Alors que dans de nombreux domaines on parle depuis quelque temps de basse conjoncture voire de déprime, les professionnels du tourisme affichent, eux, un optimisme assez remarquable. L'été, si l'on croit les gens du tourisme, s'annonce radieux, non seulement dans les destinations balnéaires, mais aussi dans les villes continentales. Ainsi, Marrakech est devenue aujourd'hui une destination qui ne désemplit pas, et ceci pour deux raisons, selon un patron qui gère plusieurs unités. Pour lui, les hôtels sont devenus compétitifs en terme de prix et la ville connaît une animation de plus en plus intéressante. Globalement, malgré une petite détente sur les réservations en juin, en raison du repli du marché français, principal marché émetteur pour la ville ocre, et ce compte tenu notamment des élections législatives des 10 et 17 juin courant, on ne remarque pas vraiment de tendance à la baisse. Les deux mois suivants, en revanche, s'annoncent bons. Pour la période du 20 juillet au 31 août, la plupart des établissements annoncent des taux de remplissage prévisionnels honorables. Les responsables d'Atlas Hospitality prévoient un taux de remplissage moyen de leurs établissements de 78 % pour les quatre étoiles et de 71% pour les cinq étoiles. Marrakech, contrairement à il y a dix ans, attire désormais les touristes même en été, selon les spécialistes du voyage, car, «malgré la chaleur dans la journée, les soirées y sont fraîches et agréables». Enfin, explique un spécialiste, «les tour-opérateurs électroniques ont rattrapé les TO classiques en terme de prix puisqu'ils sont devenus aussi compétitifs et leur activité croît à un rythme à deux chiffres». En effet, avec l'internet et l'augmentation des rotations aériennes, les touristes étrangers peuvent se confectionner leur voyage tranquillement à partir de chez eux. Agadir mise sur les Belges et les Français Le phénomène Marrakech est en train d'atteindre Fès et sa région. S'il n'y a pas de chiffres pour les réservations, Driss Faceh, le président du CRT (Conseil régional du tourisme), n'en relève pas moins que cet été s'annonce meilleur que celui de l'année dernière, qui était lui-même meilleur que celui de 2005. Ceci pour dire que la période estivale ne constitue plus une basse saison pour Fès, se réjouit Driss Faceh. Explications : «Nous sommes passés de 20 rotations aériennes par semaine, il y a deux ans, à 70 rotations aujourd'hui. En outre, il y a l'hôtellerie de charme qui attire de plus en plus de clients étrangers et de résidents, et comme l'arrière-pays n'est pas inintéressant, la ville reprend du souffle». Autre argument avancé par le président du CRT de Fès : «L'équipement en climatisation qui permet aux touristes de passer des journées agréables». A Agadir, la destination estivale numéro un du pays, les professionnels sont tout aussi optimistes, surtout que le produit est de mieux en mieux maîtrisé. Et si, comme l'explique Salah-Eddine Benhammane, le président de l'Association des industries hôtelières de la ville (AIH), le mois de mai a connu une petite stagnation, on table pour juin sur une progression des nuitées de plus 12 %, ce qui est exceptionnel. Par contre, en juillet et août où la station fait le plein, la hausse sera de 3 à 4%. Et pour cause, les taux d'occupation atteignent déjà 74 à 76% et 80 à 82% durant ces deux mois. Ces progressions sont le fait des marchés de l'Est, qui ne programment Agadir qu'en été, et des nationaux, explique cet opérateur. Agadir voit aussi depuis quelque temps le retour des Français et des Belges qui compensent le tassement des arrivées des Allemands et la désertion des Scandinaves qui programment la destination uniquement en hiver. Enfin, après plusieurs années de sinistrose, Tanger et sa région commencent également à connaître un nouveau souffle. «Tanger ne s'est jamais aussi bien portée qu'en ce moment», affirme Mohamed Hitmi, président du CRT. «La ville, qui est en plein chantier, voit arriver de plus en plus de TO, notamment anglais, pour prospecter la destination, après qu'il l'aient boudée durant vingt ans», fait-il remarquer. Mais la ville doit augmenter sa capacité d'accueil, car si les établissements hôteliers rénovés ou neufs fonctionnent convenablement, ceux qui vivent sur leur passé risquent de rester vides. Et ce qui est valable pour Tanger est aussi valable pour les villes avoisinantes, conclut M. Hitmi .