catégorie ou l'emplacement de l'établissement. C'est plutôt la stratégie de certains hôteliers, agressifs en termes de prix, qui leur a permis de limiter la casse. Marrakech tient difficilement le coup «Entre le 25 décembre et le 2 janvier, tout s'est très bien passé, notamment grâce à l'animation organisée dans la ville pour les fêtes de fin d'année. A partir du 3 ou 4 janvier, les hôtels ont rapidement désempli. Le mois de décembre devrait de toute façon enregistrer une baisse de 20% en arrivées et nuitées», explique Chafik Mahfoud, président de l'Association régionale de l'industrie hôtelière (ARIH) d'Agadir. A Marrakech, destination généralement très sollicitée en fin d'année, la situation est aussi difficile à évaluer. «Globalement, les professionnels ont été satisfaits. Tous les marchés émetteurs se sont bien comportés, sauf le marché français, en stagnation», confie une source dans la ville ocre. Le constat est un peu plus amer pour Lahcen Zelmat, vice-président de l'ARIH de Marrakech. «La fin d'année a été moyenne, sans plus. Les hôtels du centre-ville, dans le quartier Hivernage notamment, ont bien fonctionné avec environ 70% de taux d'occupation mais en s'éloignant le taux d'occupation tombe à 30%», déclare-t-il. D'après ce dernier, le marché français accuse une baisse de 30%, les touristes russes, sur lesquels les professionnels comptaient beaucoup, ont été aux abonnés absents, et le marché interne se serait moins bien comporté que d'habitude. Seuls les marchés britannique et allemand, et dans une moindre mesure espagnol et polonais, restent dynamiques. En outre, 50% des arrivées à l'aéroport auraient filé entre les doigts des hôteliers, leur préférant riads, appartements ou maisons d'hôtes non classées.