Les achats, la logistique et la politique commerciale sont, entre autres, mutualisés. En attendant leur démarrage effectif, les trois structures déjà constituées ont mené des opérations de prospection. C'est dans un mois que le premier consortium textile, Charm'in Mode, va démarrer ses activités. Il regroupe quatre entreprises exportatrices : Recordia, Twins Fashion, MNH et Satemac. Deux autres consortiums, Euromedco, basé à Rabat, et Mosaïc Texal Consortium, basé à Casablanca, ne tarderont pas à lui emboîter le pas. Ces trois consortiums comptent une douzaine d'entreprises textiles faisant de la sous-traitance. Ces unités exportatrices n'ont pas fusionné. Elles se sont plutôt regroupées, tout en gardant leur indépendance juridique, pour créer une entité à part. Contrairement à l'idée que l'on s'en fait, il ne s'agit pas d'une simple plate-forme d'exportation, mais d'une structure plus complexe. Celle-ci prend en charge la gestion commune de plusieurs aspects, notamment les achats de matières premières, la logistique, la politique commerciale et la création de modèles. «L'idée est de former, à l'image du modèle italien, des entités qui nous permettent de mutualiser les coûts des diverses fonctions. Grâce à ce système, nous avons pu recruter un directeur des ressources humaines et faire appel à un cabinet d'audit et un bureau d'études», indique Jaouad Kabbadj, DG de Twins Fashion et responsable du pôle maillage et développement des réseaux locaux (Amith). Il ajoute que l'existence d'une telle structure est dictée par les contraintes de compétitivité et de positionnement sur les marchés étrangers. Elle s'inscrit également dans la nouvelle dynamique de l'Association marocaine des industries textile et habillement (Amith) qui consiste à encourager les rapprochements entre petites et moyennes structures pour une plus grande compétitivité. La hausse du chiffre d'affaires escomptée est de 20% Au-delà de l'opportunité commerciale (conquête de marchés nouveaux), le consortium permet également aux entreprises de se réorienter vers le produit fini. Cette reconversion est devenue indispensable pour deux raisons majeures : d'une part, la concurrence internationale (notamment la Chine) a énormément baissé les prix et tiré les marges vers le bas et, d'autre part, elle a réorienté la demande vers le produit fini, créneau qui exige de grands moyens financiers et un important travail de création. Cependant, le DG de Twins Fashion tient à préciser que «chacune des entreprises conserve son activité de base, donc le travail à façon, tout en développant parallèlement la production du produit fini». Le passage vers le produit fini se fera progressivement et devra être une réalité en 2005. Encadrés par le centre Euro Maroc Entreprises ou l'ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel), ces consortiums ont mis une année pour voir le jour. Etudes et expertises ont été menées par des experts internationaux durant l'année 2003 pour déterminer les structures, les cibles ainsi que les niches à développer pour les marchés nouveaux comme le Moyen-Orient ou les USA. Des business-plans ont fixé les différentes retombées de ces consortiums. Tout en restant discrets sur ces prévisions, les opérateurs concernés se contentent de dire qu'une hausse du chiffre d'affaires de l'ordre de 20 % est attendue. Notons que Charm'in Mode a un effectif global de 900 à 1000 employés, une production de 7 000 pièces et un chiffre d'affaires de 120 MDH. Quant à Mosaic Texal Consortium, regroupant cinq entreprises (Dounitex, Vetwear, Atalante, Interlinge et Caroline), il a une capacité de production de 30 000 pièces par jour, un effectif de 850 personnes et réalise un chiffre d'affaires de l'ordre de 70 MDH. En attendant le démarrage effectif, ces consortiums ont déjà mené ou programmé quelques actions. Charm'in Mode a ainsi développé une collection pour participer au salon InterSelection. Une participation expérimentale qui a coûté 200 000 DH. Quant à Mosaic Texal Consortium, il fera partie, le 28 juin prochain, d'une mission commerciale à New York en collaboration ave le Centre marocain de promotion des exportations. Les industriels estiment que l'encouragement de ce type de structures passe par un soutien étatique. Ce faisant, M. Kabbadj suggère aux pouvoirs publics de leur «octroyer des incitations fiscales notamment au niveau de l'IGR»