L'intégration des parkings relais gérés par Casa Développement sera prise en compte dans le schéma de gestion en préparation. Le déficit d'exploitation du tram devrait atteindre 80 MDH en 2016 et celui de M'dina bus, 100 à 120 millions. C'est l'une des patates chaudes qu'a reléguée l'ancien bureau du Conseil de la ville à l'actuel maire et son équipe. L'interopérabilité entre le tram et les bus, annoncée pourtant il y a plus de deux ans, tarde à voir le jour. Ce retard risque même de se prolonger encore pour de longs mois vu la situation actuelle. Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca, assure que le sujet est en cours de traitement par les équipes du Conseil de la ville. «Nous avons tenu récemment une réunion avec M'dina bus pour discuter du sujet et une commission au sein du conseil va plancher dessus», indique-t-il en marge d'une récente conférence sur le bilan du tramway. En fait, la déclaration du maire confirme avant tout que le blocage de l'interopérabilité est une question à relier à d'autres dossiers touchant au concessionnaire des services de transport par bus, notamment la révision de son contrat. A l'issue du mandat de l'ancien bureau, la polémique avait, pour rappel, enflé lorsque le conseil, dirigé par le maire sortant, Mohamed Sajid, sommait M'dina bus de respecter ses engagements en matière d'investissement. En réponse, le concessionnaire affirmait que si les investissements n'ont pas été réalisés, c'est parce que la ville elle-même n'a pas respecté ses engagements. Depuis, la situation est restée au point mort : le concessionnaire attend toujours la révision de son contrat, tandis que la ville ne donne pas de signes encourageants dans ce sens. «La première et unique réunion avec le président de la commune urbaine de Casablanca, en présence de plusieurs membres du conseil, revêtait un caractère de prise de contact et était une occasion de présenter l'entreprise et les spécificités du secteur. Les discussions sur les problématiques abordées sont restées au stade de grandes lignes», explique une source auprès de M'dina bus. Seul point positif à retenir de cette rencontre, les deux parties ont convenu de la tenue de plusieurs commissions techniques qui approfondiront l'analyse de chacun des sujets, dont l'interopérabilité. Le premier parking est toujours gratuit Hormis la situation, une autre variable vient s'ajouter à l'équation. Il s'agit du lancement des parkings relais, aménagés par Casa Transport et gérés par Casa développement. Comme l'explique Youssef Draiss, directeur général de Casa Transport, «le premier parking est aujourd'hui gratuit, mais l'idée est de créer un système d'interopérabilité avec le tram». En d'autres termes, une réflexion est menée actuellement pour décider d'un dispositif permettant l'accès réservé ou offert aux usagers du tram sur présentation de leur ticket de transport. La concrétisation de ce projet se traduirait donc par une interopérabilité à la fois entre le tram, le bus et les parkings relais. Alors que les autorités de la ville peinaient jusque-là à trancher sur les modalités pratiques quand il n'y avait que deux organismes concernés, y parviendront-ils avec l'intégration d'un troisième acteur, en l'occurrence Casa Développement? «Sur le principe, c'est techniquement possible ; la complexité est ailleurs», répond notre source auprès de M'dina Bus qui souligne qu'«il existe des préalables à l'interopérabilité, à savoir le tarif du trajet, la distribution des recettes entre les autobus, tramway et éventuellement le parking, les pôles d'échanges adéquats autobus/tramway/autobus...». C'est dire que le bureau du Conseil de la ville aura désormais à gérer plusieurs variables à la fois, ce qui risque de retarder davantage la mise en place de l'interopérabilité. La ville supporte seule le déficit financier du transport public Ce retard n'est pas sans conséquences puisqu'il engendre une poursuite du déficit d'exploitation du tram et que le conseil de la ville devra prendre en charge dès cette année. Comme le rappelle le maire lui-même, l'interopérabilité est l'un des moyens qui devraient permettre d'absorber, sinon de réduire, le déficit d'exploitation du tram. Comme l'a expliqué auparavant Casa Transport, il faudrait plus de 150 000 passagers par jour pour que l'exploitation atteigne son point d'équilibre, alors qu'il n'en cumule que 125 000 d'après les derniers chiffres disponibles. L'écart ne peut être compensé qu'à travers des mécanismes permettant de générer un trafic supplémentaire, notamment l'interopérabilité. Tant que ce n'est pas fait, le déficit se maintiendra. A titre d'illustration, celui-ci devrait atteindre 80 MDH en 2016, selon les projections de Casa Transport. «Jusque-là, ce déficit était pris en charge par l'Etat et le Fonds de soutien à la réforme du transport. Désormais, ce sera à la ville, seule, de le supporter», souligne le maire. Il en est de même pour M'dina bus (qui accuse un déficit annuel moyen de 100 MDH à 120 MDH) censé couvrir la ville. La société compte aussi sur l'interopérabilité pour générer plus de trafic et, partant, réduire son déficit d'exploitation. [tabs][tab title ="Où sont les 200 nouveaux bus ?"]L'interopérabilité n'est pas le seul dossier bloqué. Le projet de mise en circulation de 200 nouveaux bus, annoncé en 2014 dans le cadre du plan d'urgence de Casablanca, est toujours dans les cartons. Si les premières indiscrétions font état d'un désaccord au niveau des cahiers des charges relatifs aux nouveaux véhicules, force est de souligner que ce projet risque également de tarder en raison de la volonté de la ville d'instaurer un modèle d'exploitation pour M'dina bus semblable à celui du tramway. En effet, pour le projet du tram, les autorités ont veillé à ce que les investissements soient séparés de l'exploitation courante du réseau, de manière à ce que les résultats de cette dernière ne soient pas affectés par la lourdeur des charges d'investissement. La réflexion est aujourd'hui en cours pour voir si le même concept peut être dupliqué au service de transport par bus afin de permettre une modernisation du parc sans pour autant empirer la situation financière du délégataire.[/tab][/tabs]