Projeté dans la section 11e Continent du Festival International du Film de Marrakech (FIFM), « Rising Up at Night » de Nelson Makengo dresse un portrait bouleversant de Kinshasa plongée dans l'obscurité. Rencontre. Suivez La Vie éco sur Telegram Dans Rising Up at Night, le réalisateur congolais Nelson Makengo livre un portrait saisissant de Kinshasa plongée dans l'obscurité, reflet d'une réalité quotidienne marquée par des coupures d'électricité récurrentes. Tandis que le Congo se prépare à inaugurer la plus grande centrale électrique d'Afrique, les habitant.e.s de la capitale s'organisent, improvisent, et résistent face à une absence de lumière qui dépasse la simple privation matérielle pour devenir une entrave à la dignité humaine. « Une maison sans électricité est une maison malheureuse », affirme-t-on dès les premières minutes. Pourtant, la lumière, fragile et éphémère, persiste. Dans cette nuit omniprésente, Makengo capte la lutte quotidienne pour l'éclairage : lampes torches fixées au crâne, guirlandes lumineuses accrochées aux murs, bougies vacillantes, ou encore l'éclat des feux d'artifice illuminant brièvement le ciel. Le film dépeint une quête presque divine de lumière, incarnée dans les moments de solidarité et de fête, comme pour repousser les ombres envahissantes. L'obscurité, omniprésente, devient ici un personnage à part entière. À travers des scènes tournées à contre-jour ou des plans volontairement plongés dans le noir, le réalisateur fait de l'absence de lumière un puissant vecteur narratif. Mais il ne s'arrête pas là : la lumière elle-même, dans toutes ses formes, devient un symbole de vie et d'espoir. Ces éclats de clarté, qu'ils surgissent d'un marché improvisé ou des étoiles au petit matin, rappellent l'ingéniosité et la résilience des habitant.e.s. Rising Up at Night est aussi un film politique, bien que son discours reste implicite. Les panoramas de Kinshasa, entre chaos et beauté, inscrivent les luttes individuelles dans une réalité collective. Chaque plan évoque une ville à la fois écrasée par les défis structurels et transcendée par l'énergie vitale de ses habitant.e.s. Si la répétition de certaines scènes peut laisser une impression d'aridité, elle reflète le poids de la survie dans un quotidien figé entre inondations et pénombre. À travers cette immersion nocturne, Rising Up at Night raconte bien plus qu'une ville dans le noir : il capte l'âme d'une communauté debout, malgré tout.