Les textiliens, représentés par l'AMITH, ont signé avec le ministère de l'Industrie quatre contrats performances pour moderniser et relancer le secteur. Trois écosystèmes ont été lancés (jeans, Fast fashion et distributeurs industriels de marques nationales) qui doivent permettre la création de 90.000 emplois à horizon 2020. L'Etat s'engage à appuyer financièrement le secteur en mettant à la disposition des professionnels 95 Ha de foncier. C'est un véritable changement de paradigme que connait le secteur textile national. Un changement d'approche couplé à une réorientation stratégique, qui doit permettre à un secteur malmené ces dernières années, de se moderniser et de gagner la bataille de l'emploi et de la compétitivité. C'est en tout cas le souhait des opérateurs et du ministère de tutelle. Cette semaine a eu lieu à Rabat au siège du ministère de tutelle, en présence de très nombreuses personnalités, membres du gouvernement et décideurs, le lancement officiel des premiers écosystèmes textiles dans le cadre du fameux Plan d'accélération industrielle (PAI) initié en avril 2014 par Moulay Hafid Elalamy. Plus d'un an de travaux, de réunions et de tractations entre les équipes du ministère de l'Industrie et celles de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH) pour arriver à tracer une feuille de route pour la modernisation du secteur et sa rationalisation. Le secteur du textile et de l'habillement se dote ainsi de trois premiers écosystèmes sur 6 identifiés. Les filières concernées sont le Denim (jeans), le Fast Fashion et les distributeurs industriels de marques nationales. Les 3 autres écosystèmes qui seront lancés selon M.H Elalamy «avant la fin de l'année 2015», sont la maille, le textile maison ainsi que le textile à usage technique. Ces filières ont été choisies car il s'agit de celles qui présentent le plus d'avantages concurrentiels pour le Maroc et de réelles chances de réussite. Il fallait donc, selon M.H. Elalamy, se focaliser sur elles. «On ne peut pas tout faire» martèle-t-il. Et d'ajouter : «la création d'écosystèmes dans ces filières favorisera l'émergence d'un amont textile compétitif et innovant» plus réactifs et plus compétitifs. Concrètement, la mise en place de ces trois premiers écosystèmes doit permette la création de 44.000 nouveaux emplois d'ici 2020. L'écosystème Fast Fashion s'est engagé à créer 21.200 emplois, celui du Denim 14.800 et celui des distributeurs de marques nationales 8.000. Par ailleurs, 46.000 emplois hors écosystèmes concerneront des entreprises satellites. Au total, ce sont 90.000 emplois pérennes qui doivent être créés. M.H Elalamy fait remarquer que ces emplois identifiés sont déclinés par année, régions et profils. D'ailleurs, toutes les données chiffrées contenues dans ce contrat-programme sont extrêmement détaillées et minutieuses. Cela permettra, selon Elalamy, de mieux évaluer les résultats et piloter les opérations. «Il ne fallait pas faire un contrat ouvert, vague, imprécis et non mesurable. Chaque sujet a été décortiqué», confie-t-il. Toujours sur le plan des objectifs, ces trois premiers écosystèmes doivent permettre, à horizon 2020 de générer un chiffre d'affaires additionnel de 6,3 milliards de dirhams dans le secteur et réaliser 57 projets portés par des locomotives. Au terme de l'année 2020, l'objectif global fixé aux 6 écosystèmes du secteur textile est de générer une croissance du chiffre d'affaires sectoriel de 9 milliards de dirhams dont 5 milliards de dirhams réalisés à l'export. Pour formaliser le pacte entre l'Etat et les opérateurs du secteur textile, 4 contrats de performance ont été paraphés entre M.H Elalamy et Mustapha Sajid, président de l'AMITH. Trois de ces 4 contrats portent donc sur les écosystèmes Fast Fashion, Denim et distribution de marques nationales. Un quatrième est un contrat performance transverse au secteur textile et porte sur plusieurs domaines comme la qualité des ressources, l'accès au foncier ou l'intégration de l'informel. Qui dit contrat dit engagements mutuels. Du côté de l'AMITH, les opérateurs s'engagent à atteindre les objectifs d'emplois d'export et de valeur ajoutée cités plus haut. Ils s'engagent aussi à une implication forte des industriels pour intégrer en nombre les écosystèmes du secteur. Du côté de l'Etat, il s'engage à «doper» le secteur et lui apporter l'appui nécessaire. Il met ainsi à disposition des opérateurs du secteur une offre foncière locative de 95 hectares (dont 30,6 ha à Casablanca, 22,6 ha à Tanger et 10,1 ha à Fès). Il proposera également un appui financier à l'investissement à puiser dans le Fonds de développement industriel (doté de 20 milliards de dirhams pour la période 2015-2020). En outre, l'Etat s'engage à appuyer la formation, à intégrer l'informel dans le secteur, à conquérir de nouveaux marchés à l'export, à améliorer la compétitivité et favoriser un accès plus aisé au financement à travers le développement de mécanismes adaptés en partenariat avec les banques. Notons que le suivi du contrat sera assuré via une structure d'animation qui regroupe les deux parties (ministère de l'Industrie et le secteur privé) pour s'assurer du bon déroulement des opérations. En somme, la tutelle sera au petit soin pour les opérateurs de textile pour réaliser les objectifs ambitieux définis. Il faut dire que l'industrie textile au Maroc revêt une importance particulière. Elle compte parmi les secteurs traditionnels stratégiques. Elle est le premier employeur industriel du pays avec 175.000 employés, soit 30% du total des emplois industriels et contribue pour près du quart des exportations industrielles nationales. Elle représente près de 15% de la valeur ajoutée industrielle. Ces dernières années, le secteur a beaucoup souffert de divers maux auxquels ces écosystèmes tentent de remédier. Les plus saillantes sont l'absence de logique filière, le faible niveau d'intégration en amont, le problème de l'informel qui mine le secteur. Ces lacunes ont conduit à la perte de compétitivité du textile qui s'est manifesté par une baisse des volumes exportés ces dix dernières années, et une régression de l'emploi formel sur la période. Avec ces contrats performances avec l'Amith, M.H Elalamy espère plus qu'inverser la tendance: il compte faire du secteur un modèle de réussite de ses écosystèmes.