Le PIB devrait augmenter de l'ordre de 5%, tiré par le secteur agricole. Les activités hors agriculture en ralentissement. Les déficits internes et extérieurs, même en léger recul, demeurent élevés. L'année 2013 ressemble, en un sens, à 2009. Pendant cette année-là, en effet, la croissance économique approchait les 5% (4,8% exactement), mais cette «performance» était surtout le fait de l'agriculture, dont la valeur ajoutée avait crû de 30%. Les activités non agricoles, en revanche, enregistraient leur plus faible niveau depuis des années, à 1,2%. Jusqu'à preuve du contraire, 2013 est un peu dans ce «schéma» sur le plan de la croissance économique. Le PIB devrait avoisiner les 5% (4,8% selon le gouvernement et 4,6% selon le HCP), mais la croissance non agricole a beaucoup ralenti, au moins sur les trois premiers trimestres dont on connaît les résultats. Pour l'ensemble de l'année 2013, elle devrait s'établir à quelque 3%, selon le HCP, au lieu de 4,3% en 2012 et 5% en 2011. C'est donc, comme en 2009, la performance du secteur primaire, en particulier l'agriculture, qui est à l'origine de l'essentiel de la croissance de 2013. D'aucuns pourront rétorquer que, indépendamment de son origine, l'essentiel est que la croissance soit au rendez-vous. Mais il se trouve que ce sont les activités non agricoles qui, lorsqu'elles se portent bien, créent (encore insuffisamment il est vrai) les emplois stables et génèrent des recettes fiscales; l'agriculture, jusqu'à présent du moins, étant exonérée d'impôts et recourant peu au salariat, même si, par ailleurs, elle impacte positivement, mais de manière conjoncturelle, les secteurs du transport et du commerce. Pour l'essentiel, le ralentissement des activités non agricoles concerne le secteur secondaire, notamment les activités minières et de construction. Pour les mines, les exportations de phosphates et dérivés ont baissé de 21,8% (-10 milliards de DH) sur les onze premiers mois de l'année. Quant au BTP, c'est surtout la composante bâtiment qui est la plus affectée par la mauvaise conjoncture. Elle a enregistré des baisses sur trois trimestres consécutifs, et l'évolution des crédits distribués à ce secteur, plus précisément les crédits aux promoteurs immobiliers, en témoigne (-1,5% depuis décembre 2012). Le secteur industriel, lui aussi, n'est pas épargné par la morosité ambiante. Certaines filières, comme l'agroalimentaire, s'en sortent mieux. C'est d'ailleurs grâce à l'agroalimentaire (+3,2% au troisième trimestre) que le secteur industriel, dans son ensemble, a pu réaliser une hausse de 1,2% de sa valeur ajoutée au troisième trimestre. Sinon, le textile et cuir ainsi que les matériaux de construction étaient tout simplement en baisse. Là encore, la baisse des crédits bancaires à l'équipement (-0,5% depuis décembre 2012) apparaît comme un témoignage de l'atonie de l'activité industrielle. Dans le secteur tertiaire, en revanche, le tourisme se redresse : +4% de sa valeur ajoutée au troisième trimestre. Les recettes de voyages, elles, stagnent à 53,4 milliards de DH sur les onze premiers mois de l'année, ce qui n'est pas si mal que cela compte tenu de la persistance de la crise chez les principaux pays émetteurs. Sans doute, est-ce en raison, entre autres, de ces évolutions, en particulier la performance du secteur agricole, que le chômage a reculé de 0,3 point, à 9,1% au troisième trimestre de l'année. Il est significatif à cet égard que le gros des emplois nets créés (105000 sur 139000) ont été des emplois non rémunérés, localisés principalement en milieu rural. Les gains de l'indexation perdus avec la baisse de l'IS Cela étant, la «traduction financière», si l'on peut dire, de l'évolution des activités laisse, quant à elle, à désirer. En d'autres termes, le bon chiffre (4,8%) de la croissance qui se dessine ne semble pas, pour l'heure, impacter le comportement aussi bien des finances publiques que des finances extérieures. Malgré la mise en place le 16 septembre dernier de l'indexation partielle des produits pétroliers liquides, le déficit du Budget sur les dix premiers mois de l'année, tel qu'il ressort des statistiques de la Trésorerie générale du Royaume (TGR), reste encore élevé: 50,3 milliards de DH. C'est que les recettes fiscales ne sont pas au rendez-vous (-1,9%); et ceci traduit précisément le ralentissement des activités hors agricoles, donc la profitabilité des entreprises qui y opèrent, puisque c'est l'IS qui a le plus baissé (-10,3% ou -3,6 milliards de DH). Dans ces conditions, la prévision du gouvernement d'un déficit budgétaire, même revue à la hausse (5,5% au lieu de 4,9% initialement prévu), sous réserve des évolutions au cours des deux derniers mois de 2013, risque de ne pas se réaliser. D'ailleurs, les données sur la dette, dans ses deux compartiments interne et externe, illustrent la tendance du déficit budgétaire: +12,6% pour la dette intérieure et +4,6% pour la dette extérieure sur les neuf premiers mois de l'année, selon la direction du Trésor et des finances extérieures. Ainsi, la dette totale du Trésor a augmenté de 10,6% sur la période, à 543,7 milliards de DH. Sur le front extérieur, il y a, depuis le début de l'année, une amélioration du solde commercial, consécutivement à la baisse des importations. Cette baisse est à la fois le résultat de la chute des prix de l'énergie, de la baisse des importations des produits agricoles (comme les céréales) en lien avec les bons résultats de ce secteur et, probablement de manière marginale, de la mise en place des mesures de défense commerciale. Néanmoins, cela ne semble pas se traduire par une amélioration de la capacité de financement de l'économie. Le déficit courant reste élevé, même si, au moins sur la première moitié de l'année, il a baissé par rapport à son niveau de 2012. Au total, la situation financière, au-delà des évolutions affectant les activités économiques, semble constituer aujourd'hui le talon d'Achille de l'économie marocaine.