Si les professionnels du secteur vitivinicole acceptent relativement l'augmentation de la taxe intérieure à la consommation (TIC) sur les boissons alcoolisées, ce sont les conséquences qu'elle implique qui entrainent des remous au sein de la profession. Pour eux, il s'agit purement et simplement d'un encouragement au développement de l'informel. Les producteurs de vins au Maroc prévoient une baisse de leurs ventes de 12% cette année, en raison du relèvement de la taxe intérieure de consommation (TIC), qui selon eux, n'est qu'un encouragement au développement de l'informel, rapporte La Vie éco. En effet, dans le cadre de la loi de finances 2012, le gouvernement marocain a récemment adopté un amendement sur l'augmentation de la TIC sur les boissons alcoolisées. Ainsi, la TIC sur la bière est passée de 800 à 900 DH l'hectolitre, celle sur les spiritueux de 10 500 à 15 000 DH. La taxe sur les autres vins sera de 500 DH contre 450 DH initialement. «Nous ne sommes pas contre l'amélioration des recettes de l'Etat ni l'application d'une fiscalité qui prévient mieux contre la consommation abusive des boissons alcoolisées», affirme un professionnel à La Vie éco. Seulement, le constat est là, «toute augmentation démesurée de la TIC entrainerait par définition une hausse du différentiel de compétitivité entre les secteurs formels et informels», selon l'Association des producteurs de raisin (Aspram), rapporte L'Economiste. Ce qui devrait favoriser le développement des alcools clandestins, «produits dans des conditions d'hygiène déplorables», précisent l'Aspram. Elle fait remarquer que la toute première augmentation de la TIC en 1979 «a eu pour effet une chute brutale de la consommation officielle [d'alcool], qui est passée de 300 000 hectolitres à 250 000 en 1980». L'impact était conséquent avec notamment «le développement des secteurs informels et des produits de substitution ainsi que la destruction massive de l'emploi formel, évalué à 300 000 postes à temps plein». La même tendance s'est reproduite à chaque hausse de la TIC. Aujourd'hui, la profession dénonce aussi la concurrence de l'eau-de-vie «Mahia» dont la production clandestine est répandue dans tout le Maroc. Une boisson alcoolisée bon marché, considérée comme «le vin du pauvre». Mais selon les professionnels, une hausse «démesurée» de la TIC encourage la consommation de ce «vin», surtout pour les plus accros à l'alcool. «La consommation d'alcool n'est pas très élastique par rapport au prix. Mais les ventes du circuit organisé baissent quand les prix augmentent car l'on se tourne plus vers l'informel», explique un producteur de vin. Selon le management des Brasseries du Maroc, les bières de contrebande qui abondent dans le nord du pays «sont vendues à 4 DH, voire 5 DH, moins cher que celles commercialisées légalement». Risque de déviance En poussant la réflexion plus loin, les professionnels estiment que «cela pourrait entrainer un glissement de consommation vers des produits de substitution de types psychotropes ou drogues diverses, dont il serait difficile de mesurer les conséquences». Un aspect qui devrait également être pris en considération par le gouvernement. Le secteur vitivinicole au Maroc Le secteur réalise un chiffre d'affaires de 4,5 milliards de DH avec 2,2 milliards pour les bières et 1,4 milliard pour les vins. Fin octobre 2011, il a généré des recettes fiscales de plus de 1,28 milliard de DH contre 1,11 milliard pour la même période en 2010. L'activité génère près de 20 000 emplois à caractère agricole, essaimés dans le monde rural. Les branches de vinification, embouteillage et distribution, emploient près de 17000 salariés. L'Association des producteurs de raisins (Aspram) estiment les emplois induits par le secteur à 100 000 postes. Source: L'Economiste