Après des baisses historiques, à deux chiffres, durant les premiers mois de l'année, les ventes de carburant ont progressé de 7% en août par rapport au même mois de l'année dernière. Seules les ventes d'essence sont en repli par rapport à l'année dernière. Dans l'Oriental, le prix du gasoil de contrebande s'est presque aligné sur celui des stations service. Les pétroliers marocains retrouvent le sourire, et la récente hausse des prix à la pompe n'y est pour rien. Les ventes de carburants ont retrouvé un rythme ascendant ces derniers mois, après que le premier tiers de l'année en cours a été marqué par une baisse historique. D'après les statistiques du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), que La Vie éco a pu se procurer en avant-première, les ventes cumulées de super (essence), gasoil, fuel et du carburant d'aviation sont en hausse de 6,7% à fin août comparativement à la même période de l'année écoulée. A fin avril, elles étaient en recul de deux chiffres, du jamais vu depuis des années. C'est dire le revirement de tendance brusque enregistré en cours d'exercice. Seules les ventes de super sont restées dans le rouge: -5,9% à fin août. Cette contre-performance est toutefois nettement moins importante que le -11,4% enregistré à fin avril. Parmi les autres produits, le fuel se distingue particulièrement en enregistrant une hausse de 39,4% des ventes à plus d'un million de tonnes. Cependant, et bien que son évolution se limite à 1,6%, c'est principalement le gasoil qui explique en grande partie le retournement de tendance. Et pour cause, avec un volume représentant près des deux tiers du volume commercialisé du secteur, la baisse de 9,2% de ses ventes au terme du premier trimestre, puis de 6,5% à fin avril, avait lourdement pesé sur les performances globales du secteur. Depuis, la situation s'est petit à petit améliorée et la demande a retrouvé un rythme positif à partir du mois d'août. Près de 2 millions de litres saisis Selon les professionnels du secteur, ce regain d'intérêt pour le gasoil s'explique principalement par deux raisons. La première concerne une légère reprise enregistrée au niveau des activités du transport alors que la première moitié de l'année a été marquée par une sous-activité notable, témoignant de la morosité de la conjoncture économique. La deuxième raison, et certainement la plus importante, est le tour de vis effectué autour de la contrebande, particulièrement dans la région de l'Oriental. Les villes marocaines de l'Oriental ont ainsi été touchées, selon plusieurs sources, par une pénurie de carburant de contrebande. Les prix de vente de ce carburant auraient même doublé durant cette période, passant de 150 DH le baril de 30 litres à plus de 300 DH. Rapporté au litre, ce niveau des prix est proche de celui appliqué dans les stations service, ce qui rend moins attractif le carburant de contrebande. Cette situation s'est traduite, selon des professionnels du secteur, par un véritable rush sur les stations service des villes comme Oujda en août. Il reste maintenant juste à savoir si cette tendance va durer. Il semble que la hausse des prix à la pompe, si elle devait se poursuivre lors de la prochaine révision prévue le 2 octobre prochain, permettrait au carburant de contrebande de retrouver progressivement son attractivité. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que pour lutter contre ce phénomène, il est clair que la douane, avec la collaboration des autres services, ne peut y arriver à elle seule. Bien que les services concernés aient fait preuve d'une rigueur sans précédent cette année (près de 2 millions de litres saisies jusque-là, soit quasiment le double des saisies de l'année 2012), les résultats de la lutte contre la contrebande ces derniers mois prouvent que sans une implication effective de toutes les parties concernées (autorités, professionnels…), il sera difficile de juguler le phénomène.