L'irrégularité de l'approvisionnement, la concurrence du marché de bouche et des pays étrangers font pression sur les industriels du jus d'agrumes. Sur une production moyenne de 2 millions de tonnes, 50.000 tonnes seulement sont écrasées. Chaque année, les industriels sont contraints d'importer 70.000 à 80.000 T de concentré de jus. Les mesures de soutien au secteur s'imposent... Suivez La Vie éco sur Telegram Les réunions se multiplient entre l'Association marocaine de l'industrie de transformation des agrumes (AMITAG) et le ministère de l'Agriculture pour examiner les modalités pratiques de la mise en œuvre de la prime de transformation dont devraient bénéficier les transformateurs de cette année. Pour rappel, cette mesure permettrait de garantir un approvisionnement minimum des unités d'écrasement. Faisant l'objet d'un accord interprofessionnel, la mise en place de cette prime vise, explique Khalid El Alj, président de l'AMITAG, «l'accompagnement des unités d'écrasement à sortir de la crise actuelle qui est essentiellement due à la faiblesse de la production en raison des années de sécheresse que nous avons connues. Elle devrait aussi permettre aux industriels transformateurs de se positionner face à la concurrence étrangère, notamment de l'Egypte». L'Etat s'engage aussi, dans le contrat-programme signé en 2023 lors du Salon de l'agriculture, à maintenir les incitations à l'investissement pour soutenir l'installation, la mise à niveau et l'équipement des unités de transformation des agrumes, mais également d'appuyer la compétitivité de la transformation en faveur de ceux pour qui les temps sont durs. «Nous sommes au creux de la vague, car nous avons peu de matières premières. L'an dernier, nous avons écrasé 50.000 tonnes. Pour cette année, on annonce 100.000 tonnes, mais cette prévision reste peu probable, tenant en compte le niveau de production et la concurrence du marché de bouche», précise Khalid El Alj. Il importe de souligner que les unités d'écrasement achètent les écarts de triage, c'est-à-dire tous les fruits qui ne remplissent pas les normes exigées à l'export, notamment le calibre et la couleur. Ces agrumes sont alors destinés au marché local et à la transformation. Or, actuellement, le prix offert sur le marché de bouche est élevé et attire les producteurs d'agrumes. Par exemple, note le président de l'AMITAG, «le prix de la clémentine se situe à deux dirhams le kilogramme et est trop cher pour les transformateurs. En ce qui concerne l'orange, on ne sait pas encore à quel niveau vont se situer les prix pour cette campagne. L'arrachage des arbres aura un impact certain sur la production». Trois unités d'écrasement et une capacité de 250.000 tonnes Le Maroc, pourtant gros producteur d'agrumes, n'arrive pas à satisfaire les besoins de ses industriels du jus. En effet, les trois unités d'écrasement, à savoir Moroccan Food Processing, Agro Juice Processing et Copag, ont une capacité globale de 250.000 tonnes de concentré de jus, et en moyenne ce sont 50.000 tonnes qui sont écrasées annuellement. Le secteur est alors contraint d'importer du concentré. Selon les professionnels, pour 100.000 tonnes d'agrumes exportées, le pays importe 70.000 à 80.000 tonnes de concentré. L'approvisionnement des industriels du jus est une problématique récurrente en raison de la concurrence du marché de bouche qui est plus rémunérateur. Celui-ci est, pour les producteurs, une bonne opportunité leur permettant de maximiser leurs revenus. Sans compter que, contrairement aux industriels, les commerçants payent au comptant, alors que les industriels négocient les prix et obtiennent des délais de paiement plus ou moins longs. Et outre, le niveau de prix sur ce débouché, la demande locale, soulignent les producteurs, s'est élargie à des variétés normalement destinées à la transformation (Maroc Late, la sanguine et la salustiana). Alors qu'auparavant, elle portait essentiellement sur la variété de la navel. Ce qui rend davantage difficile et problématique l'approvisionnement des industriels. Ces derniers risquent de ne plus produire de concentré d'oranges car en importer revient moins cher. D'autant plus que la consommation des jus est à peine de 5 litres par habitant et par an. Pour éviter un tel scénario, les mesures du contrat-programme, rappelons-le, devraient permettre l'amélioration du taux de transformation pour atteindre, à l'horizon 2030, 10% de la production contre les 2% actuels. Ce qui passe par une amélioration de la production pour atteindre 340.000 tonnes.