La seule mention des écosystèmes d'affaires fait aujourd'hui penser à Moulay Hafid Elalamy. Depuis qu'il est ministre de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, il a fait de ce concept le cheval de bataille de son plan d'accélération industrielle 2014-2020. Il s'agit, cette fois-ci, du secteur du textile, dont la relance devrait être tirée par six écosystèmes, regroupant des filiales où le Maroc pourra être le plus compétitif à l'international. Dans ce cadre, quatre contrats de performance ont été signés entre le département de Elalamy, le ministère de l'économie et des finances, et l'Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement (AMITH) mardi dernier à Rabat. «Le secteur du textile est à nouveau prometteur. Nous nous attendons à une croissance significative dans les mois à venir», a déclaré Moulay Hafid Elalamy à cette occasion. Ainsi, le ministre a évoqué trois écosystèmes sur lesquels les travaux ont déjà débuté, à savoir celui du jean (denim), celui de la fast fashion et celui de la distribution de marques nationales. A eux trois, ces écosystèmes devraient contribuer, d'ici 2020, à la création de 44.000 nouveaux emplois, soit 46% de l'objectif que se fixe le secteur de l'industrie pour cette même période. Ils devraient, par ailleurs, générer un chiffre d'affaires additionnel de 6,3 milliards de dirhams, et réaliser au moins 57 projets d'investissement portés par des entreprises locomotives. Le communiqué rendu public par le ministère à cette occasion précise que 46.000 emplois additionnels seront créés dans le sillage de la structuration de ces écosystèmes, essentiellement par des entreprises satellites qui devront collaborer avec les acteurs du secteur. Il s'agira, donc, d'un total de 90.000 emplois, ce qui voudrait dire que l'objectif des 100.000 fixé pour l'industrie du textile à l'horizon 2020 sera atteint à 90% grâce à ces trois filières. Dans sa globalité, le secteur vise une croissance de son chiffre d'affaires de l'ordre de 9 milliards de dirhams, dont 5 milliards réalisés à l'export à l'horizon 2020. Pour y arriver, «trois nouveaux écosystèmes devraient être lancés avant la fin de l'année», précise le ministre de l'industrie. Dans la pratique, à travers ces contrats de performance, l'Etat s'engage à fournir une offre foncière de quelque 95 hectares aux entreprises, à former une main-d'œuvre qualifiée et à mettre en place des mesures de soutien à la croissance et d'amélioration de la compétitivité du secteur. De son côté, l'AMITH s'engage à réaliser les objectifs fixés à l'horizon 2020 en termes de création d'emplois, de valeur ajoutée et d'investissement. Cela impliquera une sensibilisation soutenue des industriels à l'importance d'intégrer les écosystèmes en question. «Tout cela ne peut absolument pas se faire sans l'inclusion de l'informel qui est en train de ronger le secteur», a précisé Moulay Hafid Elalamy. A ce sujet, Mamoun Bouhadhoud, ministre délégué chargé des petites entreprises et de l'intégration du secteur informel, a expliqué que le ministère opte pour une approche sectorielle, avec des mesures spécifiques à chaque filiale et à chaque écosystème. «Pour mesurer l'ampleur de l'informel dans l'industrie du textile, il suffit de savoir que seulement 6% des jeans vendus au Maroc proviennent du formel», a-t-il noté. Le textile habillement, «secteur stratégique, traditionnel et historique» selon l'argentier du Royaume, est, chiffres à l'appui, l'une des pierres angulaires de l'industrie marocaine. Il emploie environ 175.000 personnes, soit 30% du total des emplois industriels et contribue entre 25 et 30% aux exportations industrielles nationales, canalisant près de 15% de la valeur ajoutée industrielle.