Six jours de grève depuis début juillet et d'autres arrêts de travail sont annoncés d'ici la fin du mois. Une grève (encore une !) de 48 heures a paralysé, les 12 et 13 juillet, les hôpitaux du royaume. Contrairement aux autres débrayages, plus d'une dizaine depuis le début de l'année, l'appel à la grève a été lancé, cette fois-ci, uniquement par la Confédération démocratique du travail (CDT), qui conteste le laisser-aller et le mutisme des pouvoirs publics face à leur cahier revendicatif. Cela ne veut pas dire que les autres syndicats sont en reste. L'UMT (Union marocaine du travail) prévoit elle aussi une grève de deux jours les 18 et 19 juillet. Ce qui fait dire à certains observateurs que «ces actions syndicales multipliées et maintenant non coordonnées prouvent nettement qu'il y a une grande surenchère syndicale». Ce que déplore, paradoxalement, un responsable de la CDT. Pour le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadiallah, qui dit ne pas comprendre cette grève qui a été déclenchée sans préavis alors que les négociations sont en cours, «les débrayages sont devenus de véritables rhumatismes chroniques qui paralysent le secteur. Et ce sont les malades qui en paient le prix». De plus, le ministre tient à préciser que «ces grèves touchent aujourd'hui la crédibilité des syndicats aussi bien que la crédibilité du ministère. En somme, de tous les partenaires qui n'arrivent pas à trouver des solutions à des revendications vieilles de 40 ans». Même si toutes les revendications des médecins ne peuvent être satisfaites à cause de contraintes, budgétaires notamment, on retiendra que le gouvernement a proposé une enveloppe de 200 MDH pour l'institution des primes de responsabilité et d'astreinte ainsi que pour l'augmentation de la prime de spécialité. La proposition a été transmise par écrit aux centrales qui n'ont toujours pas réagi à ce jour, à l'exception de la CDT. Le ministre de la Santé s'interroge sur le bien fondé de ces mouvements de grève alors que «la porte du gouvernement est ouverte et les négociations se poursuivent». Il semble que ce soit un véritable dialogue de sourds. Dans un de ses derniers communiqués, la CDT met en effet l'accent sur la lenteur de l'administration. Et on notera qu'en sus des revendications matérielles initialement retenues, le syndicat conteste les départs volontaires et veut un réajustement de l'horaire continu dans le secteur de la Santé. Le ministère va reconsidérer les critères relatifs aux départs volontaires Au lieu de 8h 30 à 16h30, il propose que la journée aille de 8 h à 15 h. Motif invoqué, toutes les prestations sont servies le matin, notamment les opérations, les consultations, les examens radiologiques et sanguins. «Les après-midis, la charge de travail est beaucoup plus allégée donc il est important de réaménager les horaires de travail en fonction de ces spécificités», explique le Dr. Mustapha Chennaoui de la CDT. En ce qui concerne le traitement des demandes de départs volontaires, il souligne que «l'opération Intilaka n'est pas adaptée au secteur de la Santé dans lequel il y a une pénurie de professionnels, aussi bien les médecins que les infirmiers. On compte 7 000 médecins et 23 000 infirmiers pour tout le pays, ce qui est loin des normes internationales requises. Dans la seule ville de Paris, par exemple, exercent plus de 8000 médecins et 15 000 infirmiers ! ». Pour lui, les critères et l'examen des dossiers doit être d'une grande rigueur. Or, ajoute-t-il, il n'y a pas eu de transparence au niveau de la commission chargée des départs volontaires car «parfois, des profils très sollicités ont été autorisés à partir alors que nous sommes en sous-effectif dans plusieurs spécialités». Lors de la réunion tenue le 5 juillet dernier, le ministère de la Santé s'est engagé, selon la CDT, à revoir les critères d'acceptation des départs volontaires. Quant aux autres revendications (revalorisation des salaires, institution des primes de spécialité et d'astreinte), le ministère dit avoir les mains liées… Une réponse qui ne satisfait pas les professionnels du secteur public qui ne comptent pas baisser les bras. Outre le débrayage de cette semaine, la CDT en a prévu un deuxième les 27 et 28 juillet. Ce qui portera à 20 le nombre de jours de grève observés dans ce secteur depuis le début de l'année. Mohamed Cheikh Biadillah, ministre de la santé : «Les débrayages sont devenus de véritables rhumatismes chroniques qui paralysent le secteur. Et ce sont les malades qui en paient le prix».