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Les banques marocaines épinglées par des économistes
Publié dans La Vie éco le 08 - 07 - 2005

Elles ont une marge d'intermédiation deux fois plus élevée que celle des banques de la zone euro
Le recours du Trésor à l'endettement interne ne les incite
pas à rechercher de nouveaux clients
Les crédits à l'économie
tendent à stagner depuis cinq ans.
Ilest pour le moins paradoxal de constater qu'au Maroc les banques regorgent de liquidités, alors que l'économie n'en profite pas vraiment, ou pas assez. Pour peu, on parlerait de deux mondes. Le premier s'arc-boute sur ses marges encore confortables, le second peine à trouver les financements nécessaires à son développement.
C'est, en gros, la conclusion que suggère la lecture du rapport " Profil pays Maroc ", réalisé par l'Institut de la Méditerranée, dans sa partie relative au système financier.
Rédigée par les professeurs Lahcen Achy, de l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (INSEA-Rabat), et Khalid Sekkat de l'Université libre de Bruxelles, cette partie du rapport soulève donc la problématique de l'allocation des ressources, dans un système financier encore largement dominé par les banques. «Ce qui est curieux, confie Lahcen Achy à La Vie éco, c'est que l'argent existe mais cette abondance de liquidités a l'air de poser plus de problèmes qu'elle n'en règle. La preuve, Bank Al Maghrib aujourd'hui consacre l'essentiel de son intervention à éponger cet excès de liquidité».
C'est un fait que, après une forte progression dans les années 90, le poids des crédits bancaires dans le PIB tend à se stabiliser autour de 55 % depuis 2000. Entre 1993 et 2000, en effet, le concours des banques au financement de l'économie a connu une croissance annuelle moyenne de 10,4 %, avant de chuter à 4 % ces dernières années. Il y a à cela, bien sûr, des raisons liées à la conjoncture, comme le note le rapport, mais aussi des raisons à imputer au resserrement des règles prudentielles et subsidiairement à la modification des comportements des grandes entreprises qui marquent de plus en plus leur préférence pour les marchés des capitaux.
Le coefficient minimum de solvabilité dépasse 12 % au Maroc contre un taux de 8 % fixé par Bâle I
En examinant la structure de ces crédits bancaires en fonction de leur objet, on est frappé de constater que le gros va à la trésorerie (32 % en 2003), les crédits d'équipement venant en deuxième position avec une part de 22,2 % en 2003. Mais depuis 2000, observe Lahcen Achy, les crédits de trésorerie sont en régression, ceux de l'équipement en stagnation, tandis que ceux destinés à l'immobilier et les créances en souffrance sont en progression.
Par catégorie d'agents économiques bénéficiaires, la ventilation des crédits bancaires, et ce n'est pas une surprise, montre une prédominance des sociétés qui, depuis 1997, accaparent quelque
60 % des crédits bancaires, alors que les entrepreneurs individuels n'en bénéficient qu'à hauteur de 9,4, en régression de 3 points depuis 1997. Généralement, la réticence des banques à l'égard des PME-PMI est expliquée, du moins en partie, par la montée en flèche des créances en souffrance dont l'encours en 2003 (43,2 milliards de dirhams) représente 18,4 % de l'ensemble des crédits octroyés. En vérité, les PME-PMI ne sont pour rien dans les problèmes de défaut de paiement que connaissent les banques. Dans une note sur le secteur financier au Maroc, la Banque mondiale avait indiqué, en 2000, que les créances en souffrance de plus de 500 000 dirhams représentaient environ 90 % de l'encours total des créances en souffrance, et que 60 % de l'encours de ces créances étaient attribuables à 394 créances d'un montant supérieur à 10 millions de dirhams par créance. C'est clair, les créances en souffrance sont le fait de gros clients mais c'est les PME qui en supportent les conséquences. «En fait, la responsabilité est partagée, nuance un responsable au ministère des Finances. Certes, les banques font preuve de frilosité un peu excessive, mais les entreprises ne sont pas toutes et totalement irréprochables : souvent les dossiers de crédits ne sont pas bien ficelés, ils ne sont pas accompagnés d'un business-plan, et, parfois, la gestion manque de transparence», explique-t-il.
A la Banque populaire, on tient à peu près le même langage, appuyé d'un chiffre «significatif de notre volonté d'accompagner les projets bien étudiés» : 90 % des demandes de crédits sont satisfaites, à en croire cette source. Mais le problème n'est pas celui d'une banque, il est celui du secteur. Et pour les rédacteurs du rapport de l'Institut de la Méditerranée, quelle que soit la sévérité des règles prudentielles mises en place, il y a manifestement un problème de transformation de l'épargne en instrument d'aide à la croissance économique.
La rémunération des dépôts à vue de plus en plus souhaitée
Pourtant, au regard de la réglementation prudentielle, «le secteur bancaire est globalement sain», lit-on dans le rapport. Par exemple, le coefficient minimum de solvabilité, fixé à 8 % par le Comité de Bâle, dépasse les 12 % au Maroc. En outre, le niveau élevé des créances en souffrance ne semble pas affecter la qualité des actifs bancaires. «Le taux de provisionnement des créances en souffrance apparaît, dans presque tous les cas, conforme aux règles prudentielles relativement conservatrices pratiquées par les autorités de réglementation, de sorte que celles-ci ne sont pas susceptibles de mettre en cause la bonne santé du système bancaire. Elles comportent des montants importants de créances classées et provisionnées de longue date qui, selon les pratiques comptables internationales, auraient été radiées depuis longtemps».
Reste maintenant à savoir pourquoi, en dépit des tentatives des autorités monétaires de soutenir la croissance à travers notamment la libéralisation des taux d'intérêt, la baisse des taux directeurs et la suppression presque totale des emplois obligatoires, les conditions d'octroi de crédits demeurent toujours contraignantes ? L'explication avancée par Khalid Sekkat et Lahcen Achy peut être formulée, prosaïquement, de cette façon: les banques bénéficient encore de conditions qui ne les obligent pas à un redéploiement des prêts en faveur du secteur privé et des ménages. Quelles sont ces conditions ?
Primo – ça peut faire sursauter – les banques réalisent des niveaux de rentabilité «très confortables, sinon exceptionnels». Bien qu'elle se soit légèrement détériorée ces dernières années, la rentabilité des banques, notent nos deux experts, «demeurent encore élevés par rapport aux standards internationaux». En effet, la marge d'intermédiation (différence entre la rémunération moyenne des crédits et le coût moyen des ressources) s'établit en 2004 à 4 %. «Ce taux est deux fois plus élevé que la moyenne réalisée par les banques de la zone euro». Deux facteurs principalement sont à l'origine de ce niveau élevé des marges : l'importance des dépôts à vue non rémunérés dans les avoirs des banques, qui représentent aujourd'hui 42 % de leurs ressources ; et l'état peu développé de la finance directe, en particulier de la Bourse des valeurs, qui ne permet pas de contrebalancer la domination des banques sur la répartition de l'épargne. S'agissant de la gratuité des ressources que constituent les dépôts à vue, l'idée qui commence à faire son chemin, certes timidement, est que le moment est peut-être venu de rémunérer ces dépôts à vue, car la justification de leur gratuité n'existe plus puisque les services rendus par les banques sont aujourd'hui facturés. Selon une source bancaire, les commissions représentent en effet quelque 20 % du PNB.
Deuzio, si les banques continuent d'appliquer au secteur privé et aux ménages des conditions d'éligibilité aux crédits contraignantes et à des taux dissuasifs, sauf pour certains clients privilégiés, c'est parce qu'elles ont toute la latitude de faire des placements, certes peu rémunérateurs mais très sécurisants : la souscription massive aux emprunts de l'Etat qui sont affectés d'un coefficient de risque très faible, voir nul. «La politique gouvernementale qui consiste à recourir à l'endettement interne permet cela en n'organisant pas la pénurie des titres non risqués qui pousserait les banques à se tourner vers de nouveaux clients», note le rapport. Même si le ministère des Finances ne veut pas le reconnaître, cette politique de l'endettement interne du Trésor ne produit pas moins un effet d'éviction que le FMI (selon nos sources) ne cesse de rappeler au ministre des Finances. «Le fait que les banques ne se donnent pas trop la peine de mieux connaître les emprunteurs, en vérifiant la qualité de chacun à travers un processus de collecte de l'information, montre à quel point elles comptent sur la présence du Trésor, et cela ne peut pas être autre chose que de l'effet d'éviction», renchérit l'économiste de l'INSEA.
Au total, le secteur bancaire présente un état de santé satisfaisant, ce qui est une condition certes nécessaire mais pas suffisante pour impulser la croissance économique. La santé des banques devrait déteindre sur l'ensemble de l'économie et, aujourd'hui, les canaux de transmission de cette santé, selon la formule de Lahcen Achy, paraissent bloqués.
Les commissions prennent de plus en plus d'importance dans les revenus des banques. Aujourd'hui, elles représentent 20% de leur PNB.
Un système inéquitable ?
Non rémunérés, les dépôts à vue représentent aujourd'hui 42% des ressources du système bancaire marocain. Trop, trop peu ? La question se pose surtout en terme d'équité : «Il n'y a pas de raison que les banques disposent gratuitement de l'argent des déposants, alors que non seulement elles ne partagent pas avec eux les gains obtenus grâce à la baisse des taux directeurs et des taux de refinancement, mais en plus elles facturent pratiquement tous leurs services», s'indigne un salarié. Un banquier estime que cette requête lui paraît légitime, et qu'en tout état de cause, avec le développement du système financier et la multiplication des produits offerts aux épargnants, les banques seront peut-être un jour amenées à rémunérer les dépôts à vue afin de garder leurs clientèles ou d'en attirer de nouvelles. En France, le débat fait fureur à ce sujet depuis que deux nouvelles banques ont instauré la mesure.


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