La montée en flèche s'explique par la contribution libératoire, la bonne tenue des paiements sur internet et le dynamisme des cartes de voyage. Les Marocains utilisent de plus en plus les cartes à l'étranger, mais ne sont toujours pas enclins à y mettre toute leur dotation. Les Marocains se servent nettement plus des cartes bancaires à l'étranger. C'est ce que dévoilent les derniers chiffres du Centre monétique interbancaire dont La Vie éco a eu la primeur. A fin juin, le nombre d'opérations de paiement réalisées par des cartes marocaines à validité internationale est en hausse de 60% par rapport à fin juin 2014, à plus de 443 200. Ces transactions ont porté sur quelque 634 MDH, en progression de 55%. Les retraits ne sont pas en reste. Ils ont totalisé 71 500 opérations pour un volume de 166 MDH, soit une augmentation de 42% de 48% respectivement. Cette montée en puissance de l'usage des cartes marocaines à l'international a été déjà amorcée durant le 1er trimestre. Paiements et retraits confondus, les transactions à cette date se sont inscrites en progression de 63% en nombre et 60% en montant par rapport à la même période de 2014. Au CMI, l'on relève que cette tendance tranche clairement avec les croissances moyennes observées sur les dernières années et qui dépassaient rarement les 20%. Des cartes de voyage pour les clients non éligibles aux cartes internationales Trois grandes raisons expliquent cette solide croissance. En premier lieu, selon Ismail Bellali, directeur général adjoint du CMI, la montée en puissance de l'utilisation des cartes est en grande partie due aux retombées de la contribution libératoire. En effet, les ressortissants ayant rapatrié leur patrimoine, logé sur des comptes en devises ou en dirhams convertibles, en disposent aujourd'hui d'une manière transparente. A l'occasion de leurs déplacements à l'étranger, sans se faire des soucis sur la traçabilité, ils procèdent dorénavant à des retraits et paiements à leur guise. Ceci est conforté par un gestionnaire de patrimoine qui affirme que sa banque, au même titre que les confrères, a été très agressive commercialement sur le volet de l'équipement. En deuxième lieu, la bonne tenue des paiements électroniques via les cartes e-commerce aujourd'hui proposées par toutes les banques contribue, quoique dans une moindre mesure, à cette embellie. Bien que plusieurs opérations d'e-commerce à l'international échappent encore à toute traçabilité, ce qui n'est pas sans déranger l'Office des changes. En effet, malgré l'existence de circulaires détaillant le mode opératoire devant régir ce moyen pour en assurer la traçabilité, une bonne partie des détenteurs rechargent leurs dotations annuelles (10 000 DH) sur des comptes Paypal dont l'utilisation est opaque. Mais il n'y a pas que cela. Si les Marocains s'encombrent encore de cash quand ils se rendent à l'étranger, ils sont aussi de plus en plus nombreux à charger une partie de leur dotation sur les cartes dites de voyage, note M. Bellali. Le prix de ces cartes varie de 100 à 200 DH par an. L'offre est aujourd'hui constituée principalement par Odyssée (BMCI), Al Moussafir (CIH), Rihla (Attijariwafa bank), Voyage (BMCE Bank) Asfar (BP). Ces cartes Visa à autorisation systématique avec un plafond fixé à hauteur de la dotation annuelle de voyage, soit 40000 DH (20 000 DH par voyage), permettent le paiement des achats, le retrait à l'international et le paiement sur internet. Les plafonds d'usage des cartes sont compris dans une fourchette de 2 000 à 5 000 DH par jour avec une moyenne de 3 000 DH. Ce paramétrage est fait pour limiter le risque d'utilisation abusive sur ce genre de support de paiement. Pour encourager davantage le recours à ces cartes de voyage, plusieurs banques viennent de supprimer l'obligation de se déplacer à l'agence pour remplir la demande de chargement de la dotation sur la carte. Ceci peut se faire dorénavant sur simple appel au service clientèle. Toutefois, plusieurs banques continuent d'appliquer une commission de chargement de la dotation (20 DH en moyenne). Manque de transparence sur les frais Dans le même sens, des banques offrent actuellement des cartes qui rassemblent toutes les fonctionnalités, en l'occurrence les retraits et paiements au Maroc, à l'étranger et le paiement électronique. Cela dit, les cartes Corporate, utilisées par le management des entreprises à l'occasion de déplacements professionnels, continuent de représenter le gros des transactions des cartes marocaines à validité internationale, du moins en volume. Mais si le réflexe prend doucement, il faut dire que l'hésitation des clients à mettre tous les œufs dans le même panier est fondée. En effet, bien que les banques fassent la part belle aux prestations d'assistance pour convaincre les indécis, les détenteurs restent mal pris en charge en cas d'incident, comme le rapportent plusieurs sources bien placées. En effet, en cas de pépin à l'étranger (vol, blocage informatique, accident…), rares sont les fois où ils sont pris en charge, dépannés sur le champ ou dédommagés à leur retour. «En l'absence de dispositions expresses dans la loi bancaire, les clients continuent de subir le diktat des banques», déplore notre source. Il n'en demeure pas moins que dans ses conditions spéciales de la souscription, le contrat prévoit l'assistance en cas de perte ou de vol avec l'avance de fonds, la prise en charge des frais d'hébergement, le retour au domicile de l'assuré, et d'autres services plus réactifs dont l'envoi du solde restant sur la carte en cas d'incident via Western union disponible partout dans le monde. De plus, la tarification constitue une autre zone d'ombre pour ces cartes valides à l'étranger. Il reste encore difficile de se retrouver dans le coût final des opérations de paiement et de retrait à l'étranger. Des banques facturent au forfait, d'autres appliquent des pourcentages du montant de la transaction, d'autres encore n'affichent aucun tarif sous motif que les commissions de retrait et de paiement sont à la discrétion de Visa International et varient selon les établissements concernés par ces opérations. En fin de compte, il arrive que la facture finale soit salée pour le client, très salée même.