Rachat de la Société Générale Maroc, circulation du cash, mécanisme de défaisance... les détails du conseil de Bank Al-Maghrib. Suivez La Vie éco sur Telegram Comme prévu par le marché, le conseil de Bank Al-Maghrib a maintenu le taux directeur inchangé, à 3%, lors de la tenue de sa première réunion cette année. La banque centrale a revu à la baisse ses prévisions d'inflation à 2,2% cette année, au lieu de 2,4% comme anticipé lors du conseil de décembre dernier et à 2,4% en 2025. Elle serait tirée notamment par les prix alimentaires à prix volatils qui devraient connaitre une nette décélération à 1,8% contre 18,8% l'année précédente. En revanche, les prix des carburants devraient s'accroître de 5% en 2024 tenant compte de l'évolution des prix du pétrole à l'international. Pour sa part, la croissance économique aurait été proche de 3% en 2023 et devrait se limiter à 2,1% en 2024 au lieu de 3,2% anticipé précédemment. Elle serait impactée par la forte baisse de la superficie emblavée des céréales qui se serait située autour de 2,5 millions d'hectares contre près de 3,7 millions une année auparavant. De même, la situation du couvert végétal est inférieure de 19% par rapport à la campagne précédente et de 12,3% comparativement à la moyenne des cinq dernières années. Ainsi, BAM prévoit une production céréalière avoisinant 25 millions de quintaux contre 55,1 millions une année auparavant, sachant qu'elle tourne pendant une année normative autour de 70 millions. MHE-SGMA, Jouahri s'exprime Bien avant la circulation de l'information du rachat de la filiale marocaine du groupe bancaire français Société Générale par Moulay Hafid Elalamy, le gouverneur a reçu le CEO de la SG. « Il m'a expliqué les contraintes prudentielles qui pèsent sur le groupe en Afrique », raconte Jouahri, sous-entendant son intention de se retirer du Maroc, comme il l'avait fait pour ses autres filiales africaines. « Je lui ai expliqué les démarches à suivre, la nécessité de l'obtention d'un nouvel agrément bancaire, si la banque centrale estime, après étude minutieuse du dossier, que cette acquisition est bénéfique tant pour la banque que pour le pays ». Défaisance, un mécanisme à lancer fin 2024 Abdellatif Jouahri est revenu, pendant ce conseil, sur le marché secondaire des créances en souffrance. «Nous avons tenu une réunion récemment avec toutes les parties prenantes (banques, sociétés de financement, ministères de la Justice, du Commerce, des Finances...), pour prendre les remarques des uns et des autres », assure le gouverneur de BAM. La DGI est également dans le tour de table et la SFI joue, de son côté, un rôle important en matière d'assistance. Il reste encore quelques points à finaliser, comme celui des provisions. Cela dit, Jouahri espère faire aboutir ce chantier d'ici à la fin de cette année. Taux de change flottant, le système toujours pas prêt Le passage à une 2e étape de la libéralisation du taux de change n'est vraisemblablement pas à l'ordre du jour. Bien que le FMI soit revenu cette année sur le sujet, en précisant que l'orientation actuelle de la politique monétaire est appropriée et que la pause du resserrement monétaire est justifiée, Jouahri estime que le tissu marocain n'est toujours pas prêt. «Il ne s'agit pas des grandes entreprises, mais des TPME, des micro-entreprises, des entreprises individuelles... », précise Jouahri. La formation des opérateurs est fondamentale pour ne pas rater le virage. D'autant que ce ciblage d'inflation implique certes un désencrage du panier de devises, mais BAM continuera à surveiller le marché interbancaire des devises et à intervenir si besoin est. Cash, la situation préoccupante La circulation fiduciaire préoccupe le gouverneur de Bank Al-Maghrib. Autant, à la période pré-crise pandémique, les hausses étaient à un niveau acceptable de l'ordre de 6 à 7%, autant le rythme est resté soutenu depuis 2020, avec des progressions de 11%. Rapporté au PIB, le cash représente près de 40%. «C'est le rapport le plus élevé de par le monde. En Egypte par exemple, le taux est à 18% seulement », compare Jouahri. Il ajoute que les équipes de la banque mènent toujours une mission de recherche et d'analyse des facteurs de hausse. L'orientation est incontestablement vers le digital, mais encore faut-il que les réticences s'amenuisent et que les opérateurs jouent le jeu. «Nous allons vers cette direction doucement. L'Inde a réussi le pari… pourquoi pas nous ?»