Baisse de l'encours de crédits de 7% pour BMCI et de 1% pour Société Générale et stagnation des financements du CIH et du Crédit Agricole du Maroc sur le premier semestre. Attijariwafa bank force sur les dépôts et rattrape progressivement Banque Populaire. Les trois premières banques locales contrôlent 65% des crédits et 69% des dépôts. Si l'on a l'impression que les banques ont eu tendance à restreindre leurs financements depuis le début de l'année, la seule donnée disponible pour conforter cela reste l'évolution des crédits à l'économie au niveau de tout le secteur bancaire. Dressée par Bank Al-Maghrib, celle-ci fait ressortir une hausse modérée des financements à l'économie de 1,5% sur le premier semestre à 730 milliards de DH. Au-delà de ce chiffre, l'analyse des données de chacune des 8 grandes banques commerciales, centralisées et gardées jalousement par le Groupement professionnel des banques au Maroc (GPBM), fait ressortir que depuis le début de l'année certains établissements ont levé le pied plus que d'autres sur l'octroi de financements. Toutes les banques ont eu tendance à réduire la voilure, mais les établissements à capitaux français, à l'exception du Crédit du Maroc, ont carrément vu l'encours global de leurs crédits décroître sur les 6 premiers mois de l'année. En première ligne, la BMCI a connu une baisse de 7% de tous ses crédits, à 47,8 milliards de DH. Crédit à la consommation, à l'investissement, à la promotion immobilière… la filiale de Bnp Paribas a eu tendance à réduire son exposition un peu partout avec un désengagement particulier sur les crédits de trésorerie. Sur ce type de concours elle a baissé de près de 19% depuis le début de l'année, à 14,3 milliards de DH ! Ce recul est à lier à la dégradation des bilans d'entreprises en 2012, ces derniers servant de base d'appréciation aux banques pour accorder leurs financements à l'exploitation. Les crédits de trésorerie suscitent également la prudence de Société Générale qui s'est allégée de près de 10% sur ces financements, à 14,5 milliards de DH. Cet établissement a vu son encours global de crédits baisser de 1%, à 61 milliards de DH. Un peu moins restrictifs que les banques à capitaux français, les autres établissements marocains, notamment le Crédit Agricole du Maroc (CAM) et le CIH, se contentent d'une quasi-stagnation de leurs encours qui atteignent respectivement près de 56 milliards de DH et 30 milliards de DH. BMCE Bank moins restrictive sur les crédits de trésorerie que les autres acteurs En étant mesurées sur l'octroi des crédits, les petites banques et celles à capitaux français ont laissé le champ libre aux trois plus grandes banques (Attijariwafa bank, Banque Populaire et BMCE Bank) qui ont maintenu leurs efforts en matière de financements quoique les croissances d'encours qu'elles réalisent restent plus modestes que les rythmes affichés sur les dernières années. Ainsi, Attijariwafa bank réussit à hisser son encours de crédits de 2,9% depuis le début de l'année à 193 milliards de DH, préservant son leadership en matière de financements. Sur la période, la banque s'est montrée agressive sur toutes les catégories de crédit avec un effort particulier sur le secteur de l'immobilier sur lequel elle renforce ses financements de 6,5%. En challenger, la Banque Populaire fait croître ses crédits à l'économie de 3,1% sur les 6 premiers mois de l'année à 179,1 milliards de DH. Pour sa part, BMCE Bank enregistre une croissance de son encours de près de 1%, à 107 milliards de DH. A préciser que la banque prend à contre-pied tout le secteur bancaire en se renforçant de manière relativement notable sur les crédits de trésorerie de 5,5%. Naturellement, la répartition du marché entre les acteurs a connu quelques changements notables. Ainsi, Attijariwafa bank et Banque Populaire grappillent chacune un demi-point de part de marché sur les crédits depuis le début de l'année pour arriver 26,5% et 24,5%. Cette croissance s'est faite surtout au détriment de BMCI qui a perdu 0,6 point de part de marché pour un poids actuel de 6,5% dans les crédits. Société Générale, Crédit Agricole du Maroc, Crédit du Maroc et CIH connaissent, elles, des variations minimes, surtout à la baisse, avec des parts établies actuellement à 8,3%, 7,7%, 5,3% et 4,1%. BMCE Bank, enfin, maintient sa part inchangée à 14,6%. Ce faisant, les trois banques de tête contrôlent actuellement plus de 65% de tous les crédits à l'économie. Sur les dépôts aussi, les parts de marché sont reconfigurées, surtout qu'avec une croissance limitée de 2% depuis le début de l'année, à 675 milliards de DH, la concurrence est rude. Attijariwafa bank réussit la percée la plus notable du semestre en se renforçant d'un demi point de part de marché, à 27,6%. La banque doit cette prouesse à une montée marquée des dépôts des entreprises de 11,35%. Notons toutefois que la banque rémunère 32,4% de ce type de dépôts alors que la moyenne du secteur se situe autour de 29%. La filiale de SNI rattrape progressivement la Banque Populaire qui reste leader sur les dépôts avec une part de marché de 27,6%, pourtant en recul d'un quart de point depuis le début de l'année. Cette légère déconvenue est à lier à la baisse de 4,6% des dépôts entreprises. Cette régression a néanmoins été compensée en partie par une hausse de 4% des dépôts des particuliers. BMCE Bank, BMCI et Société Générale cèdent également du terrain sur les dépôts avec 0,22, 0,25 et 0,11 point perdus sur leurs parts établies à 14,7%, 6,3% et 7,6% respectivement. Avec tout cela, comme pour les crédits, les trois plus grandes banques gardent leur mainmise sur les dépôts avec une part de marché de 69%.
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