Le gouvernement Benkirane a intégré dans sa feuille de route des produits adaptés aux jeunes et à la classe moyenne. Il s'agira de produire des logements à 800 000 DH maximum et élargissant le dispositif actuel des incitations fiscales. Avant-propos des mesures envisageables. Les revendications des professionnels de l'immobilier ne sont pas restées lettre morte. Le gouvernement Benkirane a bel et bien intégré dans sa feuille de route une ancienne doléance des professionnels et qui concerne le développement de nouvelles offres et produits destinés aux jeunes et à la classe moyenne. Benkirane propose des logements à 800.000 DH en faveur de cette classe, alors que tout le monde s'attendait à des offres ne dépassant pas les 450.000 DH. Si Mohamed Koutbi, délégué général de la FNPI (Fédération nationale des promoteurs immobiliers), se réjouit de cette préoccupation auprès de la classe moyenne, il s'abstient de tout commentaire quant au montant des 800.000 DH. « Il n'y a pas d'autres détails par rapport à cette offre. On doit attendre la loi de finances 2012 et avoir une idée plus claire par rapport à ces mesures. Nous avons adressé des propositions au gouvernement et nous attendons leur feed-back », nous déclare Koutbi. Pour avoir plus de détails, nous avons joint Nabil Benabdallah, ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville. «Il ne faut pas oublier que les 800.000 dirhams représentent un seuil à ne pas dépasser. Il y aura des offres moins chères avec plusieurs avantages. Ce qui est important à noter, c'est que le plafond a été relevé et cela aura des effets positifs pour la classe moyenne puisque les prix seront calculés sur la base du mètre carré», nous déclare Benabdallah. Détail des offres Qu'en est-il des autres mesures envisageables pour promouvoir l'offre pour cette classe ? Voici un avant-propos de mesures concrètes. « Il s'agira d'adapter le dispositif actuel du logement social de 2010 à la demande des jeunes et à la classe moyenne par le changement du minimum 50 mètres carrés », nous confie le ministre de l'habitat. Exemple : Il y aurait une offre pour les jeunes et les étudiants sous forme de studio d'une superficie de 25 m2 et qui sera de l'ordre de 125 000 dirhams et le logement pour la classe moyenne sera compris entre 80 m2 et 90 m2 pour un montant d'acquisition de 400 000 à 450 000 dirhams mais qui ne devra pas dépasser les 800 000 dirhams. Il y aura également un élargissement du dispositif du logement social à la location, aujourd'hui exclusivement axé sur la propriété. Ce qui développera d'une façon considérable le segment de la location. Dans le pipe aussi, un réajustement du dispositif du logement à 140 000 dirhams en soumettant les conditions de vente aux personnes ayant un revenu 2 Smig au lieu de 1,5 Smig et en se conformant aux prescriptions des documents urbanistiques en ce qui concerne la hauteur, au lieu de se limiter à une hauteur de R+3 tel que prévu aujourd'hui dans les dispositions de ce produit. De ce fait, il sera appliqué un prix de vente du logement ne dépassant pas 140 000 dirhams sans pour autant se restreindre à une valeur immobilière totale du logement à 140 000 dirhams tel que cité dans le texte définissant ce segment.Pour revenir à la classe moyenne, le développement d'une offre adaptée à cette classe sera renforcé par une ristourne sur taux de prêts pour logement de la classe moyenne ainsi qu'une utilisation de souplesse urbanistique pour ce type de produits. Les opérateurs conventionnés avec l'Etat, quant à eux, s'engageront a réaliser 1 000 logements chacun en 5 ans. Aucune charge supplémentaire pour l'Etat Cependant, quelle sera la charge supportée par l'Etat en termes d'incitations et d'exonérations fiscales pour ce type de produits ? Aucune. Puisqu'il s'agira tout simplement d'adapter une offre déjà existante à une forte demande et les exonérations resteront les mêmes. Si on prend l'exemple d'un logement d'un programme 5 000 logements, répartis entre 2 500 logements à 35 m2 (studios pour les jeunes) et 2 500 logements de 70 m2 (pour la classe moyenne), l'Etat accordera des aides frontales de TVA de 42 000 dirhams à la première catégorie et 84 000 dirhams pour la deuxième. Le montant total représentera des dépenses de 200 millions de dirhams. Ce même montant est identique aux aides octroyées par l'Etat dans le cadre d'un programme de 5 000 logements à 250 000 dirhams. Donc, tout le monde y trouvera son compte. L'Etat résorbera un déficit en termes de logements adaptés à la classe moyenne. Cette dernière trouvera enfin un produit qui va de pair avec ses revenus et la machine économique du pays sera plus dynamisée grâce aux chantiers qui seront lancés. 450 000 DH, pas plus ! C'est sur la base de l'enquête du HCP sur la classe moyenne que les différents scénaris ont été proposés par les professionnels. Un ménage qui gagne 6 734 dirhams par mois dispose d'une capacité d'endettement légale de 45%, soit une mensualité de 3 030 dirhams. Si cette échéance dure pendant 25 ans sur la base d'un taux d'intérêt fixe de 5,3% HT (garanti par le fonds Damane Assakane), le ménage en question ne peut pas accéder à un logement d'une valeur dépassant les 480 000 dirhams. D'où cette offre de 450 000 dirhams brandie par les professionnels. Par rapport aux 800 000 dirhams qui sont jugés chers, Benabdellah reste prudent. « Vous savez dans un ménage, il faut prendre en compte la capacité d'endettement du couple (le mari et la femme) et soyez-en sûrs, elle dépasse largement ce montant. De plus, les ménages d'aujourd'hui ont pour la plupart des économies de côté », commente Benabdellah.