La performance est due à l'amélioration de la production au titre de la campagne 2014/2015 et aux efforts des opérateurs dans la prospection. La majorité des viniculteurs ne sont pas en mesure de s'attaquer aux marchés étrangers à cause de la petitesse de leurs exploitations. Les exportations marocaines de vins ont augmenté de 30% en 2015. Elles sont passées de 40000 hectolitres en 2014 à 52000 hl lors de l'exercice écoulé, soit un chiffre d'affaires de 104 MDH. Cette progression qui a permis aux opérateurs nationaux de renouer avec le niveau de 2010, s'est réalisée malgré la baisse de 20% de la consommation mondiale de vin. Elle est principalement due au niveau de la production au titre de la campagne 2014/2015, en hausse de 20% par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes vitivinicoles (328 000 hl), à près de 409900 hl, mais aussi aux efforts de prospection engagés par les opérateurs sur les marchés étrangers. C'est le cas des Celliers de Meknès, premier producteur de vin national avec 73,5% du volume total et 94% de part de marché et près de 90% des quantités exportées. «Le vin destiné aux marchés étrangers représente un peu moins de 5% de notre production totale annuelle», explique la responsable Export du groupe. Les Celliers de Meknès, qui a engagé depuis quelques années déjà une stratégie de développement à l'international, est décidé aujourd'hui à augmenter les quantités à l'export et de conquérir de nouveaux marchés, principalement ceux de niche. A cet effet, 400 MDH ont été investis dans l'amont viticole. 2 000 ha sur les 2 500 ha de propriétés du groupe ont été valorisés. Un montant équivalent a été investi dans l'outil industriel afin de moderniser le process de production et augmenter les capacités. Valeur aujourd'hui, les vins du groupe sont commercialisés dans de nombreux marchés européens, principalement en France et en Grande-Bretagne, mais aussi au Japon, en Chine, aux Etats-Unis et au Sénégal. «Le groupe est sur le point de signer des contrats avec des distributeurs russes et camerounais», confie la responsable Export qui explique toutefois que l'ouverture de nouveaux marchés nécessite souvent des investissements pour l'adaptation de l'outil industriel. A titre d'exemple, pour le marché camerounais, l'opérateur produit à la fois du vin conditionné dans des bouteilles de 1l et 1,5l. Les équipes commerciales des Celliers de Meknès sont également en prospection sur d'autres marchés. Si l'opérateur numéro un du marché a aujourd'hui les moyens d'aller conquérir d'autres marchés, il n'en est pas de même pour la quasi-totalité des acteurs, notamment en l'absence d'une stratégie sectorielle et d'actions d'accompagnement à l'export. Les marges réalisées au Maroc sont très confortables Le secteur de la vitiviniculture est investi par neuf opérateurs. Les Celliers de Meknès et la Société de vinification et de commercialisation du Maroc (SVCM) assurent 94,1% de la production. Le reste est partagé entre la Ferme Rouge, Bourchanin, Vinvest, Val D'argan, les Coteaux de Saadia, Celliers du Gharb et Thalvin. Ces producteurs exploitent 12 caves dans les régions de Meknès (40% de la production nationale en 2014/2015), El Hajeb (27,5%), El Gharb (11%), Benslimane (12,5%), ainsi qu'à Khémisset, Doukkala, Essaouira, Zaër et Berkane. Cette structure du secteur fait que la production de 80% des opérateurs varie dans une fourchette de 1 000 à 15000 hl. «La taille des exploitations qui est en moyenne de 200 ha ainsi que la faiblesse des quantités produites représentent aujourd'hui pour nous un véritable handicap à l'export», regrette Jacques Poulain, gérant de la Ferme Rouge, qui confirme que les quantités exportées par son domaine sont insignifiantes. En outre, la demande est focalisée sur les produits bon marché. En effet, 70% des exportations marocaines de vin se font en vrac. Et les bouteilles concernent principalement les marques d'entrée de gamme. D'ailleurs, selon la porte-parole des Celliers du Maroc, Guerouane est la marque la plus exportée par le groupe, suivie de Châteaux Roslane, Benimtir et Ksar Lbahia destinées principalement aux marchés de niche. En d'autres termes, le vin marocain, très réputé pour son goût et sa qualité, «est vendu à peine à 3euros/l en vrac et 5 euros/la bouteille», explique Charles Mélia, DG des Domaines Val D'Argan, dont 2% de la production est commercialisée sur les marchés étrangers. Et d'ajouter : «On est certes intéressé par l'export, mais nous n'avons pas les moyens pour s'aligner sur les prix de vente à l'international, principalement sur les marchés traditionnels. Ainsi, si l'on veut chercher des marchés de niche tels que la Russie, le Japon et la Chine, nous devons avoir des volumes qui peuvent justifier cette démarche». En somme, ce domaine qui produit 200000 bouteilles par an trouve que le marché national reste plus valorisant pour sa production. Les marges y sont plus confortables puisque les prix sont plus élevés qu'à l'export.