L'objectif est de pallier le manque de foncier dans les grandes villes. La direction de l'urbanisme est favorable à la requête des promoteurs. Ils veulent aussi proposer des logements de 80 m2 à 480 000 DH. C'est mercredi 19 septembre que les promoteurs immobiliers rassemblés sous la bannière de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) devraient rencontrer des membres du gouvernement pour présenter leurs propositions dans le cadre de la Loi de finances 2013. Soucieux de ne dévoiler leurs cartes qu'une fois autour de la table des négociations, les professionnels n'ont pas du tout communiqué jusqu'à présent sur leurs revendications. La Vie éco a pu néanmoins en avoir la teneur en exclusivité. C'est une première, la FNPI propose une mesure urbanistique : libérer la verticalité dans les grandes villes. Concrètement, les promoteurs suggèrent que les plans d'aménagement généralisent la possibilité de construire sur des hauteurs importantes dans ces agglomérations. «Dans une ville comme Casablanca, le R+10 doit devenir la norme. Aujourd'hui rien n'empêche cela d'un point de vue technique», illustre-t-on auprès de la fédération. Avec les pics qu'atteignent actuellement les prix des terrains, cette voie est la plus indiquée pour mieux répartir l'incidence foncière sur les programmes construits et proposer, in fine, des logements à un prix plus abordable, selon l'argumentaire des professionnels. Cette proposition a des chances de connaître une suite favorable, sachant que la direction de l'urbanisme devrait abonder dans le même sens. Celle-ci envisage de mettre en place des documents d'urbanisme n'obéissant pas à des modèles d'occupation classique du sol (zone villa, zone logement économique…) ni aux contraintes de hauteur. De la sorte, les professionnels auront la possibilité de proposer des aménagements plus libres à condition de respecter les contraintes de densités de population prévues pour chaque zone. Cette nouvelle possibilité devrait être mise en place à moyen terme, dès que la direction de l'urbanisme aura finalisé ses diagnostics. La qualité des logements sera améliorée L'autre proposition phare des promoteurs consiste en l'introduction d'un dispositif incitatif pour le logement pour la classe moyenne. De quoi s'agit-il au juste ? Tout simplement de logements dont la superficie peut aller jusqu'à 80 mètres carrés (offre largement adaptée à la famille urbaine qui compte aujourd'hui 4 membres) à un prix de 480 000 DH, soit 6 000 DH le mètre carré. Pour y arriver, la FNPI propose que l'Etat prenne en charge la TVA de 20% appliquée sur le prix de vente ; le tarif de 6 000 DH est en effet hors taxe. L'idée est calquée sur le dispositif pour le logement social mais le prix de ce dernier type d'unités (autour de 5 000 DH le mètre carré) reste 20% moins cher que les futurs logements pour la classe moyenne. Ce surcoût devrait être employé à rehausser le niveau des prestations (fournitures, sanitaires, espaces communs…), selon les professionnels, car le propos n'est pas juste de proposer des logements sociaux de plus grande superficie, précisent-ils. Au même prix de 6 000 DH le mètre carré, la FNPI propose d'introduire des logements dont la superficie démarre à 35 mètres carrés (soit 210 000 DH en tout) adaptés aux jeunes débutant leur vie active. La contribution de l'Etat sera au moins de 96 000 DH par logement dédié à la classe moyenne Tout ce dispositif a de bonnes chances d'être introduit dans la prochaine Loi de finances. En effet, les promoteurs l'avaient proposé depuis l'année dernière. Il avait été reçu favorablement par le gouvernement mais son adoption a été finalement reportée. Depuis, Nabil Benabdellah, le ministre de l'habitat et de la politique de la ville, n'a cessé de réitérer sa volonté de mettre en place des incitations pour le logement de la classe moyenne. Mais en dépit de tout cela, il peut y avoir quelques problèmes. Dans le dispositif proposé, la subvention déboursée par l'Etat peut atteindre 96 000 DH par logement sans compter l'exonération d'impôts demandée par les promoteurs pour la construction des futurs logements pour la classe moyenne. Et cela peut avoir du mal à passer pour un secteur qui a déjà la réputation de bénéficier généreusement d'incitations fiscales à fortiori dans le présent contexte tendu des finances publiques. Pour convaincre les pouvoirs publics, la FNPI défend l'idée que le produit proposé devrait répondre à 35% de la demande exprimée sur le marché de l'immobilier correspondant aux besoins de la classe moyenne. En outre, les promoteurs avancent le dispositif proposé comme seul levier à même de sortir le secteur de l'immobilier de sa torpeur mais pas seulement. Selon les professionnels, ce sont 250 métiers en tout qui devraient profiter de l'effet d'entraînement. Il s'agit en fait d'une donnée figurant dans une étude sur les retombées pour l'économie des incitations fiscales accordées au secteur de l'immobilier que la FNPI compte présenter lors des négociations avec les pouvoirs publics pour faire pencher la balance en sa faveur.