Une partie des plantations réalisées dans le cadre du plan d'action prioritaire 2014 a été détruite suite au lancement des travaux relatifs à la 2e ligne du tramway. Les élus tirent la sonnette d'alarme et réclament une intervention urgente du Conseil de la ville pour limiter les dégâts. Aux boulevards Moulay Ismaïl, Moulay Slimane, Abdelkrim El Khattabi ou encore du côté du zoo d'Ain Sebaâ et Route d'El-Jadida, ainsi que dans d'autres grandes artères de la métropole, les travaux de plantation des arbres ne se terminent jamais. A peine mis en terre, ils sont arrachés avant d'être remplacés par de nouveaux ou d'être replantés quelques mètres plus loin. A force de voir ces éternels chantiers, d'aucuns n'hésitent à affirmer que «ces travaux sont un moyen pour détourner les budgets». D'autres les considèrent comme «un outil de communication préélectorale». Or la vérité est ailleurs. «Ce désordre que connaît la ville en matière d'aménagement des espaces verts est tout simplement une conséquence de l'absence de coordination entre le Conseil de la ville et certaines sociétés de développement local», assure une source au sein du Conseil de la ville. Preuve en est, le conseil a consacré en 2014 (dans le cadre du plan d'action prioritaire) un budget de 28 MDH pour l'accélération du projet des espaces verts d'accompagnement des boulevards et carrefours. Ce programme s'est traduit par la plantation de 800 palmiers et 4800 arbres dans plus de 40 quartiers et boulevards relevant de 7 préfectures. Quelques mois plus tard, Casa Transport a démarré les travaux de déviation des réseaux souterrains d'eau, d'électricité, d'assainissement et de télécommunications, visant la libération des voies devant accueillir les futurs plateformes relatives à la deuxième ligne du tramway ainsi que l'extension de la 1ère ligne. Naturellement, les arbres n'ont pas été épargnés, alors qu'ils avaient été plantés lors de la première phase du projet de développement des espaces verts. Plus de 400 ont été déracinés dont 90% sont irrécupérables, «ce qui représente une perte de 7 MDH pour la ville (arbres et travaux d'aménagement)», déclare un responsable. Les pertes seront encore plus conséquentes puisque les travaux ne sont pas encore terminés. «La SDL est en cours de réalisation des transplantations dans d'autres zones telles que Hay Tissir, bd. El Fida, bd. Bouchaïb Doukkali...», avance notre source qui fait remarquer que «dans certaines zones tel que le Nœud A (à proximité de la Route d'El Jadida), les arbres ont été déracinés 10 jours après leur plantation». Aucune partie n'accepte d'assumer la responsabilité Les élus tirent la sonnette d'alarme ! Ils considèrent que le Conseil de la ville doit trouver une solution en vue d'arrêter cette hémorragie. Autrement dit, ils confirment qu'il est aujourd'hui plus qu'urgent que la ville harmonise sa stratégie de développement des espaces verts en obligeant Casa Transport à communiquer sur les itinéraires des 4 nouvelles lignes de tramway prévues d'ici 2022 afin que ce problème ne se reproduise plus. Mais surtout de trouver des solutions pour minimiser les dégâts sur les tronçons concernés par les travaux en cours. Contactées par La Vie éco, les équipes de la SDL expliquent que «pour les projets de Casa Transport (tramway, Nœud A), l'opération de transplantation des arbres se déroule en coordination avec les autres instances de la ville, notamment les services concernés de la Commune de Casablanca». Elles précisent que les axes qui font l'objet de travaux du tramway ont été identifiés il y a plus de trois ans. «Plusieurs réunions ont été tenues avec les services du Conseil de la ville et de la wilaya en matière de programmation et de coordination. L'objectif était que la ville n'engage pas de travaux de voirie ou de transplantations sur ces axes qui vont faire l'objet de déviation des réseaux ou de mise en place de rails», explique-t-on. Casa Transport confirme également que les décisions concernant les transplantations d'arbres sont prises au niveau d'une commission spécialisée instituée à cet effet et qui réunit la wilaya, la commune, la préfecture des arrondissements et les arrondissements concernés. Pour dégager toute responsabilité, elle s'est engagée à restituer au moins le même nombre d'arbres existants sur un carrefour emprunté par le tramway. Il en fut ainsi pour la T1 et ce sera pareil pour la T2, promet-on. Contacté à ce sujet, le vice-président de la Commune urbaine de Casablanca, chargé de ce dossier, n'a pas donné suite à notre demande. Le constat fait sur le terrain, lui, confirme la discordance de la stratégie de développement des espaces verts de la métropole. [tabs][tab title ="Le patrimoine végétal se détériore"]Hormis l'aspect financier, ce manque de cohérence a également un impact sur le patrimoine végétal casablancais. Et pour cause, «le projet de réhabilitation du parc de la Ligue arabe a impliqué la destruction de plusieurs espèces rares. A cela s'ajoute près de 27 palmiers (plantés en 1926) qui ont été déracinés de la place MohammedV», explique notre source. Et d'ajouter, «Casa Aménagement, maître d'ouvrage du projet, pouvait éviter ces pertes s'il avait impliqué les services compétents dans ce projet». Contacté par La Vie éco, Driss Moulay Rchid, directeur de la SDL, assure que toute décision prise dans ce projet a été validée par le Conseil de la ville. «Nous travaillons sous la houlette de la CUC. Par conséquent, aucune démarche ne peut être entamée si nous n'avons pas l'aval des autorités».[/tab][/tabs]