Le prix est jugé élevé, même s'il a été arrêté en concertation avec les opérateurs. La superficie trop grande des entrepôts a découragé les entreprises de petite taille. Les opérateurs préfèrent négocier directement avec la SNTL, propriétaire du site. Il faudra attendre encore quelques mois avant de voir la zone logistique de Zenata accueillir ses premiers résidents. L'appel à locataires lancé par l'Agence marocaine pour le développement de la logistique (AMDL) est infructueux. Selon des sources bien informées, les opérateurs ont jugé les conditions décourageantes, à commencer par le loyer fixé à 45 DH le m2. Le contexte actuel est marqué par une surabondance de l'offre par rapport à la demande réelle dans le Grand Casablanca, ce qui fait logiquement baisser les prix. «Sur les quatre dernières années, l'offre en entrepôts a explosé dans la région, notamment sous l'impulsion d'investisseurs privés», explique une source opérant dans le secteur de la logistique. Actuellement, on compterait près de 600000 m2 d'entrepôts contre moins de 200 000 m2 il y a quelques années. Certes, de l'avis des spécialistes, cette offre est loin d'être comparable à celle de la première tranche de Zenata, vu que celle-ci inclut également des services à forte valeur ajoutée. Mais les 45 DH demandés sont deux fois plus élevés que la moyenne du marché. Du coup, les opérateurs auraient exigé des responsables de la zone logistique de revoir leurs tarifications qui, rappelons-le, avaient été fixées en concertation avec les opérateurs. D'ailleurs, s'il n'ont pas répondu favorablement à l'appel à locataires lancé par l'AMDL, ils auraient en revanche entamé des discussions directes avec la Société nationale des transports et de la logistique (SNTL), propriétaire du site. Selon les informations recueillies, ces opérateurs s'attendent à ce que le prix soit divisé par deux. En quelque sorte, aligné sur la moyenne du marché. On ignore encore le sort que compte réserver la SNTL à cette requête mais une chose est sûre, elle n'est plus tenue de respecter les termes fixés dans l'appel à locataires, vu que celui-ci est annulé. Les entreprises matures sont peu nombreuses dans le secteur De plus, l'AMDL ne compte pas relancer l'appel sous de nouvelles conditions et préférerait se concentrer sur le développement de la seconde phase de la plateforme. Cette phase a récemment fait l'objet d'une étude en partenariat avec la Banque européenne d'investissement. Les résultats devraient être présentés au comité de pilotage dans les prochains jours. L'offre à proposer n'est pas encore déterminée mais on sait d'ores et déjà qu'il y aura une augmentation de la qualité des services proposés. En attendant, l'échec de l'appel à locataires permet de tirer des enseignements précieux pour le développement des autres zones logistiques. Pour rappel, la zone logistique de Zenata est considérée par les organismes en charge de la stratégie logistique (ministère et AMDL) comme la plus grande zone programmée dans le cadre du schéma national des zones logistiques Multi-Flux (ZLMF), avec notamment 323 ha dédiés aux activités conteneurs, aux céréales, à la distribution et à la sous-traitance logistique. De plus, elle est située dans la capitale économique du Royaume, un positionnement qui était censé lui assurer le succès, vu que la région compte la plus forte concentration des opérateurs ciblés. Finalement, il n'en est rien. Du moins, pour le moment. En réalité, les spécificités du secteur pourraient également expliquer le manque d'intérêt pour le premier appel à locataires. Dans le secteur, il s'avère que le nombre d'opérateurs suffisamment matures pour cerner les opportunités que leur offre une zone logistique comme celle de Zenata, est très faible. De même, dans la configuration initiale, l'AMDL, le ministère de tutelle ou même les représentations professionnelles impliquées dans la fixation des conditions de l'appel, comptaient sur la conclusion de partenariats entre opérateurs pour la location d'un même entrepôt. Cette approche pouvait ouvrir les portes de la zone à de petits opérateurs ne disposant pas de moyens suffisants pour louer seuls les entrepôts de 6 000 m2 proposés. Rappelons à ce propos que la décision d'aménager des entrepôts de grande surface pour attirer à la fois les grands opérateurs et d'autres de taille moins importante qui pouvaient s'allier à des partenaires était le pari pris lors du lancement du projet. Finalement, ce choix est lui-même devenu un obstacle. En effet, en l'absence de partenariats, il fallait en trouver un ou plusieurs opérateurs capables de payer les 45 DH demandés. Dans ce cas de figure, la location coûterait 270 000 DH par mois pour 6 000 m2, une charge qu'un petit opérateur, même s'il est très intéressé par la zone de Zenata, ne peut supporter. A noter que dans le secteur, on cite un autre obstacle pour justifier l'échec de l'appel à locataires. Dans les conditions fixées, il était question d'une durée de location de 3 ans renouvelable. Or, dans plusieurs cas, les opérateurs préfèrent avoir une durée plus longue.