La dépréciation de la demande est encore plus conséquente dans le circuit traditionnel. Les spéculateurs ont fortement contribué à cette dégradation. Les recettes fiscales générées par la vente des vins vont en revanche enregistrer une hausse minimum de 10% cette année. Un mois a suffi pour que la hausse de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les vins, introduite dans la Loi de finances 2014, impacte les ventes dans le secteur. A fin janvier 2014, les volumes de ventes des vins ont accusé une baisse remarquable. L'importance de cette régression varie en fonction des zones, des villes et des circuits de distribution. Les responsables des caves de l'enseigne de grande distribution Carrefour notent un fléchissement des volumes allant de 6 à 10% en comparaison avec la même période de l'année 2013. Ce pourcentage varie en fonction de l'emplacement des magasins. Ce sont les caves installées dans des quartiers populaires qui ont été les plus touchées par cette dépréciation. Toutefois, on confirme chez Carrefour que les prévisions étaient plus pessimistes. En effet, c'est la fermeture de certaines caves de Marjane qui lui a permis d'amortir le choc. Le chiffre d'affaires s'est légèrement déprécié. «Les volumes perdus ont été compensés par la hausse des prix», explique-t-on du côté de Carrefour. Si la grande distribution a pu tirer son épingle du jeu, ce n'est pas le cas pour le circuit traditionnel. «Les épiceries ont enregistré des baisses de 20 à 30%», souligne Abdelah Lemlih, importateur, grossiste et propriétaire d'un réseau de distribution traditionnel. L'impact de la TIC ne pourra être mesuré que d'ici mars Pour les professionnels, plusieurs raisons expliquent le déclin du volume et du chiffre d'affaires au niveau de ce circuit. D'abord, l'augmentation des prix n'a pas été aussi importante que dans la grande distribution. Ensuite, «les clients des épiceries ont un budget limité. Du coup, ils n'avaient que deux solutions : soit réduire la consommation, soit s'approvisionner auprès des distributeurs du circuit informel, dont les prix de vente sont devenus encore plus compétitifs», commente le professionnel. Et d'ajouter, «d'autres croient que l'augmentation des prix a touché toutes les boissons alcoolisées y compris la bière et les spiritueux». Malgré tout, certains professionnels gardent l'optimisme. «D'habitude, la consommation n'est pas très importante en janvier. Ainsi, cette année, les opérations de spéculation ont fortement contribué à la baisse des chiffres de ventes», confirme un professionnel. Selon ce dernier, juste après l'annonce d'une possible augmentation de la TIC, il y en a qui ont acheté des stocks très importants afin de les commercialiser après l'application de la hausse des prix. «Nous ne pouvons mesurer l'impact réel de la hausse de la TIC que d'ici mars prochain», ajoute notre source. Pour rappel, depuis le 1er janvier, les prix des vins, qu'ils soient importés ou fabriqués localement, se sont fortement appréciés suite au relèvement de la TIC. Les vins, toutes catégories confondues, sont désormais taxés à 700 DH l'hectolitre contre 500 DH/hl auparavant. Résultat, aux rayons vins des enseignes de grande distribution, les étiquettes ont enregistré des hausses qui varient de 10 à 20%. A titre d'exemple, une bouteille de 75 cl de la marque «Médaillon», qui coûtait 105 DH, est désormais commercialisée à 114 DH. Cette augmentation de prix a été encore plus importante sur les bouteilles de vin d'entrée de gamme (1 l et 1,5 l). Et pour cause, «la hausse de la TIC touche directement les vins de ''bataille'' (1l). Ces produits de première catégorie représentent plus de 60% des vins commercialisés sur le marché local», explique un professionnel. Vendus il y a à peine trois ans à des prix variant de 30 à 35 DH, ils ont subi plusieurs relèvements pour s'établir aujourd'hui à 50 DH, voire plus. En somme, les professionnels estiment que l'année 2014 pourrait se solder dans les pires des cas sur une baisse moyenne de 15%. Bien que la baisse atteigne ce niveau, les recettes fiscales générées par la vente du vin enregistreront au minimum une augmentation de 10% suite au relèvement de la TIC.