30 à 40% des primes de la branche automobile sont réglés avec des facilités de paiement. Les créances sur les intermédiaires et les assurés dues aux compagnies s'élèvent à 7 milliards de DH, soit environ 25% de la production du secteur. A quelques jours de l'entrée en vigueur (1er avril) de la nouvelle circulaire de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) sur le recouvrement des primes, assureurs et intermédiaires se préparent activement. Les premiers ont beau rassurer, les seconds nourrissent encore des appréhensions quant aux nouvelles règles du jeu. Principale inquiétude : la vente à crédit qui constituait pour longtemps leur premier argument commercial n'est plus possible. De plus, les chèques devront être libellés au nom de l'assureur au lieu de son intermédiaire. De fait, les rapports entre les deux parties devront être précisés par écrit dans le traité de nomination ou dans la convention de collaboration. Cette décision va perturber beaucoup d'intermédiaires qui agissaient avec une certaine flexibilité, parfois à leurs dépens. Leurs pratiques ont en effet entraîné des faillites. Pour Bachir Baddou, directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d'assurance et de réassurance (FMSAR), l'attitude du réseau de distribution est tout à fait compréhensible puisqu'il s'agit d'une reconfiguration du mode opératoire en vigueur jusque-là. «Cette évolution réglementaire vise justement à protéger en premier lieu les intermédiaires contre les risques d'impayés». Selon les professionnels, entre 40 et 50% des primes d'un exercice ne sont pas recouvrés. Le montant s'élève à près de 7 milliards pour l'ensemble du secteur toutes branches confondues. De surcroît, les assureurs trouvent une grande difficulté à distinguer entre les impayés des assurés et ceux qui relèvent de la rétention des primes par les intermédiaires. «La circulaire sur le recouvrement apportera à cet égard plus de transparence et les compagnies d'assurance pourront constituer les provisions en fonction de la nature des créances», commente un opérateur. Chaque compagnie adoptera la formule de son choix pour recouvrer ses créances En vue de rassurer les opérateurs et réfléchir aux actions transitoires, la FMSAR se réunira le 7 avril avec les intermédiaires représentés par leur fédération professionnelle. Selon des sources bien renseignées, il s'agira, d'une part, de proposer des solutions pour l'apurement du stock des anciennes créances, et, d'autre part, de préparer de nouveaux mécanismes pour les nouvelles primes. Sur le premier registre, chaque compagnie adoptera sa propre démarche pour le recouvrement du stock, et ce, au cas par cas. «Les paramètres de décision seront le niveau d'endettement, la capacité à rembourser et le niveau des charges de structures de l'intermédiaire», explique un directeur financier d'une compagnie de la place. Un autre assureur informe que son établissement se rapprocherait des banques pour faciliter l'octroi de crédits à des groupes de courtiers et agents pour qu'ils puissent rembourser leurs créances. «Il n'est pas exclu que les opérateurs s'entendent sur une formule», ajoute le directeur financier, tout en rappelant que l'échelonnement se fera sur une durée de deux ans, délai légal de prescription des créances. Wafasalaf a déjà formulé son offre, Taslif et Axa crédit pourraient lui emboîter le pas Pour l'encaissement des nouvelles primes à compter du 1er avril, le management de la FMSAR indique que toutes les compagnies travaillent sur des solutions permettant de souscrire à des garanties de trois mois et qui pourront être formalisées lors de la prochaine réunion. «Il n'y a pas de risque d'effritement de la clientèle du moment que les mêmes règles vont prévaloir pour tout le secteur et que l'assurance automobile est obligatoire», rassure M.Baddou. Dans l'attente des conclusions de la réunion, Wafa Assurance est partie à l'offensive en proposant un système de financement des primes automobiles à crédit avec Wafasalaf. Le règlement de la prime peut se faire à crédit en 3, 6 ou 10 mensualités. Selon la compagnie, la démarche est simplifiée et le traitement des dossiers, constitués d'un relevé bancaire, d'un justificatif de l'activité et d'un spécimen de chèque, se fait en un temps record. A titre d'exemple, pour un montant de 2 500 DH et un paiement de l'assurance automobile sur 3 mois, la mensualité est de 834 DH TTC, en plus des frais de dossier de 54 DH TTC. A en croire un responsable de la compagnie, plusieurs primes ont été déjà financées à crédit à la veille de l'annonce de la nouvelle solution de financement. Une chose est sûre, le besoin et le potentiel existent. Selon des assureurs, avec une moyenne de 2 000 DH par police, entre 30 et 40% des primes des voitures de tourisme sont payées aujourd'hui à crédit, soit environ 3 milliards de DH. «Il faut s'attendre à ce que 20 à 25% des clients concernés fassent appel aux sociétés spécialisées, étant entendu qu'il y en a qui manifestent une aversion pour ces dernières», nuance le directeur financier. En retenant ces hypothèses, c'est tout de même un marché de 2 milliards de DH qui s'ouvre aux sociétés de financement. Les autres opérateurs de la place ne sont pas indifférents à ce marché. Des sources très bien informées confient que Saham Assurance avec Taslif et AXA Assurance avec Axa Crédit pourraient emboîter le pas à la filiale d'Attijariwafa bank, avec des offres pratiquement similaires. [tabs][tab title ="La clientèle qui paie au comptant pourrait être tentée par le crédit"]Avec l'arrivée des nouvelles solutions pour payer l'assurance auto à crédit, plusieurs responsables de compagnies redoutent un effet inverse à l'esprit de la nouvelle circulaire. En effet, il se peut qu'une partie des assurés qui s'acquittaient auparavant de leurs primes au comptant (60 à 70% du marché) opte pour le règlement à crédit. D'un autre côté, plusieurs agents et courtiers sondés ont confié qu'ils sont prêts à continuer à accorder les mêmes facilités pour les clients les plus sérieux et les plus solvables, quitte à financer les primes avec leur trésorerie en attendant les encaissements. Manière de protéger leur portefeuille de clientèle.[/tab][/tabs]