Akhannouch s'entretient à Paris avec le Premier ministre français    Reprise des vols entre le Maroc et Israël après le Ramadan    Revue de presse de ce samedi 22 février 2025    Le président français "très heureux et très fier" d'accueillir le Maroc comme invité d'honneur au Salon de l'Agriculture de Paris    La Chine enregistre un record d'émission de certificats d'électricité verte en janvier    A l'approche du mois de Ramadan, le prix de la tomate en hausse    L'Algérie reprend secrètement ses livraisons de pétrole brut à Cuba    Botola : Les résultats et le programme de la 22e journée    Botola: Le Wydad Casablanca tenu en échec par le COD Meknès    Tanger Med: Mise en échec d'une tentative de trafic de 1.852 unités de pétards et de feux d'artifice    Le Festival International du Film de Dublin 2025 rend hommage au cinéma marocain    4è Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière : l'édition la plus productive selon Jean Todt    Hommage au cinéma marocain au Festival International du Film de Dublin    Change : le dirham s'apprécie de 0,3% face au dollar    Diplomatie parlementaire: Ould Errachid coprésident du Forum Maroc-FOPREL    Alain Juillet : "Le Maroc a toujours été en pointe dans la lutte contre le terrorisme islamiste"    Honduras : Ould Errachid se voit confier la coprésidence du Forum économique parlementaire Maroc-Foprel    Evaluation du programme de développement régional : l'intriguant contrat de 3,76 millions de dirhams d'Abdellatif Maâzouz    Qualifs. Afrobasket 25: Mission trop difficile pour les Lions face aux Panthères, ce soir, à la salle Ibn Yassine !    Ligue des champions UEFA : pour le prestige… et le chèque    Casablanca : ouverture du 13e congrès national de l'UMT avec une présence internationale    Salma Benaziz à la tête du Forum des présidents des Commissions des AE des parlements africains    La météo pour ce samedi 22 février    Fraude aux visas : Un réseau de piratage informatique démantelé    Mortalité routière. L'Afrique déplore le plus de victimes au monde    Enseignement supérieur : pourquoi les réformes pèsent-elles sur les épaules des enseignants ?    Système de santé, AMO... Encore du chemin à parcourir ! [INTEGRAL]    Cinéma : pour saluer Souleymane Cissé    Cinéma : dans "Mercato", Jamel Debbouze ne rigole pas    Les Pays-Bas vont restituer 119 bronzes du Bénin au Nigéria    Oujda : Lancement du projet d'aménagement de la forêt urbaine de Sidi Maafa    MEF : hausse de 24,6% des recettes fiscales à fin janvier    Ligue Europa :Youssef En-Nesyri contribue à la qualification de Fenerbahçe    Disponibilité du poisson au Maroc : 35% des Marocains estiment qu'il est moins disponible    RDC : le HCR demande 40 millions de dollars pour aider les civils fuyant les violences    Théâtre Mohammed V : Les artistes marocains du monde à l'honneur    Violation des sanctions américaines : une cargaison secrète de pétrole algérien arrive à Cuba    Un Marocain soupçonné du meurtre de sa conjointe transgenre en Thaïlande arrêté en Turquie    Le roi Charles III décore une infirmière britannique pour ses efforts en faveur des victimes du séisme survenu au Maroc    Clôture du 15e édition de l'exercice multinational Cutlass Express : participation exemplaire du Maroc    Xi Jinping appelle à un développement sain et de qualité du secteur privé    France 24 dénonce l'implication de l'Algérie dans la désinformation médiatique contre le Maroc    Qualifs. Afrobasket 25 : L'équipe nationale s'incline en ouverture    La signature marocaine, référence internationale de la légitimité de la diversité et de l'altérité (André Azoulay)    L'Humeur : Quand le CCM se ligue contre les festivals    Botola D1/J22: Le champion '' officieux'' face au premier ''potentiel'' barragiste en ouverture, ce vendredi !    Une cache d'arme découverte dans une zone montagneuse ayant servi de base arrière à la cellule terroriste démantelée mercredi au Maroc    Aicha BELARBI : La féministe de la parité en suspens    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Drogues, alcool…, ces adolescents qui risquent de sombrer à tout moment
Publié dans La Vie éco le 07 - 06 - 2010

Outre qu'il a un goût effréné pour le risque, l'adolescent est la cible de tous les dangers : cigarette, alcool, drogue, violence, extrémisme… La drogue est le risque le plus fréquent.
Il est l'objet de métamorphoses psychologiques et physiologiques si fortes qu'il s'interroge sur son identité et la place qu'il occupe dans la famille.
Souvent, les parents sont désorientés et ne savent pas comment communiquer avec leur enfants.
«Puberté, puberté, que me veux-tu ?…», disait Jules Laforgue, poète français. L'adolescence, âge difficile, celui de tous les risques, et aussi celui où le goût du risque est très fort. Insouciant, ne mesurant pas les conséquences de ses actes, un adolescent peut, pour se faire plaisir, commettre des folies aux conséquences incalculables.
Les exemples ne manquent pas. Ayoub N., 16 ans, lycéen, est un fou de l'automobile. Jamais son père, malgré l'insistance de son fils, ne lui a permis de prendre le volant pour la simple raison qu'il n'a pas encore son permis de conduire. «Il faut patienter, fiston, tu as tout l'avenir devant toi pour conduire une voiture, mais il faut d'abord que tu passes ton permis», n'a cessé de lui répéter le père. «Balivernes, des ringards, les parents, ils ont toujours la trouille», se répète le fils à lui-même. Un jour, il subtilise les clés de la voiture, descend au garage, et le voilà dans la rue à rouler à tombeau ouvert. Il passera prendre son copain Hicham, façon de lui montrer ce dont il est capable. En voiture, les deux comparses dévalent le bitume en poussant des cris de joie. Il faisait nuit. Et bien que notre lycéen savait manier le volant, son manque d'expérience le trahira. Une jeune femme de 30 ans, accompagnée d'un enfant de quatre ans, traverse la chaussée et l'irréparable arrive. Ne sachant comment éviter les deux piétons, l'impertinent ado les fauche. La suite ? Transportés aux urgences dans un état grave, l'enfant succombe à ses blessures tandis que la mère s'en sort paralysée pour plusieurs mois. Malgré son réseau de connaissance, il a fallu au père du jeune lycéen faire appel à une infinité d'amis et distribuer des enveloppes copieuses pour que le protagoniste s'en sorte avec une petite année de prison ferme.
Kamal, 19 ans, étudiant dans une école supérieure privée, commet une maladresse grave. Il est deux heures du matin quand il quitte la boîte de nuit, dans un état d'ébriété avancée. Il prend sa voiture pour rentrer chez lui. Arrêté par un policier pour excès de vitesse, il baisse la vitre, et, au lieu de montrer ses papiers, il tend sa main pour dépouiller l'agent de sa casquette, en coiffer son propre chef et partir en trombe. Le flic eut le temps de noter la plaque d'immatriculation de la voiture du fuyard, lequel rentre chez lui (c'est-à-dire chez ses parents) pour se coucher, la conscience tranquille, comme si de rien n'était. C'est le branle-bas de combat chez la police : deux heures plus tard, la maison de Kamal est encerclée par les forces de l'ordre. Elles entrent jusqu'à sa chambre pour le trouver dans un sommeil profond, la casquette volée posée près de lui sur la table de nuit.
L'ado a une impression d'étrangeté, voire de «dépossession de lui-même»
Folies de jeunesse ? Jeux dangereux d'adolescents inconscients de leurs actes ? Actes extrêmes d'ados en mal de reconnaissance par la famille ou la société ? Toujours est-il que l'adolescence, expliquent sociologues et psychologues, est synonyme de révolte, d'insoumission, de conflit avec les parents et avec les enseignants à l'école. Et pour cause, cet être qui s'apprête à rejoindre le monde des adultes est l'objet de véritables bouleversements qui affectent tout à la fois son apparence physique, sa vie psychique, sociale et affective.
Outre qu'il a un goût de risque effréné, il est la cible de tous les dangers : cigarette, alcool, drogue, prostitution, violence, extrémisme … D'abord ce portrait d'ado brossé par Xavier Pommereau, un éminent spécialiste français de l'adolescence («Ados à fleur de peau», 2006, Albin Michel). L'ado, juge-t-il, a une impression d'étrangeté, voire de «dépossession de lui-même». D'autant, selon lui, que «le processus pubertaire entraîne l'émergence de pulsions et de représentations psychiques» que le jeune a le sentiment de ne pas pouvoir contrôler ni arrêter les modifications de son corps. Privé des repères de l'enfance dont il doit faire le deuil, l'adolescent s'interroge sur son identité et la place qu'il occupe, notamment dans sa famille.
Une quête qui passe fréquemment par la recherche d'expériences nouvelles, une tendance à l'excès (dans les opinions, les sentiments, les réactions aux remarques des proches…) mais aussi un besoin de se confronter aux limites, quitte à «dépasser les bornes»… D'où également souvent un goût du risque qui apparaît comme un moyen pour le jeune de «se mettre à l'épreuve pour se sentir exister». Ce goût du risque, selon Bouchaïb Karoumi, pédopsychiatre, s'explique par le fait que l'adolescent est d'une personnalité impulsive. «Il peut faire des choix et prendre des décisions sans penser aux conséquences. C'est sa façon de tester sa capacité que de se lancer dans des actions à risque, comme conduire une voiture sans permis ou rouler sur sa moto à pleine vitesse…».
Ce comportement a même une explication biologique, poursuit le pédopsychiatre. «Une partie du cerveau de l'enfant, qu'on appelle le cortex préfrontal, n'a pas encore achevé sa maturité, et c'est cette partie qui gère le contrôle de soi et le raisonnement».
Impulsivité, immaturité, inexpérience, mal de vivre, fragilité, ce cocktail conduit l'ado à vouloir tester tout ce qui est socialement prohibé : d'abord le tabac, le plus dangereux et «la première des drogues au Maroc», estime Jallal Taoufik, psychiatre, directeur de l'hôpital Arrazi à Salé et directeur du Centre de recherches sur les toxicomanies. En 2006, l'Enquête nationale sur le tabagisme chez les jeunes de 13 à 15 ans, initiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a montré que 15,5% des jeunes utilisent le tabac sous plusieurs formes (cigarettes, shisha, joints…).
L'OMS révèle que 24,3% des élèves ont commencé à fumer avant l'âge de 10 ans. Des dizaines de milliers de jeunes ne s'arrêtent pas au tabac (drogue licite), ce dernier est le premier pas, rapportent les connaisseurs, mais vont vers d'autres addictions encore plus nocives pour la santé, comme la drogue. Si l'ado est l'objet d'une quête identitaire, cette dernière, soulignent deux psychiatres auteurs d'une étude sur la drogue et les ados, «se déroule parfois dans un climat de heurts dont la prise de risques est l'un des aspects caractéristiques. Certains de ces risques touchent la santé. Et le recours à la consommation de drogues tend à devenir l'un des plus fréquents».
Pour les dealers et autres vendeurs de drogue devant les établissements scolaires, c'est une sinécure de faire écouler leur marchandise. Cannabis, psychotropes, cocaïne, vin et autres liqueurs, que l'on vend désormais «au détail», s'écoulent facilement au vu et au su de tous. Les comprimés psychotropes, appelés karkoubi, font des ravages auprès des jeunes adolescents, notamment dans les quartiers populaires et des crimes horribles sont commis sous leur effet.
Selon les statistiques de l'Observatoire marocain des prisons (OMP), 80% des jeunes sont incacérés pour avoir commis des infractions sous l'effet des psychotropes, sachant que 10% de la population carcérale est constituée de mineurs. Alcool et psychotropes sont classés, dans une enquête effectuée en 2007 par le centre précité dirigé par le Dr Taoufik, en deuxième position (après le tabac) comme les drogues les plus utilisées par les Marocains, et notamment les jeunes.
Les ados à situation particulièrement difficile sont plus exposés que les autres à commettre des excès
Les spécialistes de l'éducation insistent sur le dialogue avec les ados, pour leur éviter autant que faire se peut de tomber dans ces travers, surtout qu'en plus de la métamorphose psychologique et biologique que subissent les ados en général, il y a des facteurs familiaux et sociaux qui encouragent certains parmi eux à sombrer dans l'excès.
L'OMS, dans ce deuxième cas, parle d'«enfants et [d']adolescents confrontés à des situations particulièrement difficiles» à l'instar des enfants et des adolescents de la rue, ceux dont les parents sont divorcés, ou ceux vivant dans des établissements particuliers comme les centres de détention. Sans oublier ces 400 000 ados qui quittent l'école chaque année et qui constituent des proies faciles à tous les risques et tous les vices.
La famille a donc un rôle primordial à jouer dans la «gestion» de la crise d'un adolescent. Or, souvent, dans un monde où l'autorité parentale connaît elle-même une véritable crise, les parents censés établir une communication profitable pour l'ado sont eux-mêmes désorientés. Le Dr Karoumi insiste bien sur le rôle de la cellule familiale et l'explique ainsi : l'adolescent, dit-il, «veut montrer sa différence avec les autres, et notamment à ses parents. Il aspire à une autonomie et il n'aime pas être déçu. Aux parents de gérer cette situation dans un climat de confiance. Ceux qui savent instaurer un climat de dialogue et de concertation avec leurs adolescents s'en sortiront bien et leurs enfants évolueront normalement». Les adolescents, dit ce spécialiste, «ont autant besoin de directives qui les rassurent que de liberté pour se forger». Plus facile à dire qu'à faire, certes, mais il faut toujours essayer (voir entretien).


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.